NANTES (NOVOpress Breizh) – En réaction aux diverses manifestations organisées depuis des mois par les opposants au mariage homosexuel, les responsables des branches « jeunes » des partis politiques – de droite, du centre et de gauche – de Loire-Atlantique viennent de signer conjointement une tribune appelant à cesser ce mouvement. Une « union sacrée » – du jamais vu – qui en dit long sur la panique qui semble avoir gagné ces jeunes carriéristes de l’establishment politique régional face à un mouvement de contestation dont la nature leur échappe. Et qu’ils semblent manifestement incapables de comprendre.
Signée du coordinateur « provisoire » des Jeunes UDI de Loire-Atlantique , du responsable UDB Jeunes-Yaouank, du secrétaire général des Jeunes Centristes Pays de la Loire , de la responsable départementale des Jeunes Radicaux de Loire-Atlantique, de l’animateur fédéral du Mouvement des Jeunes socialistes de Loire-Atlantique, du président des Jeunes Démocrates de Loire-Atlantique, d’un conseiller national UMP – Fédération Loire-Atlantique, du coordinateur départemental des Jeunes communistes de Loire-Atlantique et du coordinateur des Jeunes Ecologistes de Nantes, cette tribune, publiée dans Ouest France (23/04/2013) (image ci-dessus), affirme qu’« en réaction à la radicalisation inacceptable du débat sur le projet de loi “mariage pour tous”,[les signataires] de tous bords s’unissent pour réaffirmer leur attachement aux valeurs républicaines face à cette question qui divise ».
Dressant un tableau quelque peu apocalyptique de la situation – « Nous assistons au regrettable spectacle d’une montée des violences verbales et physiques, qui concourent à instaurer dans notre pays un climat de haine pour notre société et qui creuse encore plus une fracture entre deux France. » – les signataires appellent « à dépasser les idéologies crispantes » (sic). Selon eux, s’« il est essentiel, dans notre démocratie, que les opposants comme les partisans de ce projet se fassent entendre, il est intolérable cependant que le débat soit vicié par des actions violentes, qui décrédibilisent leurs instigateurs, de quelque bord politique qu’ils soient. »
Parler d’« actions violentes » – sinon de la part des forces de police – parait quelque peu surréaliste concernant les manifestants anti-mariage gay de ces derniers mois. Aucun pillage de magasin, aucune voiture brûlée n’a été recensé. Rien à voir, par exemple, avec les faits constatés lors des grandes émeutes ethniques survenues en 2005 ou lors des manifestations contre le CPE en 2006.
« Considérant qu’un vote démocratique interviendra le 26 avril [en réalité la loi a été votée hier, NDLR]prochain, il devient urgent de le respecter et de passer à d’autres sujets », affirment enfin ces jeunes bien-pensants, qui préfèrent occulter les conséquences de cette loi sur la filiation « Que la relation entre hétérosexualité et filiation soit rompue par la loi Taubira, que celle-ci annule de jure le droit de l’enfant d’avoir un lien prioritaire avec son père et sa mère, sur lequel on va désormais faire prévaloir le lien avec le compagnon ou la compagne choisi(e) par le parent biologique, comme le rappelle à juste titre le philosophe Paul Thibaud, ne semble pas déranger outre mesure ces belles consciences si sensibles aux ‘valeurs républicaines’ », remarque un opposant à la loi, qui n’entend pas s’incliner devant ce qu’il estime être une forfaiture.
Il y a semble-t-il assez peu de chance, en effet, que l’appel de ces apprentis apparatchiks soit entendu. Et l’adoption de la loi, intervenue hier après-midi à l’Assemblée nationale, n’y changera rien. « En votant “le mariage pour tous”, la gauche française vient de larguer définitivement le peuple et de sceller officiellement son adhésion au libertarisme et au relativisme culturel, à la mondialisation heureuse et au mercantilisme triomphant », constate Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit constitutionnel à l’université de Rennes 1 (Causeur, 23/04/13). Tous ceux qui sont opposés à cette « réforme de civilisation » (Christiane Taubira), en particulier la jeunesse, risquent donc fort de continuer à manifester. “L’extension du domaine de la lutte” (Polemia) semble plus que jamais à l’ordre du jour. Au grand dam de nos bien-pensants.