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Sortir de l'Euro (archive 2011)

L'Euro, monnaie aux dessins franc-maçonniques, a surtout été pensé par une technocratie française nourrie d'abstractions, qu'elle soit de gauche ou de droite, si ces deux mots ont encore un sens.
L'Europe étant le sens de l'Histoire, la nation un concept ringard pour nostalgiques, toute réalisation qui allait dans un sens européiste ne pouvait être définie que comme bonne.
La monnaie unique a été fanatiquement défendue par des hommes politiques de différents partis comme Balladur, Delors, Giscard, Strauss-Kahn, Bayrou ou Mitterrand... la liste étant trop longue. L'idéologie post-nationale a fait ses ravages.
Sur le plan économique (on en revient toujours aux fondamentaux), à qui rapporte l'Euro ? A pas grand monde, si ce n'est quelques rentiers et financiers et les grands patrons allemands qui profitent de la politique de désinflation compétitive mise en place par le gouvernement allemand. Un euro fort permet pour eux d'externaliser et d'acheter aussi à bas coût.
Hormis cette minorité, il faut reconnaître que l'Euro a eu un effet très nuisible sur l'économie de la France, de l'Italie, et même pour le peuple allemand. Ceci est bien sûr un tabou de le dire et surtout d'insister. L'Euro tient encore pour plusieurs raisons. Il bénéficie de de la tyrannie du statu quo et de la difficulté technique à remettre les monnaies nationales. Revenir aux monnaies nationales reviendrait aussi à dire que les technocrates qui nous gouvernent se sont trompés, eux qui ont toujours considéré qu'ils appartenaient à « ceux qui savent » par opposition au peuple ignare. La construction européenne donne aussi aux dirigeants politiques le sentiment d'avoir quelque chose à faire et de jouer un spectacle aux yeux de l'opinion qui les légitime, même si cela finit par lasser depuis le temps qu'il dure.
Il y a donc un véritable blocage psychologique lorsqu'on aborde la question de l'Euro de reconnaître que les «élites» ont inventé une usine à gaz qui a asphyxié les économies de la France et de l'Italie et qui continue à détruire leur industrie. Ce n'est pas du populisme, terme méprisant venant de la classe politique, de dire cela. Cela se compte en chômage, drames humains, délocalisations, croissance atone... L'Euro a été le symbole de l'Europe néo-libérale qui aussi s'est effondrée avec la crise, ce néo-libéralisme ayant été voté par le traité de Maastricht.
De nombreux économistes comme Friedmann ou Mundell avaient pourtant prévu que l'Euro était une mauvaise idée, étant données les différences énormes entre les économies des différents pays appelés à faire partie de la zone Euro. On a mis cela sur le compte d'une vision pro-américaine anti-européenne. Pour qu'une zone monétaire soit viable, Mundell définissait quatre critères: homogénéité des pays, flexibilité des salaires, mobilité des personnes, et budget commun conséquent. Si ces critères étaient vérifiés par les Etats-Unis d'Amérique, ils ne l'étaient évidemment pas pour l'Europe, en plus de la diversité des langues. La mise en place de l'Euro a curieusement exacerbé les différences et antagonismes économiques des différents pays.
L'Allemagne a utilisé l'Euro à des fins personnelles, au détriment de la France et de l'Italie et même des autres pays de la zone Euro. Cela a détruit massivement les industries françaises et italiennes. Avec la crise grecque, l'Allemagne est plus dominatrice que jamais en donnant des leçons aux Grecs qui avaient caché leurs déficits. A ces méchancetés allemandes, Papandréou avait répond finement : « Les Grecs n'ont pas la corruption dans leurs gènes, tout comme les Allemands n'ont pas le nazisme dans les leurs ». Toutes ces petites phrases assassines montrent que loin de faire taire les nationalismes, la construction européenne les a exacerbés. On fait grand cas des pays baItes qui frappent à la porte de la zone Euro, comme si cela était un signe de la bonne santé de l'Euro, mais cela ne se traduira pour la France et l'Italie au final qu'en délocalisations et perte d'emplois, en concurrence avec des pays aux salaires plus bas, d'où une nouvelle spirale mortifère pour ces deux pays.
En conclusion, nous dirons que la crise économique n'a fait qu'accélérer la déconfiture de l'Euro et que tout manque de décision se paiera tôt ou tard très cher pour la classe politique, gauche comprise, qui a accepté l'essentiel des règles économiques actuelles. Le capitalisme financier et sa monnaie symbolique sur notre continent, l'Euro, sont à l'agonie. La seule politique économique qui est offerte aux Français est : « Aujourd'hui est moins bien qu'hier et demain sera pire qu'aujourd'hui ». Le soi-disant volontarisme sarkoziste n'y changera rien, la cote actuelle de Fillon venant du fait que ne faisant rien, il n'est responsable de rien.
Patrice GROS-SUAUDEAU Statisticien-économiste

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