Quelle attitude tenir vis-à-vis du FN, afin de réduire son audience dans les urnes ? Cette question n’est pas neuve. Elle taraude les partis du Système depuis trente ans qui ne se sont pas contentés de manier l’excommunication républicaine mais aussi arrangés entre eux pour conforter des modes de scrutin qui ont pour but premier d’handicaper le Mouvement national. Mais l’élection au scrutin majoritaire de Marion Maréchal et Gilbert Collard, la dernière législative partielle de l’Oise qui a vu la candidate frontiste frôler les 49% laissent pressentir que ce type de bricolage ne sera bientôt peut être plus totalement efficient.
A droite la question affole d’autant plus qu’un sympathisant sur deux de l’UMP, si l’on en croit les sondages, grandement confirmés par les échos que nous avons du « terrain », est partisan d’alliances avec le FN, notamment aux prochaines municipales. Certes, l’autre moitié y serait farouchement opposée…
Cela explique que Jean-François Copé multiplie les annonces et les consignes de refus de tout rapprochement conjoncturel et à la base avec le FN autour de quelques engagements municipaux.
Le patron contesté de l’UMP préférerait de beaucoup faciliter demain la victoire de listes soutenues par la gauche socialo-communiste plutôt que de contribuer, par un non ostracisme systématique, à enraciner localement l’opposition nationale ; sans même parler des risques d’implosion de l’UMP.
Ne nous y trompons pas, la vision du monde, les codes, les valeurs, l’ idéologie libérale-libertaire, le progressisme qui imprègnent des figures fillonistes, copéistes, sarkozystes de l’UMP, contrairement à leur base électorale, sont très proches de ceux de leurs petits copains de promotion faisant carrière au PS. Leur position dominante est elle aussi menacée par une crise qui révèle toutes les tares mortifères du Système actuel.
En ce sens l’avertissement formulé par Denis Tillinac dans son dernier éditorial sur le site de Valeurs Actuelles concerne aussi les Pécresse, Wauquiez, NKM, Bertrand, Apparu, Chatel…
« Une France des profondeurs s’éveille, déroutant la France officielle qui se rétracte dans le mépris».« L’approche gauchisante des réalités prévaut encore dans l’appareil d’État, ses relais pédagogiques, culturels et médiatiques » note l’essayiste.
« Elle continue d’imprégner l’inconscient collectif mais elle a cessé de le façonner. Le pouvoir socialiste peut toujours compter sur la servilité de la caste intello et la docilité de ce prolétariat de l’intellect , décrit en son temps par Barrès. Le règne des idées dites soixante-huitardes n’en est pas moins à son crépuscule. Une bonne moitié de la France vomit ses idoles et ses fantasmes ; on s’en est aperçu avec l’impact des manifs contre le mariage homo, on s’en doutait depuis que la dissidence ose s’exprimer ici et là à ciel ouvert (…). »
« La gauche balisait les termes des débats et délivrait à sa convenance des brevets de respectabilité ; la droite politique les avalisait. Si elle veut survivre, cette droite ne pourra plus se cantonner dans une critique superficielle des méfaits (avérés) du socialisme économique, car pour la première fois depuis la fin du gaullisme, c’est dans sa globalité que la doxa socialo-libertaire est récusée. »
A cette aune, il est d’ailleurs révélateur que M. Copé ait avoué, également dans Valeurs actuelles, qu’en cas de retour de l’UMP au pouvoir, la loi Taubira ne sera pas supprimée mais simplement « réécrite »…Bref, en continuant à voter pour ce parti parfois encore qualifié de conservateur (de quoi?) ,les électeurs de la droite des valeurs ne frappent pas à la bonne adresse.
Alors, cette droite sociale-démocrate qui a tout lâché, bradé, avili depuis quarante ans qu’elle exerce le pouvoir conjointement avec la gauche, est elle capable de se réformer, de mener sa révolution (au sens étymologique du terme) culturelle ? En a-t-elle les moyens, la volonté, les capacités intellectuelles ?
Le Monde a rapporté cette confession, à dire vrai, qui n’est pas une révélation, de François Fillon, qui a été enregistrée dans le cadre d’un documentaire de France 3 signé Franz-Olivier Giesbert, qui sera diffusé le 8 mai.
Evoquant ses relations avec Nicolas Sarkozy, l’ex Premier ministre souligne la différence de nature dans l’appréhension de leur lutte commune contre le FN, entre le mari de Carla Bruni et la large fraction de l’Etat-major UMP dont il est plus ou moins le chef de file.
Il s’agit là d’une «différence d’approche irréconciliable», d’une «vraie divergence» entre eux explique M. Fillon. Il explique: «Nicolas Sarkozy pense que le Front National est à combattre parce qu’il peut nous faire battre. Moi, parce que le FN est en dehors des limites du pacte républicain tel que je le considère.» Ce clivage reste plus que jamais d’actualité.
D’ailleurs, à l’heure ou les électeurs de gauche matraqués par l’euromondialisme sont séduits eux aussi de manière grandissante par le discours frontiste –si le phénomène n’est pas nouveau, il prend de l’ampleur – l’ex militant trotskyste et sénateur David Assouline, porte-parole du PS, a choisi de rompre avec le discours qui fut celui de François Hollande.
Dans l’entre deux tour de la présidentielle, fait nouveau pour une candidat socialiste, M. Hollande dans un entretien accordé à Libération, s’était aussi adressé aux électeurs marinistes sur un mode apaisé.
Marche arrière toute pour M. Assouline qui, ressortant du placard un langage outrancier cantonné en général à l’extrême gauche et guère entendu dans les rangs du PS depuis les beaux jours de SOS racisme, a expliqué le 1er mai que Marine Le Pen est «un poison pour la République et la démocratie» !
Il a ainsi, comme M Fillon, accusé Marine d’anti républicanisme, mais avec une violence dans les termes assez hors norme, fustigeant une présidente du FN « renouant de façon de plus en plus claire avec la tradition d’extrême droite d’avant guerre, sociale-nationaliste». Suivez son regard…
Un mot enfin, dans ce climat de violence anti-nationale, pour réagir à la dernière cabale médiatique lancée contre le FN. Caroline Fourest a accusé implicitement celui-ci d’avoir été complice de la divulgation de son adresse personnelle, qui aurait été apposée et collée sur le trajet du défilé du 1er mai. Après Mme Fourest et selon Le Monde, un de ses journalistes, «spécialiste du FN », Abel Mestre, aurait été victime également de la même méthode.
L’avocat et trésorier du FN, Wallerand de Saint-Just, a estimé que « ces autocollants sont scandaleux, mais c’est tout aussi scandaleux de les associer au Front National ». « Ils sont très désagréables pour ceux qu’ils visent, mais ils sont aussi faits pour pourrir les relations du FN avec la presse . »
Qualifiant d’ « inacceptables »ces intimidations, la Société des rédacteurs du Monde (SRM) a dénoncé ce qui serait à les croire, des pratiques « fréquentes à l’extrême droite », s’inquiétant « des risques qu’elles font courir aux journalistes tenus d’assister aux initiatives (sic) du Front National ».
La directrice du quotidien, Natalie Nougayrède, s’est «(élevée) solennellement contre cette pratique » et « appelle les dirigeants du FN à condamner sans réserve ces méthodes ».
Bruno Gollnisch se souvient aussi des méthodes d’intimidation proprement infâmes dont ont été victimes des militants et candidats FN.
Pendant des années, avec, dans le meilleur des cas, la complicité silencieuse des médias attachés paraît-il aux «règles de le vie démocratique » et au « pluralisme », certains frontistes , leurs proches, leurs conjoints, leurs enfants, ont été harcelés, dénoncés à leurs employeurs, leurs collègues, attaqués physiquement devant leur domicile, leur lieux de travail, leur école, assaillis de lettres de menaces par des extrémistes de gauche.
Autant dire que nous comprenons l’embarras d’un Abel Mestre, qui ne cache certes pas son hostilité idéologique au FN, mais c’est là son droit le plus naturel, ce dernier contrairement à sa consœur Mme Fourest, n’étant pas du reste, un « nanti » de la haute caste médiatique.