Madame le Ministre
Nos associations pour le français et la Francophonie vous ont, depuis la fin de janvier, fourni tous les éléments pour vous opposer, de toute la force de votre ministère et de vos propres convictions et personnalité, à l’éventuelle adoption du funeste article 2 du projet de votre collègue Mme Geneviève Fioraso.
Funeste, vous le savez, malgré toutes les déclarations lénifiantes du "MESR"...
Avec, peut-être, Mme Aurélie Filippetti, responsable, elle, de la langue française en France, vous pouvez contribuer à sauver l’honneur de la France, qui ne peut ainsi abandonner sa langue et passer au globish, et gifler tous les francophones et francophiles du monde. Vous pouvez contribuer à éviter au Président de la République et à son gouvernement la forfaiture - et le déshonneur - d’avoir creusé la tombe du français et de la Francophonie.
Madame, vous ne pouvez pas laisser commettre ce crime.
Des rumeurs sur la Toile vous mettent en cause, tout comme Mme Filippetti, et vous accusent d’inaction totale, craintive, en cette circonstance dramatique.
Je ne veux pas le croire.
L’honneur vous commande de vous manifester maintenant avec force, publiquement !
Qu’avez-vous à perdre, réellement ?
Que seraient quelques mois de plus, jusqu’au prochain remaniement, d’une morne durée, à la tête d’un ministère dont vous n’auriez pas tout tenté pour sauver la raison d’être ?
Madame, nous vous en prions : criez votre désaccord.
Rangez-vous du côté des vraies élites de la gauche qui ont refusé le déshonneur : les Pouria Amirshahi, Jacques Attali, Jean-Pierre Chevènement, Antoine Compagnon, Claude Hagège, sans parler du Canard Enchaîné...
Du côté des Académies et de Bernard Pivot.
Du côté de M. Abdou Diouf et de votre partenaire O.I.F.
Du côté de tels chefs d’Etat et de gouvernement* de pays francophones qui téléphonent peut-être en ce moment même au Président et au Premier Ministre.
Vous serez estimée, citée, révérée.
Comme les 80 députés qui, en juillet 1940, avaient refusé de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Vous savez que la France, lorsqu’elle était trahie par une partie de ses élites, a toujours trouvé, pour la défendre et la relever, à la fois d’humbles bergers sortis des profondeurs de son peuple, ainsi que de grands esprits et de personnages venus d’une immigration ou adhésion récente, de Léon Gambetta au M.O.I.(main d’oeuvre immigrée dans la Résistance), de Max Gallo de parents italiens et Léopold Sédar Senghor né en Casamance, de Romain Gary et André Makine nés en Russie, à Pouria Amirshahi né en Iran.
Vous d’abord, et peut-être Mme Aurélie Filippetti, pouvez, au poste en vue où vous êtes, marquer un coup d’arrêt salutaire à la descente aux enfers, en tout cas : marquer les esprits, marquer un sursaut de fierté partagée.
Vous serez alors dans l’estime et le coeur de beaucoup de Français qui tiennent à leur langue et à ce qu’elle porte, à leur pays, à sa vocation de voix originale dans le monde, à tout le potentiel d’humanité que la Francophonie représente.
Au secours, Madame !
Albert Salon, docteur d’Etat ès lettres, ancien ambassadeur, commandeur du Mérite national, président d’associations de promotion du français et de la Francophonie.