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Police, armée : peut-on s’y engager en conscience ?

[Tribune libre d'un lecteur, sachant visiblement de quoi il parle.]

« Les récents événements en rapport avec la Manif pour tous ont mis en exergue le comportement des forces de l’ordre, police comme gendarmerie. En effet, ces dernières ont fait preuve d’une rare violence à l’encontre des défenseurs du mariage traditionnel. Le parallèle entre leur comportement lors des actions de pillage et de cassage des soi-disant supporters du PSG, et des manifestations contre le « mariage gay » se passe de commentaire. Les gendarmes et les policiers étant le bras armé du pouvoir, il convient en effet de se poser la question de la légitimité d’un engagement au sein de leurs forces. Au regard des récents événements, il semble évident que ceux d’entre nous qui défendent des idées opposées à celles du Système peuvent difficilement légitimer une appartenance à des institutions qui ont tout fait pour museler leur action, avec des interventions souvent violentes voire dénuées du bon sens le plus commun. En effet, comment peut-on expliquer qu’au XXI° siècle, dans une soi-disant démocratie, de jeunes gens puissent être arrêtés au simple motif du port d’un sweat-shirt ?!

Les gendarmes, comme les forces de police se doivent d’obéir au moindre ordre émanant de leurs responsables politiques. Ainsi, dépendant directement du système gouvernant, ils accomplissent les missions d’interpellation et d’arrestation de toute personne contrevenant aux mesures politiques – et parfois illégales – qui sont directement issues du pouvoir en place. Il est donc logiquement inconcevable qu’un militant opposé sur le plan moral et politique à une quelconque mesure prise par ses responsables puisse y obéir ! Conséquemment, aucun défenseur de l’ordre traditionnel ne peut actuellement envisager de prendre place dans leurs rangs.

Dans le cas des armées, autres que la gendarmerie, le raisonnement est le même, quoique plus nuancé. En effet, les militaires ne sont a priori pas appelés à intervenir sur le territoire national, et sont de fait moins exposés à des interventions discutables sur le plan moral et politique. Mais il n’en reste pas moins qu’ils peuvent un jour être envoyés sur des territoires où leur intervention participera directement d’un projet politique discutable, voire immoral. Les bombardements sur la population civile serbe en 1999, ou plus récemment les actions en Libye favorisant l’émergence d’un Etat islamiste sont autant d’exemples lourds de sens. Je ne vois que deux raisons pouvant légitimer le port du treillis:

D’une part le milieu militaire, par les motivations de ceux qui s’y engagent comme par les valeurs qui y sont attachées, est propice à une popularisation des idées traditionnelles. L’origine culturelle des cadres ainsi que leur attachement à ces valeurs sont autant de gages d’une progression non négligeable de celles-ci. Ce n’est pas un hasard si le Ministère de la Défense a récemment commandité deux enquêtes visant à identifier les meneurs de l’opposition au « mariage gay » au sein de l’institution.

Par ailleurs, en situation de trouble politique, les militaires conscients de l’importance de leur engagement ainsi que de l’éventuelle nocivité des opérations qu’ils sont appelés à mener, peuvent être à même d’influer sur l’exécution des ordres politiques pour agir dans le sens de leurs idées. Ainsi en fut-il de pilotes de l’armée de l’air qui, en Serbie, larguèrent leurs bombes loin des objectifs initialement prévus.

A mon sens, seules ces deux raisons justifient actuellement un engagement dans les armées. En dehors de celles-ci, le candidat à l’institution militaire est inévitablement amené à se compromettre dans son engagement, comme on peut hélas facilement le constater chez des officiers dont les idées sont étouffées par un détestable esprit légaliste ou carriériste. Il me semble donc important de signifier aux jeunes générations qu’elles se mettent gravement en situation de conflit de conscience lorsque leur vient l’idée de signer un contrat dans les armées.

Commandant D. »

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