Extrait d'une tribune signée par "Les Arvernes", un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs, dans Valeurs actuelles, à propos du grand mouvement de contestation né en France :
"Il n’y aurait rien d’étonnant ou de particulièrement nouveau dans tout cela si ce mouvement ne se caractérisait par la grande jeunesse de ses participants. Car, au travers de la “manif pour tous”, s’exprime la naissance d’une génération politique à droite, encore quelque peu individualiste (Internet oblige), décidée à mettre en pièces les valeurs que les baby-boomers, leurs parents et grands-parents, leur ont imposées. [...]
Plus important encore, ce peuple de droite qui (re)naît est orphelin.
La droite républicaine, absorbée par ses combats personnels, incapable de s’assumer au-delà du discours, ne sait plus quelles sont ses valeurs. Hier, Nicolas Sarkozy, qui avait fait le bon diagnostic en 2007 (« les solutions sont à droite »), n’a pas assumé son discours.
Aujourd’hui, le fillonisme est une “centrisation” malhabile. La droite se déchire de ne plus savoir qui elle est.
L’extrême droite, qui devrait naturellement recueillir une bonne part des fruits de ce mouvement, n’y parvient pas non plus. Marine Le Pen, après avoir “mélenchonisé” son programme économique, a commis l’erreur insensée de ne pas soutenir immédiatement et sans réserve ce combat contre le mariage homosexuel.
Dans un tel contexte, un gigantesque espace politique se crée à droite. À l’heure où l’on parle tant de l’Allemagne, il n’a jamais été, pour nous, aussi évident qu’une demande politique non satisfaite s’exprime en France. Cette demande, c’est une politique économique moderne et progressiste (une politique de l’offre, et non de la demande), une politique sociale conservatrice et qui assume — enfin — les valeurs de droite, une ouverture à l’Europe et au monde qui défende sans réserve les intérêts des Français. En un mot, une CDU-CSU à la française.
Écouter et comprendre ce mouvement n’est pas simplement l’intérêt de la droite si elle veut revenir au pouvoir. C’est aussi l’intérêt du pays et de l’Europe tout entière."