Entre deux marées (pas marrantes !) de très « petites phrases », symptômes de la pensée de menteurs politiquement incorrects, il est parfois possible de découvrir sur l’écran cathodique (et souvent pas très catholique !!!), entre deux houles de publicités, suivies de dessins très animés de plus en plus violents (quelles incitations éducatives !), suivies de contorsions corporelles débridées dont le saint Patron semble être Guy (et sa célèbre danse), physiologiques, introductions forcées à des gesticulations caractéristiques d’autres « con-torsions », verbales celles-là, le tout étonnamment mixé en une émulsion qui aurait fait hurler les génies pionniers du montage cinématographique.
Et cet abrutissement organisé, ce salmigondis paralysant les esprits fait oublier, entre autres joyeusetés, en surplus de la perpétuelle réclamation adressée à l’« État-papa », du genre « Donne-moi des sous même si tu n’en as pas ! », le réflexe inconditionné mais tristement réel, d’une maladie endémique, la plaidoristie chronique, conséquence sociétale d’un affaiblissement des volontés constructives.
Mais ce fléau ne date pas d’hier !!! Déjà, Racine, dans une pièce remarquable, avait moqué ce mal, tout en le dénonçant dans une pièce qui, en plus de trois siècles, n’a perdu ni son actualité ni son mordant bien épicé… Il critiquait déjà « Les plaideurs » !!!!
Car l’ennemi, c’est le voisin ! C’est lui (ou elle) qui rend jaloux tout un voisinage, et même un voisinage virtuel (comme ce fut le cas à Orléans, si votre mémoire ne vous fait pas défaut). Dès qu’une imagination déroutée (il faudrait même dire : dévoyée) fait imaginer que le voisin a quelque pratique peu commune –donc mystérieuse donc répréhensible ; ou bien que « ON » a fait croire que… alors les grandes orgues de la calomnie qui, comme toute avalanche, s’enflent en se propageant. Et, tout comme l’on s’adresse à « Papa-gâteau », on se hâte de s’adresser aux juges – qui auraient bien mieux et plus urgent à faire dans la lutte contre une criminalité croissante…
Hélas ! Ces dénonciations dont le bien-fondé n’est le plus souvent que le masque qui cache des motivations plus prosaïques qu’une « morale » discutable, sont encore l’outil utilisé pour des intérêts très particuliers ; Il suffit de se rappeler que les « bons Français » qui dénonçaient les Juifs, les Résistants, et souvent leur voisin car « concurrence oblige ; et le voisin du dessus avait un plus bel appartement ; et celle-là savait mieux s’habiller ; et celui-là avait un poste qu’on aurait bien voulu obtenir… et…et… Et la France se plaçait au premier rang de l’Europe par le nombre de lettres de dénonciations adressées à l’occupant nazi…
C’est ce genre de stupidité inhumaine, de faillite de toute pensée citoyenne, qu’a réussi à démonter, à démontrer, une série de courts-métrages remarquables, diffusées récemment par TF1, avec comme titre « Connaissez-vous votre voisin ? » Une démonstration très agréable à regarder, mais très explicite ; tout en ayant l’air de rien, une belle réussite, que je suis heureux de pouvoir ici faire remarquer, dont je tiens à féliciter les scénaristes et les actrices et acteurs.
Car ce n’est pas tous les jours que Le Crieur du Cœur a l’occasion de crier « Bravo » !