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À Trappes, chronique ordinaire de la violence... policière, bien sûr

Un banal contrôle de police à Trappes, dans les Yvelines, qui dégénère, sur plusieurs jours, en émeute. Banal, puisque conforme à la loi : les policiers ont voulu contrôler une femme entièrement voilée d'un niqab noir ne laissant voir que ses yeux. Qui dégénère, parce qu'il s'agit d'un quartier à très forte concentration immigrée, notamment islamique, où, c'est Le Monde qui l'affirme en citant un « penseur de Trappes » : « On en a marre que les politiques ici veuillent "blanchiser" la ville. »
La femme interrogée se refuse, en termes rien moins qu'aimables - « Allah est grand, il va te réduire en poussière, fils de pute » - au contrôle des représentants de la loi. Son compagnon, un converti à l'islam, ne s'arrête pas en si bon chemin. Selon le rapport de police, il saute au cou d'un des policiers, et tente de « l'étrangler par l'arrière ».
Placé en garde à vue au commissariat de Trappes, Michael K a au moins la satisfaction de voir sa compagne, qui doit s'occuper d'un jeune bébé, relâchée. Et celle, plus violente, de voir presque immédiatement quelques 300 « jeunes » marcher sur le commissariat pour exiger sa libération.
Jusqu'à 4 heures du matin, la cité des Merisiers où se trouve le commissariat va être saccagée. Feu de poubelles, d'abribus, de voitures, tirs de mortiers, cocktail-molotov envoyés sur les forces de l'ordre, qui interpelleront... six casseurs, dont cinq seront écroués.
Emmené au commissariat de Versailles, Michael K est en définitive relâché le samedi. Placé sous contrôle judiciaire - il lui est interdit de se rendre à Trappes -, il sera jugé en septembre.
Pour autant, le calme ne va pas revenir, malgré cette libération et le dispositif policier mis en place. Les nuits suivantes, les violences se poursuivent. Nouveaux incendies de voitures, nouvelles agressions des représentants des forces de l'ordre.
Le ministre de l'Intérieur a, bien sûr, appelé au calme. C'est tout... Manuel Valls, si prompt à faire condamner des jeunes gens pacifiques qui défilent sans violence pour dénoncer, dans le pseudo mariage pour tous, une « réforme de civilisation », n'a pas un mot contre l'extrémisme islamique qui s'exprime à Trappes. Et ailleurs...
La faute à la Manif pour tous ?
Trois raisons pour que rien ne change. La première, c'est que les policiers eux-mêmes tempèrent, en un tendancieux amalgame, l'agression dont ont été victimes les leurs. Le principal syndicat des gardiens de la paix, Unité SGP Police FO, prend ainsi des gants : « Contestation de la loi sur le voile, contestation de la loi sur le mariage pour tous. Autant d'actions plus ou moins violentes auxquelles nos collègues doivent faire face depuis plusieurs mois, avec à chaque fois des volontés de s'opposer à la loi au nom de convictions religieuses. Notre organisation syndicale ne peut tolérer que les policiers soient les boucs émissaires et les victimes d'activistes religieux de tous bord. » On ne saurait faire plus « couché » que cette honteuse comparaison entre des manifestants pacifiques et des voyous violents et haineux !
Pourquoi, dès lors, se gêneraient-ils ? D'autant que le collectif contre l'islamophobie en France, celui-là même qui poursuit Marine Le Pen dans l'affaire des prières de rue islamiques, dénonce des « provocations policières ». Constituées non pas tant par le contrôle des policiers, que par leur simple présence dans un quartier qu'ils considèrent comme leur. Et qui, de fait, l'est !
Seconde raison, pour les voyous, de continuer : le Défenseur des droits Dominique Baudis a annoncé qu' « il allait enquêter sur le déroulement des opérations de maintien de l'ordre à Trappes ». Pas sur l'agression subie par les policiers. Non ! Sur la façon dont ils font leur travail !
Enfin, troisième raison, les cinq voyous (sur plusieurs centaines) interpellés et écroués, jugés en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Versailles pour « rébellion et jets de projectiles sur des policiers », ont dénoncé, pour trois d'entre eux, « une erreur sur la personne ». Ils étaient simples spectateurs, voire simples passants... Deux ont été purement et simplement relaxés. Un a été condamné avec sursis. Deux, tout de même, ont été condamnés à des peines de quelques mois de prison ferme. Moins, bien moins que ce que demandait le Ministère public, qui a décidé de faire appel.
Trois jours plus tard, les violences ayant continué, Manuel Valls a fini par venir voir ce qui se passait. Pour s'assurer que le calme était revenu. À une jeune musulmane qui dénonçait l'appareil policier, le ministre a rétorqué : « Il n'y a aucune excuse aux fauteurs de troubles. » Pas démontée pour si peu, elle a rétorqué : « Il n'y a aucune excuse quand les forces de l'ordre interpellent les gens sans raison. »
La violence est nationaliste
Et, en définitive, Manuel Valls lui aura donné raison. En Conseil des ministres, c'est à la dissolution de deux « mouvement d'extrême droite » : l'Œuvre française et les Jeunesses nationalistes, qu'il procédera au lendemain des événements de Trappes.
« Il n'y a pas de place dans notre pays pour la haine, la xénophobie, l'antisémitisme ou des actes antimusulmans », a-t-il déclaré, fier de son action. Les rodomontades du coq contre des groupes qui ne représentent aucun danger, comme le gazage de militants pacifiques, Manuel Valls connaît.
Mais poursuivre les voyous de Trappes ou les hooligans du Trocadéro, là, c'est autre chose. Pour quoi faire d'ailleurs ? Tout est rentré dans l'ordre... Puisqu'on vous le dit !
Olivier Figueras monde & vie 30 juillet 2013

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