Je ne pensais pas si tôt voir l'analyse que j'ai effectuée dans mon dernier éditorial, confirmée si vite. J'y exprimais que Manuel Valls, au même titre que Nicolas Sarközy ou Bernard Tapie n'était qu'un phraseur blablatteur dont les promesses et engagements n'étaient pas tenus par la suite. J'avoue aussi mon agacement au sujet de nombreux Français qui sont fascinés par ce type d'individus particulièrement superficiels, dont on sait tout, une fois que l'on connaît leur enveloppe, parce que chez eux il n'y a pas de contenu.
Pour rappel, Français que nous sommes:
« Maître corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître renard par l'odeur alléché ,
Lui tint à peu près ce langage :
«Et bonjour Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli! que vous me semblez beau!
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois»
A ces mots le corbeau ne se sent pas de joie;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec laisse tomber sa proie.
Le renard s'en saisit et dit: "Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute:
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute."
Le corbeau honteux et confus
Jura mais un peu tard , qu'on ne l'y prendrait plus. »
Explications quant au fait divers qui nous préoccupe:
Suite à un rapport effectué par un commandant de police officiant à Dreux et adressé à sa hiérarchie, le gouvernement et en tout premier lieu Manuel Valls, se trouve mis à mal. Dans les faits, trois malfaiteurs condamnés - qualifiés bien à tort de petits délinquants par le nouvel observateur – n'ont pas été emprisonnés malgré les peines infligées, sachant la prison de Chartres pleine.
Et le baveux de déclarer: «être très surpris de cette décision et inquiet de ses conséquences» mais aussi – sans rire - «Cette décision très étonnante va à l'encontre de la stratégie décidée conjointement par la Chancellerie et l'Intérieur qui vise à accroître le concours des forces de sécurité pour faire exécuter les peines.»
Dans ces conditions, on comprend très bien le décalage entre le Manuel Valls soucieux de l'ordre public, émettant un discours ferme et assurant les policiers de son soutien, et la politique réellement menée dans les faits. Bien évidemment, le sieur répondra à qui le questionnera, du fait que ministre de l'intérieur, il ne peut agir simultanément en tant que ministre de la justice. Mais auquel cas, puisque moyens de réaliser sa politique ne lui sont pas attribués, qu'attend t-il pour démissionner ? C'est là où le bellâtre tombe dans mes filets.
Et s'il n'y avait que Dreux, ce que doivent penser probablement de nombreux Français. Mes souvenirs sont tels que je pense que c'est une peine sur deux en France qui n'est pas effectuée, ainsi que l'a écrit un magistrat. Dreux n'est donc qu'une goutte d'eau dans la mer du laisser-faire et de l'incompétence.
Beaucoup de Français, malheureusement donc, de se laisser de nouveau prendre – moins lucides que le corbeau de la fable - après s'être fait avoir par les différents flatteurs que comporte la caste politicienne française.
Je suis au demeurant aussi surpris par le décalage entre ce que j'entends autour de moi – ne pensez pas que je n'écoute que ceux qui sont de la mouvance -, l'orientation de très nombreux commentaires rédigés sur internet suite à la publication d'articles, et les résultats des différents scrutins. Le fait est, et l'on y songe pas assez à mon goût, que nous avons un réservoir électoral très important, qui n'est pas même inscrit sur les listes électorales ou plus simplement qui ne vote pas. Cet électorat là est la clef de notre avenir puisque c'est celui là qui, très probablement, va nous donner accès au pouvoir. La politique ne consiste pas à se réunir entre soi pour deviser avec des personnes qui pensent globalement comme nous – en cela, internet est un piège - mais bien à faire du prosélytisme c'est à dire via la propagande, amener à nous, indifférents ou opposants.
Alain Rebours http://www.voxnr.com/