La chute du régime islamiste de Mohamed Morsi en Egypte force le mouvement palestinien radical Hamas à chercher de nouveaux parrains politiques et des sources de financement, écrit mardi 6 juillet le quotidien Kommersant.
La direction du Hamas cherche à rétablir les relations avec l'Iran et le mouvement libanais Hezbollah, rompues l'an dernier après le refus du Hamas de soutenir le président syrien Bachar al-Assad.
Le numéro deux du Hamas Moussa Abou Marzouk et le leader du Hezbollah Hassan Nasrallah se sont entretenus sur la reprise de leurs relations détériorées après le refus du mouvement palestinien de soutenir Assad dansle conflit syrien. Selon la presse arabe, les consultations avaient commencé fin juin, lorsqu'il s'est avéré que le régime de Morsi, protecteur de la branche palestinienne des Frères musulmans, ne tiendrait plus longtemps au pouvoir.
Les négociations avec le Hezbollah sont importantes pour le mouvement palestinien avant tout du point de vue du rétablissement de contacts avec l'Iran. Après la décision du Hamas de soutenir les sunnites en Syrie, l'ex-président iranien Mahmoud Ahmadinejad, grâce à qui en sept ans, le Hamas s'est transformé en un partenaire stratégique de l'Iran et un acteur régional important, avait suspendu le soutien financier à hauteur de 22 millions de dollars par mois, ainsi que les livraisons d'armes à Gaza. De son côté, après la fermeture des bureaux du Hamas à Damas, le Hezbollah a exigé qu'il cesse également de travailler à Beyrouth. De cette manière, pratiquement tous les liens du Hamas avec le "croissant de lune chiite" (Téhéran-Hezbollah-Damas) ont été rompus, et les dépôts d'armements du Hamas à Gaza se sont retrouvés vides après l'opération israélienne Pilier de défense en novembre dernier.
Ces perturbations dans les fournitures d'armements sont devenues un grave problème pour le Hamas ces derniers temps. En accordant son soutien financier et politique, le Caire n'armait pas le Hamas, craignant une plus grande déstabilisation dans le Sinaï. Le nouveau parrain du Hamas, l'émir du Qatar Hamad Ben Khalifa al-Thani, est également prudent et se limite au financement des travaux de construction et des salaires du personnel.
Avant le coup d'état en Egypte, le commandement militaire du Hamas avait déjà exigé du chef du Hamas, Khaled Mechaal, de rétablir les relations avec Téhéran et le Hezbollah.
Et le renversement de Morsi tout comme le changement de pouvoir en Iran ont été des arguments déterminants en faveur de cette décision. Abou Marzouk craint également que l'Egypte occupe Gaza et rétablisse le contrôle perdu après la guerre des Six jours en 1967.
En dépit des différends sur la Syrie qui persistent entre le Hamas et Téhéran, les conditions sont aujourd'hui favorables à la reprise des fournitures d'armes iraniennes à Gaza, estime Alexandre Demtchenko du Centre d'études arabes de l'Institut d'études orientales à l'Académie des sciences de Russie. "Etant donné la faiblesse du pouvoir central et les graves problèmes intérieurs, l'Egypte est incapable de contrôler l'itinéraire principal de ces livraisons – via le Sinaï.
Par ailleurs, Téhéran n'a pas à craindre que les armes arrivent en Syrie, car il est très difficile de les transférer depuis Gaza", a déclaré l'expert.
La reprise de la coopération entre le Hamas et Téhéran risque de donner de nouveau un mal de tête pour Israël, où la situation s'est calmée après l'opération Pilier de défense. Les attaques verbales anti-israéliennes du nouveau président iranien Hassan Rohani et son rapprochement avec le gouvernement de Gaza sont susceptibles d'engendrer une nouvelle vague d'attaques et d'attentats contre Israël.