Le 4 avril était un (nouveau) "mardi noir", en raison des grèves, des manifestations et des troubles autour du CPE. L'attention des médias étant monopolisée par ces événements pourtant répétitifs, l'offensive de Bruxelles contre la France est presque passée inaperçue. Elle est pourtant de taille.
Au cours de sa seule réunion de ce mardi, la Commission européenne a en effet lancé pas moins de trois procédures contre la France. La plus importante est la « mise en demeure », première étape de la procédure d'infraction, sur le décret dit « anti-OPA ».
Le flic en chef apatride du marché intérieur, le commissaire Mac Creevy, et le flic en chef apatride de la concurrence, la commissaire Neelie Kroes, sont très en colère. Dès l'annonce par le gouvernement français d'une disposition visant à limiter les prises de contrôle étrangères dans certains secteurs définis comme stratégiques, l'été dernier, ils s'étaient indignés d'une résurgence aussi archaïque du protectionnisme national depuis longtemps jeté aux poubelles de l'histoire européenne. Comme non seulement le gouvernement n'a rien répondu, mais qu'il a effectivement pris le honteux décret, Bruxelles se voit dans l'obligation de sévir : la France viole gravement le principe de la libre circulation des capitaux, garanti par les traités européens.
Certes, les traités stipulent aussi que pour des motifs impérieux de sécurité nationale ou d'ordre public, les gouvernements peuvent restreindre la liberté de circulation. Mais il s'agit en quelque sorte d'une clause de style, visant à ne pas passer sous silence une éventualité qui en fait ne se produit jamais. En l'occurrence, la France exagère manifestement en définissant onze secteurs «stratégiques» dans lesquels les investisseurs étrangers doivent demander l'autorisation du gouvernement, et cette procédure n'est pas «proportionnelle» aux objectifs poursuivis.
Au détour de leur réquisitoire, les flics en chef montrent aussi que leur rôle n'est pas tant de faire respecter les règles européennes que de veiller à l'extension du mondialisme. Ils s'en prennent en effet à un aspect «discriminatoire» (c'est l'accusation qui tue, dans tous les domaines) du décret : des sociétés établies dans l'UE, mais contrôlées par des capitaux étrangers à l’UE, sont soumises à la procédure d'autorisation préalable, « alors qu'une société établie légalement et matériellement dans un État membre devrait normalement être traitée comme un ressortissant de cet État ». Autrement dit, peu importe d'où sont les capitaux, ce qui importe est seulement leur point de chute actuel : s'ils ont une adresse aux Pays-Bas ou au Luxembourg, ils doivent être considérés comme néerlandais ou luxembourgeois, et il est «discriminatoire» de vouloir discerner sous l'OPA une prise de contrôle par des capitaux asiatiques ou américains, même si c'est l'évidence.
L'acharnement contre la France qui a voté NON
Le même mardi 4 avril, la Commission européenne a lancé une procédure d'infraction contre la France (et 16 autres États… ), envoyant une lettre de mise en demeure pour mauvaise transposition dans le droit national ou mauvaise application de la directive sur l'ouverture à la concurrence du gaz et de l'électricité.
Enfin, ce même jour, la Commission européenne a menacé de traduire la France devant la Cour européenne de justice si elle ne lève pas sous deux mois l'interdiction de rémunérer les comptes courants. Menace ubuesque, puisque la France, obéissant à un arrêt de la même Cour de justice, a levé cette interdiction il y a... un an. Mais elle a «oublié» de le signaler aux flics apatrides. Donc la procédure se poursuit comme si de rien n'était...
Dans un communiqué, Jean-Marie Le Pen a dénoncé cet « acharnement avec lequel la Commission européenne se déchaîne contre la France ». Cette offensive, souligne-t-il, « n'est pas innocente : la Commission veut faire payer à la France son NON au référendum sur la Constitution européenne et sa résistance, même modérée, à l'ultra-libéralisme ». Il fait remarquer que « le Front national, seule formation politique à combattre l'Europe de Bruxelles et les ukases des commissaires européens non élus, est le mieux placé pour dénoncer ces ingérences scandaleuses dans la vie politique et économique de la France et les atteintes à sa souveraineté ».
Yves Daoudal National Hebdo du 13 au 19 avril 2006