Faire du combat contre le Front National l’enjeu majeur des élections municipales et européennes de 2014 est-il un gage de mobilisation des électeurs? Faute de mieux, faute de pouvoir se vanter du (catastrophique) bilan (économique, sociale, sécuritaire, identitaire…) du gouvernement Ayrault, l’université d’été du PS à la Rochelle qui débutera vendredi prochain en fera de nouveau son thème central. Il sera notamment celui du discours que prononcera le premier secrétaire Harlem Désir, dont l’intervention et celle du Premier Ministre clôtureront les « travaux ».
Au risque peut être de lasser même le noyau dur de leurs adhérents , les instances du parti vont donc, comme depuis trente ans, faire mine de « chercher des réponses à la montée du Front National »…
Réponses qu’un Manuel Valls tente de trouver actuellement en prenant des poses de matamore qui hérissent ses petits camarades, en roulant des mécaniques mais avec aussi peu de résultats probants qu’un certain Nicolas Sarkozy avant lui au ministère de l’Intérieur.
En l’espèce constate Bruno Gollnisch, les dirigeants socialistes savent pertinemment, comme tout le monde, les raisons de cette ascension de l’opposition nationale: la trahison des idéaux de solidarité nationale, de justice sociale, l’abandon des Français les plus modestes. Cela, au nom de l’idéologie euromondialiste et immigrationniste à laquelle s’est ralliée une gauche française qui a renoncé depuis longtemps à défendre la France et les Français d’abord. Cela ne mérite pas trois jours de débats pour le découvrir !
Avec la même absence d’originalité, jusque dans le slogan éculé que seuls les punks à chiens et les militants du Front de Gauche osent encore beugler dans les manifs, le porte-parole du PS, David Assouline, a expliqué lors de son point de presse hebdomadaire qu’il s’agissait de dénoncer à La Rochelle la « France F haine » et de présenter « la France qu’on aime ». On a le sens de la rime riche au PS!
Julien Dray le disait autrement, rapportions-nous le 2 juillet sur ce blog, la mission du PS consiste ainsi à « défendre un monde libre, métissé, mais rassurant (sic) car adossé à un combat pour un ordre social juste. ». Zéro pointé sur toute la ligne…
Or, c’est bien le refus de ce projet d’une France détruite dans son identité propre, totalement babélisée, balkanisée sur fond d’affrontements ethnico-religieux, communautarisée, multiconflictuelle qui est au cœur du vote FN rapportait encore une toute récente étude de l’IFOP effectuée auprès de 6 000 électeurs frontistes et relayée par Le Monde le 7 août.
Au-delà des différences sociologiques pointées par l’IFOP entre les divers électorats qui votent FN et Marine , entre schématiquement des électeurs venus de la gauche, à la fibre plus « sociale », dans les régions à tradition ouvrière du Nord, et ceux plus « droitiers » du Sud-Est, « ce sont bien les fondamentaux (du FN, NDLR) (qui) agissent comme un véritable ciment » est-il rapporté. Exemple emblématique cité ici, 97 % des électeurs FN « sudistes » et 95 % des électeurs frontistes « nordistes », « adhèrent ainsi à l’idée qu’il y a trop d’immigrés en France ».
Pour Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’IFOP, si « l’immigration agrège (au FN, NDLR) des électeurs qui ne voteraient pas pour le même parti », il est certain que cette question du devenir de l’identité française achève de miner la cohésion de l’UMP.
Un parti certes divisé par le duel Copé-Fillon, suspendu à un éventuel retour sur le devant de la scène de Nicolas Sarkozy. Mais qui surtout, et c’est certainement là son défi à relever le plus important, doit (ré)concilier une base très proche des vœux de l’électorat fronto-mariniste et un Etat-major partageant peu ou prou la même vision du monde cosmopolite et métissée que leurs anciens condisciples de l’ENA faisant carrière au PS.
Il est ainsi caractéristique que l’ex militant d’extrême droite repenti, ex ministre de la relance sous la présidence de Nicolas Sarkozy et actuel président du Conseil général des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian, ait expliqué dans un entretien au Figaro le 13 août l’urgence pour l’UMP d’ « une clarification de ses choix idéologiques ».
« Le cousinage avec le FN, dit-il, c’est la politique de Patrick Buisson », le maurrassien conspué par l’aile progressiste de l’UMP. « Ce n’est pas ma conception de ce que doivent être la droite et l’UMP souligne M. Devedjian. Remettre en cause le droit du sol, comme le suggèrent certains de ses collègues à l’UMP, c’est un non-sens, qui serait contraire à la réalité sociologique de notre pays » (sic).
Bien sûr ce sont les propos de M. Devedjian qui sont un non sens absolu, dont les convictions sur ce sujet, qu’il partage avec une très large partie des responsables de l’UMP et la quasi-totalité de la gauche et de l’extrême gauche, sont incompréhensibles pour la très grande majorité des électeurs de droite.
Bruno Gollnisch rappelait au moment de l’affaire Mohammed Merah l’aberration de notre actuel Code de la Nationalité, totalement inadapté aux bouleversements démographiques et migratoires de ces dernières décennies, « qui distribue la qualité de Français aussi bien à ceux qui l’on méritée qu’à ceux qui ne la méritent pas, à ceux qui la désirent comme à ceux qui la méprisent, à ceux qui aiment la France comme à ceux qui la haïssent. Et c’est là tout le problème ! Un problème tabou, mais un vrai, un grave, un très grave problème ! »