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Le Bon, Maurras et notre impayable éducation républicaine

Il faut en finir avec la plus sournoise
mais la plus odieuse oppression
intellectuelle qui ait pesé sur un pays.

Charles Maurras

Quand un personnage l’exaspérait, Bernanos disait qu’il était impayable (par exemple « l’impayable tzigane » pour Esterhazy). Je trouve que le terme convient très bien à notre éducation nationale soviétiforme (mais au moins l’Armée Rouge était respectée !) qui est à la fois impayable par ses résultats et impayable par le prix de revient de ses services : premier budget de l’Etat pour 30 % de chômeurs chez les jeunes et 80 % d’exilés chez les élites jeunes diplômées ! Tout le monde ne sait pas jouer aux cartes comme le fils Fabius pour s’acheter un loft à sept millions !

Consolons-nous : les merveilleux résultats de notre éducation républicaine, avec son chômage de masse, son inefficacité cyclique et sa prodigieuse propagande humanistique, ont toujours inspiré les bons esprits depuis les lois Ferry. Naguère puissance prestigieuse et mimétique, avec il est vrai une vocation (comme disaient Nietzsche ou Bainville) surtout aristocratique, la France est devenue une puissance de second ordre au milieu du siècle passé avant de sombrer dans le ridicule de nos jours.

Je trouve ces bonnes affirmations dans la "Psychologie de l’Education" de notre cher et catastrophé Gustave Le Bon, auteur qui d’ailleurs était devenu la référence du président Théodore Roosevelt :

« On trouverait en France des milliers de personnes capables de reconnaître l’état lamentable de notre enseignement, mais je doute qu’il en existe dix aptes à formuler un projet utile de réformes universitaires. »

Le Bon a une bonne et rassurante vision des choses puisqu’il sait que la France républicaine est et restera incurable :

« Il faut donc se résigner à subir l’Université. Elle restera une grande fabrique d’inutiles, de déclassés et de révoltés jusqu’au jour, probablement fort lointain, où le public suffisamment éclairé et comprenant tous les ravages qu’elle exerce et la décadence dont elle est cause, s’en détournera définitivement ou la brisera sans pitié. »

Comme disaient les bons vieux Shadocks de mon enfance en 1972, quand il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème !

A l’époque déjà de son livre, publié avec les années 1890, l’Allemagne fait l’admiration de tous les bons esprits par son éducation professionnelle, sa maîtrise de la civilisation industrielle et son faible chômage des jeunes. En voici les raisons :

« En Allemagne, nous l’avons dit, il y a des établissements spéciaux pour chaque genre d’enseignement, gymnases, réal-gymnases, écoles réales, écoles techniques ; rien n’est mêlé et chaque genre d’enseignement a ses sanctions et débouchés propres ; c’est là le secret du succès des Allemands. En France, au contraire, on veut ouvrir toutes les carrières à tous, en dépit des différences d’instruction et d’éducation, par conséquent de capacité générale. »

Voilà pour l’aspect technique. Mais il y a aussi l’aspect politique. On peut ici citer Maurras et son beau texte de 1926, "l’Ecole laïque contre la France" (laïcité, que de bêtises on commet en ton nom !). Maurras présente ainsi sa philosophie :

« Mais l’école laïque a supprimé le catéchisme. Elle l’a remplacé. Elle a substitué au catéchisme le manuel de morale laïque. Elle a substitué à la morale catholique ce stoïcisme germanique de Rousseau et de Kant, qu’il est bien permis d’appeler le dégoût solide et durable de toute raison, l’écoeurement fondamental de toute intelligence claire et de tout esprit bien constitué, le haut-le-coeur essentiel du simple bon sens. »

Comme s’il annonçait Chevènement et son sauvageon, Maurras décrit les effets de notre belle éducation sur les esprits et les manières :

« Au total, une fois sur dix, éducation pervertie, neuf fois sur dix, néant d’éducation, d’où il résulte que le "petit sauvage" demeure inéduqué et qu’il se produit un formidable développement de criminalité dans l’enfance et dans la jeunesse. De là, un prodigieux abêtissement. »

Maurras, qui passe pour un homme d’ordre est surtout un défenseur de la liberté traditionnelle des anciens régimes, quand les CRS ne tapaient pas sur les mères de famille. Cela le rend éternellement moderne.

« Tout le régime d’enseignement désigné sous le nom de laïcité représente un système complet d’embrigadement et de domestication des intelligences et des consciences populaires. Hors du peuple, dans les classes aisées, moyennes et supérieures, il y a des voies ouvertes toutes grandes pour échapper à cette trituration administrative des cervelles et des coeurs selon le procédé de Rousseau et de Kant qu’imposa la bande des huguenots sectaires et des kantistes bismarckiens qui entouraient Jules Ferry vers 1880 ! »

Comme s’il avait vu un de nos beaux ministres se pointer inspiré en tablier maçonnique, Maurras décrit très bien l’arrière-cour idéologique de la cour d’école inefficace et anarchique :

« Ce régime, cet Etat, est un régime de théocratie ou de sacristie, tous les mots d’ordre secret y sont d’ordre religieux et une dogmatique implicite y est imposée à ses adhérents de coeur et d’esprit, à ceux, qui ont véritablement reçu l’initiation aux derniers mystères, ou qui doivent voir, comme ils disent, la lumière du trente-troisième appartement. »

Le gauchisme, comme on ne dit pas encore, est déjà caricatural dans notre éducation ; et notre auteur de rappeler très bien les faits suivants et de poser la grande question :

« Si, comme on le prétend, sur 150 000 instituteurs publics, il y en a 15 000 de communistes, n’ayant de patrie qu’à Moscou, c’est tout d’abord un grand malheur dont il faut demander compte au mode de formation de ces fonctionnaires publics. Comment s’y est-on pris pour qu’une élite populaire chargée d’enseigner au peuple l’Etat et la Nation, se soit ainsi tournée contre l’Etat et contre la Nation ? »

Comme tout honnête homme qui se respecte, Maurras défend les contribuables, associés ou pas. Car pourquoi accepter de financer une telle gabegie ?

« Mais ces ennemis de la communauté n’auraient pas été fabriqués au nom de l’Etat, organe central de la communauté : les contribuables qui n’aiment pas l’anarchie n’y auraient pas été de leur poche. »

Maurras fait déjà un bilan qui n’est pas rassurant. Mais Bis repetita placent.

« Et cette école a donné les affreux résultats dont témoignent : 1° l’état d’esprit d’une forte minorité d’instituteurs socialistes et communistes ; 2° le développement de la criminalité ; 3° la baisse de la natalité et tous les fléaux publics dont ce pauvre Hervé tient le registre plaintif après les avoir aggravés, jadis et naguère, tant qu’il a pu. »

Comme on sait la baisse de la natalité a été brillamment compensée, et par qui de droit, à Issy (les Moulineaux) ou ailleurs ! Enfin Maurras, comme Cochin, rappelle l’essentiel : la démocratie moderne est une couverture, un prétexte pour quelques-uns, pour notre élite hostile qui s’est arrogée le droit de refaire l’humanité à son goût (ou à son dégoût) :

« Mais on pourrait négliger ce fait, d’ailleurs patent, que cette école est une très mauvaise école. Du point de vue de la justice, il suffit pour condamner cette école que, enseignant la doctrine de quelques-uns, elle soit payée par tous et obligatoire pour tous, en particulier pour ceux qui n’ont aucun moyen de se défendre contre ses inventions, ses conjectures, ses frénésies et ses fanatismes. »

Et le reste est littérature.

On peut lire tout Maurras ou presque sur le site exceptionnel <maurras.net>, très bien réalisé par des fidèles de l’immortel maître de Martigues...

Et l’on peut lire du Gustave Le Bon sur l’excellent - et très ouvert politiquement - site universitaire québécois <uqac.uquebec.ca>.

Et n’oublions sur <youtube.com> les non moins immortels Shadocks !

Nicolas Bonnal http://www.france-courtoise.info/?p=1493#suite

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