Après Cendres dont nous avons parlé récemment dans ces pages, le dirigeant de la Dissidence française persiste et signe avec un second ouvrage au titre évocateur : Putsch. Ouvrage très succinct une fois encore puisqu’il ne fait, en fait, que 30 pages et se lit donc aussi vite qu’un gros article. Néanmoins, pourquoi ne pas privilégier cette forme de lecture quand l’essentiel est la passation du message dans une époque où l’on n’aime plus faire trop d’efforts, surtout en ce qui concerne la lecture ?
Les citations de Maurras et Machiavel sur lesquelles s’ouvre Putsch nous mettent tout de suite dans l’ambiance : un coup de force est nécessaire en France. Nous sommes, sur le constat de départ, bien d’accord : notre pays souffre et crève de toutes les tares du monde moderne. Il se trouve dans une situation des plus graves : il est géré par un Système totalitaire le tuant, dans ses forces vives, à petit feu, puisqu’il promeut et défend toutes les idées mortifères accélérant la décivilisation prélude de notre asservissement total à une vision du monde folle et destructrice. Ainsi, « considérant qu'un point de non-retour est en train d'être franchi, et que la convergence des catastrophes destine notre pays à l'anéantissement économique, moral, social, ethnique, politique et spirituel » et que « la France est désormais en état de légitime défense civilisationnelle » , il convient pour nous, résistants au Système, de continuer la lutte sans tomber dans le fatalisme et le déni de la réalité.
Comment la continuer cette lutte ? L’auteur rejette le terrorisme mais aussi la voie électorale qui ne change rien et ne fait que légitimer le Système. Il ne voit qu’un moyen, qu’une seule perspective pour la France : le putsch. Et celui-ci devrait être conduit par l’armée. Celle-ci serait pour Vincent Vauclin un socle ayant bien résisté aux attaques du monde moderne puisqu’on trouve encore en son sein un attachement aux valeurs traditionnelles ainsi qu’un réel patriotisme. De plus, la révolte gronderait chez les militaires, bien malmenés comme on le sait par « l’aristocratie républicaine et maçonnique » qui, après avoir attaqué la nation, la religion et la famille, s’en prend de plus en plus à tout ce qu’ils représentent et respectent. L’armée, pour le salut public, serait donc capable de désobéir à ses maîtres et pourrait devenir le vecteur d’un changement révolutionnaire en France. D’ailleurs, notre pays « ne peut plus compter que sur son Armée pour sortir de l'impasse ».
Le putsch « planifié et organisé » est donc réalisable en France si l’armée ou, ne serait-ce qu’une partie d’entre elle désobéit et prend le contrôle des centres de pouvoir officiels ou non de notre pays… Pour Vauclin, le pouvoir actuel est faible et incompétent, ce qui facilitera grandement les choses. En effet, comment le considérer autrement à la vision de son incapacité à empêcher « les razzias de quelques centaines de racailles analphabètes au Trocadéro ou sur les Champs-Élysées » ? Sur ce point de détail, j’avoue ne pas partager cette croyance d’un pouvoir incapable de réprimer ces rassemblements inorganisés de racailles car cela est recherché et voulu dans le but de gouverner par le chaos mais passons... Ajoutons à cela, ce qui est vrai, que le pouvoir apparaît de plus en plus comme illégitime à énormément de personnes… Pour Vauclin, nous, les résistants, devons ainsi agir comme une « 5ème colonne » auprès de l’opinion publique et canaliser son énergie dans le but de la faire espérer réellement un coup de force en France et à ne voir son salut futur que par ce biais. En somme, c’est préparer Monsieur tout-le-monde qui espère actuellement que « ça pète » à souhaiter « vivement le putsch ! ». Ainsi, l’armée aurait à s’occuper de l’aspect technique et nous de l’aspect psychologique puisque celle-ci et le peuple ont un besoin mutuel l’un de l’autre…
Vauclin termine son essai sur la question de l’après-Putsch et se contente de donner quelques orientations sur cet évènement qui n’en serait, à n’en pas douter, le début du redressement national et de la restauration de l’Etat. Ce putsch réussi marquerait déjà un rejet de la république maçonnique et du parlementarisme, il conviendrait ainsi de doter le nouvel Etat d’une réelle Weltanschauung (vision du monde). Il laisse également le lecteur songer à quelques idées sur un Etat organique et non totalitaire à l’aide de considérations tirées de Julius Evola.
« L’histoire, ça se brusque » et « une insurrection ordonnée qui provoquera sans heurts la chute du Régime en s'appuyant sur la dernière institution qui conserve une forme organique et qui dispose de la légitimité la plus incontestable, celle du sang versé pour la France » est évidemment une idée très séduisante. A vous de vous faire votre propre opinion.
Rüdiger