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Saint Louis, mur porteur de la France

Philippe de Villiers, auteur du Roman de Saint Louis, répond à Renaissance catholique. Extraits :

R"J’ai écrit ce livre à l’occasion du 800ème anniversaire de la naissance de Saint Louis comme le journal intime d’un grand caractère. Quand la maison s’écroule, il est urgent d’aller chercher un mur porteur. Le mur porteur de la France, c’est Saint Louis. En effet, il porte encore aujourd’hui l’idée qu’on se fait de la légitimité, de la dignité, de la justice. J’ai écrit aussi en pensant aux nouvelles générations qui voient la France choir et la gent politique se traîner au caniveau. Ce livre se veut un retour à la source primordiale à laquelle buvait l’Occident lorsque, croyant en lui, il se construisait sans se mépriser. 

[...] Saint Louis a tramé deux vies dans la même et il en a laissé le fil à la méditation de celui qui, échappant au vacarme, est encore capable de réfléchir. Il ne ressemble à personne et pourtant chacun lui ressemble un peu. C’est un roi d’apogée, un roi d’altitude qui nous tire vers les éthers. Mais c’est aussi un roi de souffrance et d’échecs. Dans la vallée des larmes qu’il traverse, il nous laisse en dépôt son humanité. Dans l’épreuve et l’adversité, il porte une part de nous-mêmes. Il connaît l’hésitation, le doute et jusqu’à la tentation d’abdiquer. Il apprend aussi l’amour, les rivalités de famille, l’omniprésence de la trahison et de la lâcheté autour de lui.  [...]

Derrière l’État féodal, il a vu poindre l’État moderne avec la loi soustraite à la coutume, la justice soustraite aux barons, la monnaie retirée aux seigneuries, le droit de déclarer la guerre interdit à ses vassaux. Derrière l’Église possédante, il vit émerger et favorisa l’Église mendiante. Derrière la croisade, il vit affleurer la mission de conversion en pensant que la langue de feu des apôtres irait plus loin que le feu grégeois des arbalétriers. Et il comprit qu’il fallait ordonner l’art du gouvernement au gouvernement des arts. Il enlumina son royaume, comme un copiste au secret de sa plume d’or, de moutiers, d’abbayes et de maisons-Dieu. [...]

Saint Louis, c’est tout à la fois le rayonnement de l’art gothique, premier produit d’exportation de la France - toute l’Europe s’arrache nos architectes de cathédrales -, la gloire de l’Université de Paris - la première université du monde -, l’expansion de la langue française, la création du premier système hospitalier du monde : les pauvres furent ses commensaux.

La modernité de Saint Louis est impressionnante. C’est le premier chef d’État qui interdit les cadeaux aux officiers royaux, les baillis et les prévôts. C’est aussi un roi de la Croisade. Il connaît le djihad et il le combat. La Croisade n’est pas pour lui une guerre d’agression mais de légitime défense, c’est-à-dire la reconquête du berceau du christianisme, le lieu même où le Christ est mort et ressuscité. Pour lui, la frontière de la chrétienté latine est le Jourdain. Il assume tout de ce qu’il est et il est le bouclier de la christianitas. [...]"

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