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Une nouvelle solution pour la Grèce (et pour nous) : l'austérité

Une nouvelle fois, la Grèce, qui prendra la présidence tournante de l'Union au 1er janvier, a tourné au ralenti, le 6 novembre, en raison d'une grève générale de 24 heures - la quatrième depuis le début de l'année - contre les mesures d'austérité imposées par la troïka de ses créanciers, à savoir l'Union européenne, la Banque Centrale européenne et le FMI, et même si les Athéniens semblent fatiguer désormais à descendre dans la rue, les syndicats, tant du privé que du public, ont vu leurs militants observer le mot d'ordre de ne pas travailler. « Nous faisons la grève contre la destruction de notre vie et la dégradation de l'avenir de nos enfants », proclament-ils.
Les créanciers, dont les représentants poursuivaient, sur place, leur audit au début du mois, risquent donc fort d'entendre les échos de cette colère qui ne veut pas se taire, ni observer les manières policées qui sont celles des salons de ces hauts fonctionnaires. Un des manifestants a même été brièvement interpellé par la police pour avoir jeté une poignée de petite monnaie - de petite monnaie d'euro, faut-il le préciser ? - non à la figure, mais au pare-brise du véhicule du Danois Poul Thomsen, représentant du FMI.
Bien que la Commission européenne estime probable la mise en place d'une « solution satisfaisante » - ce qui signifie, pour elle, que la Grèce se pliera aux injonctions de ses créanciers... -, il n'est pas dit que les autorités grecques n'envient pas ce quidam. En désaccord profond avec ses interlocuteurs sur un trou budgétaire pour 2014 (déjà !), le premier ministre Antonis Samaras n'a pas caché sa déception - et peut-être sa colère. Tout d'un coup, a-t-il lancé, la troïka découvre un trou budgétaire en 2014 alors que l'économie va mieux. » Avant d'ajouter, conciliant : « Il s'agit d'une négociation... Nous devons nous défaire de l'idée que c'est une guerre. » D'autant que, au terme de cette nouvelle visite, était attendu le déblocage d'un nouveau prêt d'un milliard. Il n'empêche que, au fond de sa poche, la petite monnaie devait le démanger lui aussi...
D'autant que, bien sûr, la troïka exige de nouvelles mesures d'austérité. Une perspective d'ores et déjà rejetée par le ministre des Finances, Yannis Stoumaras, toute nouvelle coupe dans les salaires et les retraites étant susceptible, en l'état actuel, de mettre définitivement le feu aux poudres !
Explosif
La partie devient donc serrée pour les représentants de la Commission européenne Matthias Morse, de la Banque centrale européenne Klaus Mazuch et du Fonds monétaire international Poul Thomsen, qui, en plus de la grogne de la rue, savent devoir désormais prendre leurs interlocuteurs politiques avec autant de diplomatie qu'en est capable quelqu'un qui vient parler de gros sous.
Le ministre des Finances le leur avait bien fait sentir en déclarant, à la veille de leur arrivée à Athènes : « Il y a des solutions pour tous les sujets, mais il faut que les deux côtés fassent preuve de réalisme et de flexibilité. »
Mais, compte tenu du fait que ces créanciers trouvent trop timides les propositions gouvernementales que la rue - dans tous les secteurs -trouve, elle, trop raides, il y a fort à parier que ni le réalisme, ni la flexibilité ne fassent partie de leur vocabulaire.
Cela dit, ce n'est pas la Grèce - ou pas fondamentalement - qui est dans une impasse. C'est l'ensemble de l'Europe. Ou faut-il dire, ici, de l'Union européenne ?
Mauvais chiffres européens
En effet, selon les derniers chiffres de l'office européen de statistiques Eurostat, le chômage a atteint un nouveau taux record en Europe de 12,2 %, pour la zone euro, et de 11 % pour l'ensemble de l'Union européenne. Mais, bien sûr, on continue de nous expliquer que les pays bénéficiant de l'euro sont davantage protégés de la crise que les autres, et qu'il serait fou, tout simplement, de vouloir l'abandonner...
Alors, certes, le taux de chômage est de 27,6 % en Grèce ; mais il est de 26,6 % en Espagne, de 17,1 % à Chypre, etc. Ceux qui tirent le mieux leur épingle de ce triste jeu sont l'Autriche, l'Allemagne et le Luxembourg.
Quant à la France, contrairement à ce que serine le docteur Hollande, elle ne parviendra pas, pour l'instant du moins, à redresser la barre. Selon la Commission européenne, notre pays pourrait même connaître de nouveaux risques de dérapages de ses déficits publics. Et ne parlons pas de la courbe du chômage avant 2015...
Pas grave ! « S'il est nécessaire de faire plus » - plus d'économies, bien sûr - « nous le ferons », déclare le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve. Promettant au passage que nous serons dans les clous « à l'horizon 2015 ». Comme nous devions l'être à celui de 2014 ?
Le ministre devait être très préoccupé. Il a oublié de préciser comment cette nouvelle cure d'austérité serait mise en place. En lorgnant de nouveau du côté des impôts, peut-être ?
Olivier Mirande monde & vie 12 novembre 2013

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