C’est sa capacité à appeler un chat un chat, à parler clairement, sans langue de bois ou de coton qui est aux yeux des Français un des charmes et des grands atouts du Front National. Un devoir de vérité qui nous commande, par exemple, de nous féliciter de l’accord sur le nucléaire iranien conclu cette fin de semaine a Genève, entre Téhéran et les pays négociateurs, malgré le jeu trouble joué par Laurent Fabius lors de ces négociations. En échange d’une neutralisation par l’Iran de ses stocks d’uranium enrichi à 20 %, de l’ arrêt de l’enrichissement de son uranium au-dessus de 5 % et de l’installation de nouvelles centrifugeuses, les membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne, ne lui imposeront pas de nouvelles sanctions dans les six prochains mois.
Le gouvernement iranien s’est félicité de ce que le programme d’enrichissement d’uranium iranien, son « droit à la technologie nucléaire », un « droit inaliénable », ait été reconnu par les grandes puissances. A contrario, et les craintes israéliennes peuvent aussi être entendues et comprises, le premier ministre de l’Etat hébreu a dénoncé une « erreur historique » (des occidentaux) . Le cabinet de Benjamin Netanyahou avait déjà évoqué plus tôt un « mauvais accord, qui offre ce que l’Iran voulait : la levée partielle des sanctions et le maintien d’une partie essentielle de son programme nucléaire ».
De son côté, Naftali Bennett, ministre de l’économie israélien et dirigeant du parti d’extrême droite religieux Foyer juif défendant la colonisation des terres arabes, a assuré qu’Israël n’était « pas engagé par l’accord de Genève ». Pas engagé non plus à l’évidence par les résolutions de l’ONU.
Pour ne pas influer négativement sur les débats en cours sur le nucléaire iranien, Benjamin Netanyahou avait provisoirement mis sous le boisseau, le 13 novembre, un projet de colonisation record portant sur plus de 20 000 logements de colons israéliens. Un projet de construction porté par un autre dirigeant d’extrême droite du Foyer juif, le ministre du Logement Uri Ariel. Colonies « illégitimes » selon le secrétaire d’Etat des Etats-Unis John Kerry, colonisation condamnée plus mollement (ce n’est pas étonnant) par François Hollande lors de son récent voyage en Israël -voir l’article publié sur le site de l’AEMN.
Pour se venger de cet accord genevois vécu comme une trahison des occidentaux, les autorités israéliennes ont d’ores et déjà autorisé hier la construction de 829 logements dans plusieurs colonies de Cisjordanie -« Judée-Samarie » selon la terminologie plus fréquemment utilisée par certains Israéliens .
Bruno Gollnisch a toujours défendu des positions mesurées sur le conflit israélo-palestinien. Il souhaite, comme beaucoup, l’existence d’un Etat d’Israël vivant en paix dans des frontières sûres et reconnues et bien évidemment des droits symétriques pour le peuple palestinien.
Il pourrait donc sembler étonnant qu’il soit l’objet d’attaques virulentes et récurrentes de certains sites communautaires, si les sites en question n’étaient pas le véhicule d’une idéologie extrémiste et/ou de simples paravents ou prolongements d’officines ou de partis antinationaux.
La dernière charge anti-Gollnisch en date intervient au détour de de la pétition mise en ligne notamment sur le site franco-israélien JSSnews, réclamant que la sénatrice UDI, Sylvie Goy-Chavent, soit exclue de son parti. Il lui est reproché, au terme d’une campagne ultra-violente qui se poursuit depuis des mois, de « véhiculer des poncifs antisémites ». Et ce, au motif qu’elle s’est interrogée sur la question de la souffrance animale mais aussi sur les enjeux financiers de l’abattage rituel conforme à la loi mosaïque.
L’élue centriste demande au nom du droit à l’information et de la liberté de conscience, la mise en place d’un étiquetage « non stigmatisant ». Dans un entretien publié le 1er juillet dernier accordé au site WikiAgri, elle prenait grand soin de se dire « aux antipodes du FN ». Mais elle s’élevait contre le fait que les «sommes (prélevées par le Consistoire israélite lors de la vente de viande cashére NDLR ), entre autres, permettent à une communauté de soutenir la politique d´Israël. Moi je pense que le consommateur a le droit de manger un gigot sans pour autant, à son insu, financer la politique d´un autre pays que le sien». Menacée de mort sur des sites extrémistes communautaires, victime d’insultes racistes, Mme Goy-Chavent a porté plainte, notamment contre JSSnews.
Les auteurs de la pétition litigieuse s’adressant aux responsables de l’UDI, énoncent que « Mme Goy-Chavent a été dénoncée avec vigueur par le Conseil des Communautés Juives de France et d´Ile de France, par le CRIF, par le Consistoire de Paris, par le Bureau National de Vigilance Contre l´Antisémitisme, par le B´nai B´rith, et par la quasi-totalité de la communauté juive de France» avant d’ajouter : « comment l´UDI peut-il maintenir sa confiance en une sénatrice qui dit tout haut ce que n´oserait même pas dire Bruno Gollnisch ou Jean-Luc Mélenchon ? ».
Si l’amalgame pratiqué ici entre M. Mélenchon et Bruno Gollnisch ne manque pas de surprendre par son étrangeté, la volonté d’associer le nom du député européen frontiste à un supposé antisémitisme/antisionisme plus ou moins rampant, larvé et avançant masqué, est franchement grotesque.
Car en l’espèce, la position défendue sur ce dossier de l’abattage rituel par Bruno Gollnisch est une nouvelle fois mesurée et équilibrée. Il s’était ainsi félicité dans un communiqué publié le 20 avril 2011, de ce que la Commission de l’environnement du Parlement européen, «lors du vote de son rapport sur l’étiquetage alimentaire », « ait adopté un amendement », « voté par les députés du FN ». Ledit amendement, contre lequel «des députés de l’UMP » avaient mené « une pitoyable campagne », imposait en effet « d’indiquer sur les emballages de viande si l’animal avait été abattu sans étourdissement ».
« Il ne s’agit pas d’interdire l’abattage rituel, précisait Bruno mais bel et bien de permettre au consommateur de choisir en toute connaissance de cause, de la même manière qu’avec l’indication des lieux de provenance de la viande, ils peuvent choisir d’acheter des produits locaux. »
« Il ne s’agit pas non plus d’interdire à ceux qui y tiennent de manger casher ou hallal, mais de permettre à ceux qui ne le veulent pas de ne pas acheter à leur insu un produit conforme à des convictions religieuses qu’ils ne partagent pas et abattus selon des procédés qu’ils réprouvent. Or, on sait qu’en France, selon les espèces, entre 28 et 62 % des bêtes sont abattues selon un rite religieux, bien plus que les besoins des communautés concernées. »
Mais c’était sans compter sur la vigilance de certains censeurs. Ainsi quelques semaines plus tard, en juillet 2011, Bruno Gollnisch déplorait à l’occasion du vote du Rapport Sommer que cet amendement sur l’étiquetage alimentaire évoqué plus haut, « miraculeusement adopté », «se soit transformé en possibilité de commencer à réfléchir à l’éventualité d’une étude sur le sujet dans plusieurs années».
Bref « les défenseurs des animaux, les laïcs, agnostiques, chrétiens et indifférents continueront donc de consommer en toute opacité de la viande produite de manière ultra-excédentaire selon des pratiques qu’ils réprouvent, récusent, ou, tout simplement, ne veulent pas soutenir… ». Mais depuis quand l’avis de la majorité des Européens, de l’Europe réelle, est elle vraiment prise en compte par les Bruxellois ? Les extrémistes, à l’évidence, sont rarement ceux désignés comme tels par l’idéologie dominante.