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On ne résout pas les problèmes avec ceux qui les ont créés

 

Dix-neuf mois après sa déroute électorale, la fausse-droite a présenté son programme de reconquête du pouvoir que d’aucuns attendaient impatiemment. Examinons sans détour ses propositions.
La fin des trente-cinq heures est proclamée, mais sa portée est aussitôt minorée par la non-défiscalisation des heures supplémentaires en raison de la « contrainte budgétaire », nous assure-t-on avec le plus grand sérieux. Le logiciel de l’UMP est affligé d’un bug rédhibitoire : la progressivité de l’impôt sur le revenu des ménages. Pour le corriger, il existe une solution simple, peut-être simpliste pour les tenants des usines à gaz, qui consiste à le remplacer par l’impôt proportionnel sur le revenu des personnes physiques, plus vulgairement dénommé flat tax pour les initiés. Ainsi sera rétablie l’ardeur au travail pour ceux qui envisageraient de travailler cinquante ou soixante heures par semaine. Cela peut se résumer par le slogan : « Travailler plus pour gagner plus » au lieu de « travailler plus pour gagner moins. »
Quant à la durée du travail proprement dite, il faut abroger la loi des 35 heures, mais ne pas la remplacer par une autre qui serait inévitablement tatillonne et complexe à mettre en œuvre avec de multiples accords de branches. Laissez aux entreprises le soin de fixer la durée du travail en fonction de leurs commandes ! Notre mot d’ordre : « Faites davantage confiance aux entrepreneurs qu’aux syndicats marxistes pour retrouver le chemin de la croissance en France. »
La mesure qui nous paraît la plus intéressante dans ce programme d’eau tiède est la dégressivité de l’allocation de chômage afin de revigorer le marché de l’emploi. Elle n’est malheureusement pas chiffrée. Nous pallions volontiers cette lacune. Une allocation de chômage de 100% du salaire serait versée pendant une durée de trois mois en raison de la difficulté de trouver un emploi correspondant à ses propres qualifications, puis une dégressivité de 10% par mois qui aboutirait à une allocation nulle au bout de treize mois d’inactivité. Il y a des milliers d’emplois qualifiés ou non-qualifiés qui ne sont pas pourvus à cause de l’assistanat généralisé. Nous convenons que notre slogan est abrupt : « Travaillez ou crevez de faim si vous n’avez pas envie de prendre n’importe quel boulot qui se présente à vous après un an d’inactivité. »
Pour parvenir à un contrat de travail unique envisagé par l’UMP, il faut supprimer le droit du travail qui ne cesse de s’alourdir. Mais sur ce point comme sur d’autres, l’UMP reste dans un flou artistique. Plus le CDI est bétonné, plus le CDD se répand dans le marché du travail. La mesure-phare est de redonner la liberté de licenciement aux entrepreneurs afin de rompre ce cercle vicieux.
Concernant l’idée de passer d’un SMIC national à un SMIC par branches pour redonner de la flexibilité au marché de l’emploi, là encore le logiciel de l’UMP est périmé. La solution est de supprimer tout salaire minimum qui empêche la création d’emplois non-qualifiés et comprime aussi l’échelle des salaires.
L’introduction d’une TVA sociale est un autre avatar du socialisme de la fausse droite. La meilleure TVA est uniforme pour ne pas fausser la concurrence entre les diverses activités professionnelles, et basse pour engranger un maximum de recettes fiscales. Nul doute que la part estimée de l’économie souterraine serait révisée à la baisse avec un taux uniforme à 10% de la TVA.
Concernant la réduction des dépenses publiques, l’UMP ne fait pas preuve d’originalité en réitérant son credo de ne remplacer qu’un fonctionnaire sur deux. Cette règle est absurde dans certains cas, car il faudrait par exemple multiplier par dix le nombre de places dans les prisons pour pouvoir condamner les délinquants qui actuellement échappent pour cette raison à la sanction, pour faire exécuter les peines que le juge d’application des peines se résout à réduire, et pour éviter la surpopulation carcérale.
Si l’UMP se garde de chiffrer les autres mesures, elle n’est pas en reste lorsqu’il s’agit de faire baisser les prélèvements obligatoires : diminution de 7% ou 130 milliards d’économies ainsi réalisées. Plutôt que de brandir des estimations subjectives, elle ferait mieux de restaurer le périmètre régalien de l’Etat, qui est en déliquescence à cause de l’Etat-providence. Les autres services publics seraient privatisés et les recettes engrangées permettraient la mise en place d’un système de retraite par capitalisation qui a été trop longtemps différé.
Pour récupérer les voix promises au Front national, l’UMP envisagerait de supprimer l’aide médicale d’Etat, qui est une pompe aspirante de l’immigration clandestine. Pourquoi n’y a-t-elle pas songé lorsqu’elle était au pouvoir, vont se demander inévitablement les électeurs bernés et inquiets de l’augmentation incontrôlée de l’immigration. L’aide médicale d’Etat est le premier bug de la France du vingt-et-unième siècle. Elle a été créée par Martine Aubry et Bernard Kouchner le 1er janvier 2000.
En conclusion, l’adage d’Albert Einstein est indépassable : « On ne résout pas les problèmes avec ceux qui les ont créés. »

 

Bernard Martoïa

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