PARIS (NOVOpress) - À la base, l’idée semblait bonne : le dossier médical personnel (DMP) était destiné à répertorier sur support informatique les antécédents d’un patient, ses allergies, ses résultats d’examens et toute information susceptible de faciliter sa prise en charge par un praticien ou un établissement hospitalier. Sécurisé et confidentiel, ce document ne pouvait être consulté qu’avec l’accord du patient.
Mais, comme souvent quand de grosses sommes d’argent public sont en jeu, les choses ne se sont pas tout à fait déroulées comme prévu… Initié par Philippe Douste-Blasy en 2004, le projet est resté en jachère jusqu’à ce que Roselyne Bachelot (qui allait démontrer un an plus tard son art du gaspillage en dilapidant un milliard d’euros pour la grippe H1N1), le ressorte des tiroirs en 2008.
Une agence fut alors créée spécialement pour la gestion du DMP, l’Asip (Agence des Systèmes d’Information Partagés de santé), avec l’objectif d’enregistrer cinq millions de dossiers médicaux d’ici à fin 2013. Mais le dispositif s’avère complexe, laborieux ; les médecins perdent du temps. Quant aux patients, ils rechignent à rendre accessible leur parcours de soins sur Internet et à risquer de voir les données piratées. Résultat des courses, seuls 418011 DMP ont vu le jour (dont environ la moitié sont vides et ne servent donc à rien), pour un système qui a coûté la modique somme de 500 millions d’euros, engloutis on ne sait trop où ni comment, et financés en majeure partie par l’assurance maladie dans le but initial de réaliser des économies…
Dès 2012, la Cour des comptes s’inquiétait de « l’absence de suivi financier précis et l’impossibilité de consolider le montant des fonds public considérables » empêchant de chiffrer avec exactitude le coût réel du projet, qu’elle estimait au moins à 210 millions d’euros, voire bien davantage.
Cette gabegie n’est pas sans rappeler la création en 1996 du carnet de santé obligatoire, petit livret bien connu pour sa parfaite inutilité, envoyé à 45 millions de Français qui l’avaient aussitôt relégué aux oubliettes. Soit 247 millions de francs (38 millions d’euros), dépensés pour rien. Un véritable scandale dénoncé à l’époque par un fin connaisseur, le député Jérôme Cahuzac.
Pour stopper l’hémorragie pécuniaire du DMP, l’actuelle ministre de la Santé, Marisol Touraine, envisagerait de lancer un… « DMP deuxième génération » moins onéreux et plus efficace. En attendant, le contrat avec la société Santeos, chargée de l’hébergement informatique des dossiers, a dû être reconduit pour un an, moyennant la bagatelle de sept millions d’euros.