Voici la réflexion d'Uli Windisch sur le site Observateurs.ch à propos du référendum suisse du 9 février prochain demandant que l’interruption volontaire de grossesse ne soit plus remboursée par l’assurance de base:
"(...).En réalité, sans être obstinément d’un camp ou de l’autre dans cette votation, je pense que le fond du problème est ailleurs et que les partis dits bourgeois ne voient pas que les sensibilités collectives ont changé et que les vrais débats se situent de plus en plus au niveau des valeurs, et que certaines valeurs qui ont été dénigrées pendant des décennies dans la phase dite de « libération générale des mœurs » depuis les années 1970, reviennent à la surface et reprennent une place parfois de première importance. Ce courant est général et ce serait une erreur que de n’y voir que conservatisme, attitude réactionnaire, vaine nostalgie, intégrisme religieux, etc.
Le changement des valeurs en cours est profond, souvent implicite, et touche aux fondements mêmes de notre culture et civilisation. Cela au moment même où un maximalisme idéologique diamétralement opposé, emmené par exemple par les socialistes très à gauche au pouvoir en France, tente de s’imposer sur les questions de société. Le conflit ne peut être que frontal et total.
Mais la droite devrait comprendre que des valeurs comme la nation, la patrie, la famille et la vie elle-même, et d’autres encore, redeviennent essentielles, et plus fortement encore face à ce maximalisme idéologique de gauche que même mai 1968 n’exigeait pas.
Pour en rester simplement à la valeur de la VIE dont il est question ici, l'image en cause est celle de la vie, de la vie de l’enfant dès sa conception, et cette image a beaucoup changé, également sous l’effet des progrès technologiques qui offrent des images magnifiques de cette vie dès son origine et qui ne laissent personne indifférent. La vie redevient un phénomène extraordinaire, sacré pour beaucoup, dont on suit l’évolution précisément avec images à l’appui (amniocentèses, etc).
Le problème posé par une personne confrontée à un avortement devient beaucoup plus préoccupant et important. Ce n’est plus un acte comme cela l’était dans les années 1970. Un tel acte ne va plus de soi. Les souvenirs, voire les séquelles d’un avortement peuvent poursuivre certaines femmes leur vie durant. Négliger ces changements, c’est ne pas voir la profondeur des mutations en cours, indépendamment des idéologies politiques, qu’on le veuille ou non.
Cela se traduit jusque dans le langage : le mot avortement, bien plus concret et brutal que celui, délibérément euphémisé, d’IVG est de nouveau utilisé même par ceux qui n’en font encore qu’une banale opération chirurgicale. Ils ne s’en rendent même pas compte.
Proposition : développer réellement et sérieusement des conditions permettant aux familles et aux femmes confrontées à ce terrible dilemme de pouvoir garder un enfant même quand cela semble impossible.Il nous faut une vraie politique nataliste. Plutôt que refuser des aides financières et autres, par exemple, aux femmes qui seraient prêtes à avoir trois enfants au lieu de deux, de même à celles qui souhaitent rester à la maison, même quelques années, pour élever leurs enfants plutôt que de les confier mécaniquement et automatiquement à l’ETAT, sous une forme ou une autre. Mais de cela on n’en a pas voulu.
L’immense bonheur que peut procurer un bébé et un enfant devrait retrouver tout son sens de même que les valeurs qui sont ici en jeu (...). Vouloir donner la vie plutôt que faciliter sa fabrication par d’autres ou faciliter sa suppression devrait se situer au-delà des idéologies.
Au-delà des oppositions frontales sur ce thème, travaillons à plus essentiel : à une vraie politique nataliste, au lieu de compter sur l’immigration ou de demander simplement aux femmes d’entrer plus massivement sur le marché du travail. Il en va du type de société que nous voulons et des valeurs qui la fondent, plutôt que d’une opposition entre « progressistes » et « réactionnaires » (...)"