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Ukraine: le doigt, c'est la croix celtique; la lune, c'est le nouvel ordre mondial.

Introduction

L’un des grands malheurs de la mouvance, c’est de se polariser sur la vie, notamment politique, au sein de l’hexagone. On me rétorquera, et l’argument semble de prime abord recevable, qu’il n’est guère surprenant de voir patriotes et nationalistes se préoccuper d’abord, du fait français. C’est oublier, et là se trouve l’erreur des uns et des autres, que les problèmes majeurs ne sont nullement spécifiquement français puisqu’ils sont presque toujours, faits d’importation. Des exemples ? En voilà !
On évoque beaucoup l’immigration. C’est oublier que, par définition, celle-ci ne vient nullement de l’hexagone. De surcroît, n’est-ce pas là phénomène occidental et plus spécialement européen ? Les autres pays européens, ne connaissent-ils pas l’immigration ? La locomotive occidentale que sont les Usa, ne sont-ils pas non plus essentiellement, terre occupée par des immigrés ?
La délinquance est, elle aussi, une des marottes privilégiées : celle-ci explose voici environ une petite quarantaine d’années, plus précisément dans le cadre du tandem Barre-Giscard. N’est-elle pas omniprésente dans presque tous les pays occidentaux ?
Malgré ses échecs avérés, le triomphe dans les esprits du capitalisme, se traduit par un désengagement de l’Etat avec coupes budgétaires qui se traduisent par exemple, par une carence en matière de places de détention, de recrutement de forces de l’ordre comme de magistrats : en quoi est-ce spécifiquement français ?
Par voie de conséquence, puisque le navire français prend l’eau – l’eau est à l’origine extérieure au bateau – ce n’est nullement sur ce dernier qu’il faut agir, mais bien plutôt sur l’eau, c'est-à-dire sur des maux qui sont d’importation.
D’où le nécessaire intérêt, voire même l’obligation, de privilégier l’intérêt pour la partie du monde extérieure à la France, source de la majeure partie des fléaux qui touchent la France : en traitant les causes, on supprimera les effets.

L’emblématique fait ukrainien : « on n’est pas chez mémé ».

Je ne sais si « la politique est l’art du possible » mais on imagine mal entamer une politique impossible. Si nous nous devons de contester – « Pour l’honneur de l’esprit humain » - la dictature des faits, force est de constater que dans bien des cas, ceux-ci sont incontournables et qu’il faut donc quelquefois se résigner et faire avec. C’est ainsi que débordés, un bataillon ou un régiment a intérêt, à effectuer un repli tactique permettant de se reconstituer, afin par la suite de contre-attaquer.
Il existe à l’échelle planétaire, suite à la levée du rideau de fer et donc de la fin du pacte de Varsovie, une omniprésence de l’occident, ce au point que l’on a commencé à appeler les Etats Unis, hyperpuissance. Croire qu’il n’y a plus deux blocs aujourd’hui, au motif de la disparition de l’Urss, est pourtant faux. Simplement, alors que naguère, il y avait relative homogénéité – malheureusement, la voie non-alignée fut un flop – au sein des deux blocs, nous sommes dans l’obligation de reconnaître qu’aujourd’hui, si les pays occidentaux ont une structure politico-économique similaire, tel n’est pas le cas chez leurs opposants : quoi de commun d’un point de vue idéologique entre la Corée du nord communiste, la Perse musulmane, la Russie patriote, la Syrie nationaliste (arabe ?) et la Chine – dans l’esprit du peuple des Chinois tout au moins – nationaliste ?
Je demande au lecteur d’identifier les pays opposés au nouvel ordre mondial parmi les deux centaines répertoriés. Il se rendra alors compte que l’opposition au nouvel ordre mondial est, en nombre de pays sur l’ensemble, résiduel. Si j’ai autant été antisoviétique dès la fin des années 70, ce ne fut pas par coquetterie : je savais l’extension plus qu’inquiétante de la tache rouge sur le monde, ce depuis 1917. Bien évidemment, au fond de moi, j’étais tercériste – refus et du capitalisme et du communisme – mais ce que j’imaginais être un cas désespéré m’a conduit vers l’engagement au sein du bloc dont j’estimais qu’il incarnait le moindre mal. Qu’aurait d’ailleurs pesé mon drapeau à croix celtique dans le cadre d’un conflit, au milieu d’une Europe en guerre, voyant s’opposer forces militaires occidentales et soviétiques ? Soyons prosaïques : il n’existe pas de troisième voie possible entre approbation de la peine de mort et célébration de son abolition : on imagine mal trancher la tête à moitié …
Freud a établi la distinction que l’on connaît si on fréquente les jeunes enfants entre principe de plaisir et principe de réalité : « et puis tu serais mort…, et puis tu serais plus mort.». L’adulte sait lui, qu’il est des faits que l’on se doit d’accepter non par manque d’audace ou de courage, mais justement parce que l’on en dispose. Face à la mort d’un être aimé, l’adulte fait face là où bien souvent à l’enfant, on travestit la vérité parce que trop dure réalité.
Je comprends très bien que l’on ne se reconnaisse pas d’un point de vue idéologique dans les gouvernances russe, nord-coréenne, perse, syrienne ou chinoise mais il est tout simplement débile d’aller torpiller les oppositions au nouvel ordre mondial là où elles existent. Que Vladimir Poutine ne porte croix celtique, ni au revers de la veste ni au bras, j’en suis le premier conscient. Que j’éprouve une sympathie spontanée, naturelle et immature pour les opposants croix-celtisés ukrainiens à l’entente russo-ukrainienne, c’est vrai. Mais je ne suis plus un enfant chez Mémé. Je sais très bien que – malgré eux suite à une bonne volonté doublée d’une carence intellectuelle – les croix-celtisés ukrainiens roulent pour le nouvel ordre mondial.

Le doigt, c’est la croix celtique. La lune, c’est le nouvel ordre mondial.

Philippe Delbauvre http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFAEVEFZulvgxLQocC.shtml

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