Une chronique d'Ivan Rioufol :
"Au delà de la théorie du genre, qui trouve son application en primaire avec les ABCD de l’égalité, c’est aussi la prétention de l’Etat (et de l’Europe) à intervenir jusque dans la sphère privée qui est refusée par les opposants au gouvernement. Car il existe une volonté politique de soustraire l’enfant à ses parents, afin de l’élever dans l’idéologie "républicaine" du moment. Ce mercredi, Le Canard Enchaîné dénonce la "citation travestie" prêtée à la sénatrice socialiste, Laurence Rossignol : "Les enfants n’appartiennent pas à leurs parents. Ils appartiennent à l’Etat". L’hebdomadaire démontre, de manière convaincante d’ailleurs, que la deuxième phrase n’est pas d’elle. Mais cela ne change rien au désir de déposséder les familles de leurs responsabilités éducatives, selon le vieux procédé totalitaire destiné à construire "l’homme nouveau". Il suffit de lire Vincent Peillon. Voici ce que le ministre de l’Education écrit, dans "La Révolution française n’est pas terminée" (Seuil) (pages 17-18) : "C’est à elle (l’école) qu’il revient (…) d’être la matrice qui engendre en permanence des républicains (…). L’école doit opérer ce miracle de l’engendrement par lequel l’enfant, dépouillé de toutes ses attaches pré-républicaines, va s’élever jusqu’à devenir le citoyen, sujet autonome. C’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle Eglise avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la Loi", etc.
Danton expliquait : "Il est temps de rétablir ce grand principe qu’on semble méconnaître : que les enfants appartiennent à la République avant d’appartenir à leurs parents". Un même robespierrisme est reproduit par l’actuel ministre de la Rééducation quand il dit aussi, avec l’aval des socialistes, vouloir "arracher l’élève à tous les déterminismes". Peillon vient d’être appuyé, dans sa promotion expérimentale de l’identité du genre en primaire, par le parlement européen qui a approuvé hier le rapport Lunacek, qui reprend à son compte les exigences des minorités Lgtb (lesbiennes, gays, bi et trans). Ce mercredi, dans Le Figaro, l’américaine Shéhérazade Semsar décrit les absurdités produites par les revendications sur le genre aux Etats-Unis. Cette inscription sur une porte, par exemple, dans une école de Californie : "Si tu te considères comme un garçon, ce sont tes toilettes". Comme le remarque Chantal Delsol (Le Monde du 1 er février) : "On dirait bien que deux totalitarismes ne nous ont pas encore déniaisés, ni découragés de vouloir prendre la place du créateur". La colère de la société civile ne va pas s’apaiser de si tôt, contre cet Etat qui ne respecte plus la sphère familiale et qui transmet aux enfants une idéologie déstructurante, à défaut d’un savoir."