Le ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem s’est dite « choqu(ée) » mi-décembre lors du Grand rendez-vous i-Télé/Europe 1/Le Monde par l’adoption en Espagne sous l’impulsion du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy d’un projet de loi restreignant drastiquement les conditions d’accès à l’interruption volontaire de grossesse . A l’instar d’un communiqué en France du parti communiste notamment, elle a fait part de « sa vive préoccupation ». « Ca m’émeut. Bien sûr que ça me choque ». « J’ai d’ailleurs fait part de ma vive préoccupation à mon homologue espagnol à qui j’ai écrit vendredi », a-t-elle ajouté
« C’est une concession à l’Église et à la droite la plus conservatrice, et un terrible retour en arrière » notait un communiqué du PC, peu ou prou similaire aux jugements des associations féministes. « C’est terrible de voir qu’un pays comme l’Espagne, qui ces dernières années était devenu un petit peu la référence en particulier pour ceux qui se battent contre les violences faites aux femmes (…), puisse s’apprêter peut-être à connaître un recul en matière du droit à disposer de son corps », a expliqué Najat Vallaud-Belkacem
La loi espagnole sur l’avortement de 2010 qui, avec celle sur le mariage homosexuel, fut l’une des grandes avancées sociétales voulue par le précédent gouvernement de gauche, généralisait le recours à l’avortement jusqu’à 14 semaines. Désormais, le texte ne prévoit une autorisation d’avortement que dans deux cas très précis : que l’IVG soit nécessaire en raison d’un grave danger pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme, et la deuxième, que la grossesse soit une conséquence d’un délit contre la liberté ou l’intégrité sexuelle de la femme.
« Le projet de loi espagnol sur l’avortement prouve que l’on peut agir en la matière avec mesure, intelligence et souci du respect de la vie » a noté Jean-Marie Le Pen
A contrario, il est assez ahurissant que pendant ce temps, en France, a été voté mercredi 18 décembre en commission des lois de l’Assemblée nationale, et dans le cadre du projet de loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes, un amendement dans le but de supprimer la notion de situation de détresse d’une femme pour recourir à l’IVG
Cet amendement émane du groupe socialiste, et s’inscrit dans le cadre de ce projet de loi déjà voté par le Sénat. Nous y voyons une volonté évidente de banaliser un acte qui est tout saut anodin. D’ailleurs la Haute Autorité de la Santé, citée dans le rapport de l’IGAS publié il ya trois ans sur la prévention des grossesses non désirées, il était relevé que «L’IVG demeure un évènement souvent difficile à vivre sur le plan psychologique. Cette dimension manque d’éclairage objectif et scientifique ».
Pourtant, dans l’exposé des motifs de l’amendement cité plus haut, les auteurs affirment que la référence « à l’état de détresse de la femme enceinte n’est pas utile puisque la femme est le seul juge de son état. »
Selon un sondage OpinionWay pour Nordic Pharma en mars 2013, 85% des femmes déclarent avoir ressenti une souffrance au moment de l’IVG médicamenteuse, y compris une souffrance morale pour 82% d’entre elles, ou physique pour 67%.
Plus largement, Bruno Gollnisch souligne aussi que la loi Veil, promulguée en 1975, s’est révélée incapable de faire baisser le nombre d’avortements pratiqués chaque année -200 000 IVG, environ un avortement pour quatre naissances.
Selon un sondage Ifop-Alliance pour les droits de la vie paru en mars 2010 dans le quotidien La Croix, 85% des femmes françaises se disaient favorables au droit à IVG, 7% y étant formellement opposées. Pour autant, 61% des sondées estimaient qu’ « il y a trop d’avortements en France ».
Une enquête d’opinion qui conforte singulièrement le vœu du député européen FN de mettre en place une politique volontariste d’accueil de la vie. A l’exact opposé note-t-il « du fatalisme, plus ou moins teinté d’idéologie, des partis de l’Etablissement dans ce domaine qui, en lieu et place d’une politique familiale, préfèrent faire appel à l’immigration de peuplement pour soutenir la démographie en France… ».
« Politique alternative à l’IVG voulue par l’opposition nationale, nous l’avons déjà souligné, à l’image de celle qu’a su entreprendre un pays comme la Croatie, qui grâce à la mise en place de mesures ambitieuses et financées, de programmes éducatifs, a réussi à faire chuter le nombre d’IVG de 82% depuis 1992. Sans interdire pour autant le recours à l’avortement, puisque la législation croate est dans ce domaine, avec la France notamment, l’une des plus libérales du monde. »