La caractérologie a son histoire. Elle commence avec Gratien qui s'aperçoit dès l'antiquité que les hommes peuvent être classés selon leur caractère. Il n'en distingue à l'époque que quatre. Depuis, et notamment au cours du XX ème siècle, les études se sont raffinées et Carl Gustav Jung a fini par en dénombrer seize. Le profil le plus rationnel est qualifié dans la terminologie jungienne est appelé INTP. Il ne représente que 3% de la population. Et il suffit d'appartenir à ce profil pour constater que la rationalité n'est pas le fait de beaucoup. A titre d'exemples, beaucoup dans le cadre de leurs articles utilisent le verbe « démontrer ». Et pourtant à lire leur prose, rien justement n'a été démontré. Tout au plus s'agit-il de « monstration » et non de démonstration. Il n'est pas vraiment contestable d'affirmer que si on demande à autrui s'il est logique, il répondra que oui. Or, la logique s'apprend et nous sommes programmés génétiquement pour ne pas être justement logiques. En fait, pour être vraiment logique, il n'est pas impossible qu'il faille dans un premier temps, connaître la théorie des ensembles. Nos contemporains en sont bien loin.
Dans le cas où un problème ne peut être résolu que de façon expérimentale, il est une erreur ou une malhonnêteté intellectuelle à ne pas commettre. Celles constituant à aller picorer dans la base de données empiriques, uniquement les renseignements qui sont favorables à la thèse que l'on veut soutenir. Exemple trivial, on peut toujours énoncer que les Français portent casquette. Et alors de rassembler puis de montrer des Français par milliers ou dizaines de milliers, portant la casquette. L'affirmation n'en est pas moins fausse puisque des Français ne disposant pas de casquette, il y en a et beaucoup. C'est ainsi que dès lors où l'on manie l'induction, ce doit d'être toujours avec circonspection. Rappelons aussi que pour invalider une thèse, il suffit de trouver un seul contre-exemple.
L'auteur de l'article ne fait pas dans la dentelle. Il est, comme beaucoup, certains d'avoir via son article, contribué à traiter définitivement le problème posé, savoir le primat du libéralisme sur le dirigisme.
Bien évidemment, il n'est pas le seul à agir ainsi et il existe aujourd'hui une fâcheuse tendance à affirmer que les politiques menées sont incontournables. C'est ainsi que de débats, il ne peut y avoir, en matière d'orientation économique. Si d'aventure, on a pour idée de faire l'inventaire des politiques libérales menées depuis une trentaine d'années, on se trouve immédiatement qualifié d'extrémiste ou d'imbécile.
Le problème n'est pas de choisir entre l'omniprésence de l'Etat ou sa totale absence, mais de savoir les parts que doivent être celles accordées au public comme au privé dans l'économie. Tout autre jugement ne peut qu'être caricatural. C'est bien sur le cas pour T qui ne voit que les avantages du libéralisme, se gardant bien de faire une analyse objective, et donc de ne pas montrer aussi ses inconvénients. On sait l'échec des plans quinquennaux soviétiques. Ceux-ci néanmoins ne doivent pas obérer les échecs du libéralisme.
Le fait est que, « pensée calculante », on réduit aujourd'hui simplement le fait économique et social aux seuls chiffres. Je ne sais quel penseur avait fait remarquer qu'un homme dont les pieds seraient dans la braise et la tête dans la glace aurait le corps à température moyenne. Alain Rebours ici même avait déjà mis en garde au sujet du trop fameux et consensuel « miracle économique allemand » (1). Derrière les chiffres flatteurs, mais en trompe-l'oeil, se situe en réalité, une véritable catastrophe morale et sociale.
C'est un vent mauvais qui souffle sur les démocraties européennes (on peut aussi songer aux dérives du « Patriot Act » aux Etats-Unis), dont certains avaient déjà constaté les dérives en évoquant voici deux décennies « la pensée unique ». L'expression est encore plus justifiée aujourd'hui qu'à l'époque et on nous affirme de plus en plus que sur certains sujets, le débat n'a pas lieu d'être. Le Système nous impose le recul de l'Etat comme condition nécessaire de la survie alors même que c'est peu après le début du renouveau libéral (fin des années 70) que les voyants sociaux ont commencé à s'allumer.
Dans la course à la concurrence, pour gagner, il faudra toujours plus rogner que le voisin et ce sera alors une course aux reculs sociaux ainsi qu'à la baisse des salaires. Ceux ci déjà sont atteints sachant qu'ils sont ponctionnés et de plus en plus par de toujours nouvelles taxes. Il est à noter que ces dernières ne sont pas le fait de l'Etat centralisateur puisqu'elles permettent de financer une politique de plus en plus libérale.
C'est dans le mur que nous allons ...
Philippe Delbauvrenotes
(1)http://www.voxnr.com/cc/politique/EFVAZuVuEuPiEsKCLl.shtml
http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuppEkEVlFZjNXnmxV.shtml