Un satisfecit global et quelques doutes. Lundi, José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, a fait de nouvelles recommandations sur la politique budgétaire et les réformes engagées par le gouvernement de François Hollande. Un exercice délicat huit jours après les élections européennes, qui ont vu le FN arriver en tête en France.
Si M. Barroso a estimé que la France allait « dans la bonne direction », la Commission européenne n'a pourtant validé que « partiellement » la stratégie budgétaire de la France.
Dans leur analyse, les experts de la Commission émettent des doutes sur la capacité de la France à ramener son déficit public dans les clous européens, soit en deçà de 3 % du PIB, en 2015. Selon Bruxelles, les prévisions françaises sont trop optimistes :
« Le niveau de détail des mesures d'assainissement budgétaire est insuffisant pour garantir de façon crédible la correction du déficit excessif pour 2015 au plus tard, comme le laisse entrevoir la prévision de déficit annoncée par la Commission pour l'année prochaine (3,4 % du PIB) et compte tenu d'un ajustement structurel sous-jacent qui est très loin d'atteindre le niveau recommandé par le Conseil. »
En 2013, la Commission avait accordé à Paris un délai de deux ans pour parvenir à cette réduction du déficit. « Nous demandons au gouvernement de détailler davantage les mesures qu'il entend prendre pour atteindre l'effet structurel requis en 2015 », a déclaré M. Barroso lors d'une conférence de presse.
DES MESURES PAS ENCORE ADOPTÉES ET AMBITIEUSES
Pour parvenir au seuil de 3 %, le gouvernement français a mis en place un vaste programme d'économies de 50 milliards d'euro, avec pour mesure-clé le pacte de responsabilité proposé aux entreprises pour stimuler l'emploi. Il a depuis annoncé de nouvelles mesures d'économies se traduisant par un effort supplémentaire de 4 milliards d'euros en 2014.
Mais Bruxelles s'inquiète des incertitudes qui entourent l'application de ces mesures. « Des risques pèsent sur les objectifs du gouvernement », souligne l'exécutif européen, pour qui « une partie des mesures supplémentaires pour 2014 annoncées dans le programme doit encore être adoptée et le montant des économies prévues pour 2015 est très ambitieux ».
Malgré ces doutes, Paris s'est félicité que Bruxelles ait « validé les orientations économiques du gouvernement ». Michel Sapin, ministre des finances, a ainsi commenté les analyses de la Commission dans un communiqué :
« La Commission approuve ainsi la stratégie économique d'ensemble du gouvernement, qui vise à réduire le déficit par une maîtrise des dépenses, à diminuer les prélèvements obligatoires pour soutenir la croissance et l'emploi et à mettre en œuvre des réformes de fond pour augmenter la compétitivité, la croissance de long terme et l'emploi. »
Mardi 27 mai, lors du Conseil européen, François Hollande avait plaidé pour « réorienter » l'Europe, et suggéré d'aller vers un plan commun d'investissements publics.
source : Le Monde.fr avec AFP et Reuters