C’est, semble-t-il, à une décomposition du régime plus rapide qu’on pouvait l’imaginer, sinon l’espérer, qu’on assiste aujourd’hui. Et que les élections européennes en aient été la cause occasionnelle n’est un paradoxe que pour ceux qui oublient que l’Europe est pour le pays légal le prétexte qui leur a fait renoncer à la France.
Si les institutions continuent de fonctionner, c’est mécaniquement, car la coupure avec les Français est consommée : ils ne croient plus dans les capacités d’illusionnistes de nos élites dirigeantes, de droite comme de gauche. Le spectacle offert tant par une UMP que l’étalement de ses malversations finit de déconsidérer auprès du pays réel, que par un parti socialiste réduit à la portion congrue — 14% de l’électorat — et, de ce fait, tenté par la mutinerie pour ne pas couler avec le Titanic de l’exécutif, est proprement sidérant. On peut d’ailleurs se demander dans quel monde vivent des représentants du peuple qui ne s’aperçoivent pas que plus ils sont « à gauche », notamment sur les questions de société ou de justice, plus ils sont rejetés par les Français. Un telle surdité aux préoccupations et aux demandes de leurs concitoyens confine à l’autisme.
Chacun sent que le bateau prend eau de toutes parts. Discrédité, le pouvoir peut encore intimider par la répression, il n’est plus respecté dans les consciences. La république paraît à bout de souffle. Nous ne saurions toutefois nous en réjouir si personne n’est là pour prendre la relève. Car un effondrement politique est toujours un moment de faiblesse pour une nation.
Se préparer n’est plus simplement un devoir. C’est devenu une nécessité.
François Marcilhac - L’AF 2887
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Edito-L-AF-2887-La-republique-a