La guerre dans le Donbass a donc entâmé une nouvelle phase qui se traduit pour le moment par un repositionnement des forces de part et d’autre. Et si les indépendantistes, suite au retrait militaire de Slaviansk et de Kramatorsk, connaissent quelques soubresauts (opposition entre Oleg Tsarev et Igor Strelkov notamment), du côté de Kiev l’ambiance n’est pas forcément à savoir raison garder. Les déclarations du nouveau ministre ukrainien de la Défense Valery Gueleteï annonçant un prochain « défilé militaire de la Victoire à Sébastopol ukrainienne » témoignent de la dégradation de la direction militaire de l’Ukraine. Il s’agit du quatrième responsable nommé en six mois à ce poste. C’est ce qu’observe Moscou en ce moment, et la manière dont les forces gouvernementales mènent leur opération, à savoir en privilégiant les tirs d’artillerie et les bombardements contre les populations, témoigne d’un malaise évident au cœur même du commandement kievien. En fait, l’armée est pressurisée par un certain nombre de politiciens, de groupes activistes et d’oligarques qui sont prêts à tout pour satisfaire les exigences de leurs bailleurs de fonds américains, alors que le nombre de demandeurs d’asile ukrainiens est en hausse.
Ambiance hystérique à Kiev : les fauteurs de guerre se sentent le vent en poupe depuis le retrait tactique de la milice à Slaviansk et à Kramatorsk. Outre Ihor Kolomoisky, qui gère son business en faisant assassiner ses compatriotes du Donbass, Arsen Avakov, le ministre de l’Intérieur, et son collègue à la tête du Conseil national de sécurité et de défense, Andriy Parubiy, veulent faire tout ce qui leur est possible pour forcer la Russie à intervenir dans l’est de l’Ukraine. D’ailleurs, Svoboda, dont est issu Parubiy, a le soutien complet de l’Administration US. Il n’y a pas que dans le Donbass où les sbires de ces fous de guerre sévissent : à Karkhov, à Odessa, à Dniepropetrovsk, on enlève et on assassine tous les opposants. Quant à ceux qui refusent d’aller la fleur au fusil massacrer leurs compatriotes dans l’est et le sud-est, Praviy Sektor est là pour les mâter. Ce mouvement d’inspiration ouvertement néonazie, fonctionne un peu comme les commissaires politiques de l’ex-Armée rouge : ceux qui ne veulent pas rentrer dans le rang sont purement et simplement abattus sur le champ.
Des échanges de tirs ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi sur la Place de l’Indépendance (Maïdan Nezalezhnosti) de Kiev, faisant quatre blessés. D’après l’agence Unian, ces affrontements sanglants résulteraient d’un conflit entre activistes extrémistes du Maïdan. Le maire de Kiev, Vitaly Klitschko, a même déclaré que le centre-ville de la capitale ne peut pas être considéré comme sûr pour les habitants. Édifiant !
Dans son confortable bureau, le néonazi Parubiy (il fut cofondateur du parti social-national ukrainien, ouvertement néonazi), affirme de façon péremptoire préparer le « blocus complet » de Lugansk et de Donetsk, alors que pendant quatre mois les forces de sécurité ukrainiennes n’ont pas été en mesure de bloquer complètement Slaviansk et Kramatorsk et n’ont pas été capables d’éliminer les forces indépendantistes qui défendaient cette zone. Dans ces conditions, il est légitime de s’interroger sur les capacités de la junte à bloquer les grandes agglomérations régionales, vingt fois plus importantes.