Tout pourrait sembler être rentré dans l'ordre ce 28 septembre. Comme prévu, l'UMP et l'UDI ont progressé. Elles l'ont fait un peu plus que prévu, ayant gagné respectivement 15 et 7 sièges de la Haute assemblée. Disposant de 145 et 38 sénateurs, soit une majorité de 183 contre 152 aux diverses formations de gauche, communistes compris, et 2 au front national, le centre droit reconquiert logiquement cette chambre, reflet des implantations locales.
Aucun commentateur agréé n'a vraiment semblé s'émouvoir. La république, comme à l'accoutumée, se défend elle-même beaucoup mieux qu'elle n'assure l'intérêt du pays. Ainsi, pour une fois les services compétents de la présidence ont-ils bien fonctionné : ils ont su faire relayer les messages médiatiques adéquats.
Le Cambadélis de service avait même pu donner, le soir du scrutin, le signal de la communication socialiste. Sur son ton d'autosatisfaction bonhomme, si souvent exaspérant, et dont il détient le secret, on l'a entendu développer le thème : "la gauche résiste". L'élection au Palais du Luxembourg, sur l'étiquette de leur parti, de deux personnalités se réclamant de la droite nationale, pour la première fois depuis 50 ans, lui paraissait même un non-événement.
Discrètement par ailleurs le ministère des Finances n'a publié que le 20 septembre le montant de la fameuse réserve parlementaire du Sénat, dont la transparence avait été décidée pourtant depuis 2013. Ce tout petit échantillon des gaspillages du régime est conçu pour permettre de réamorcer utilement une recharge de notre bon vieil antiparlementarisme. Les pseudo-décideurs gouvernementaux n'hésiteront pas à s'en servir, à petite dose, dans les mois à venir. Ils mobiliseront l'argument contre les seuls sénateurs, pour le moment, sauf à remarquer un peu trop de rouspétance, au-delà des quantités prescrites chez les députés frondeurs. On remarque déjà que les plus notables piques révélées par Bercy concernent telle sénatrice UMP finançant à hauteur de 50 000 euros une statue, sûrement très belle, dédiée au culte gaulliste.
Premier mouvement, par conséquent, de la propagande officielle : circulez il n'y a rien à voir. La perte de plus du tiers de leurs mandats, par les derniers radicaux-socialistes du RDSE, force d'appoint de la gauche, l'élimination même de Jean-Michel Baylet, l'héritier de la Dépêche de Toulouse, dans son fief du Tarn-et-Garonne, ne doit pas émouvoir la si brillante gauche parisienne et strauss-kahnienne des anciens trotskistes.
Deuxième temps, deuxième mouvement, qui devrait se manifester assez vite : on nous répétera qu'une telle assemblée coûte cher et ne sert pas à grand-chose.
Pas entièrement faux pensera peut-être une partie de nos amis lecteurs. Rétorquons-leur que, si on se préoccupe de diminuer les frais des assemblées, on pourrait s'intéresser d'abord au conseil économique et social et aux innombrables observatoires, hauts comités, hautes autorités, sous-commissions, etc. qui pavent le parcours, intoxiquent l'opinion et accaparent le débat public.
Le coût d'une assemblée, d'une collectivité, d'une instance de pouvoir ou d'une quelconque administration ne doit d'ailleurs pas seulement se mesurer aux dépenses spécifiques qu'elle génère mais bien plus encore aux gaspillages qu'elle engendre par sa démagogie dépensière. Bien entendu on aimerait entendre nos gouvernants s'appliquer à eux-mêmes les restrictions qu'ils imposent, trop rarement, à leurs fonctionnaires. Certains gouvernements étrangers le font parfois pour pouvoir donner l'exemple : une attitude moraliste disconvient en général à nos élites.
Nous sommes donc entrés dans une phase où les faux-semblants, les demi-vérités, les opérations de diversions vont se multiplier. Ne nous laissons prendre à aucune de ces tricheries.
JG Malliarakis