On a beau avoir vu pas mal de choses du même genre, on reste quand même surpris de l'arrogance du vieil appareil stalinien de la CGT.
Cette bonne vieille nuisance, reliquat des idées de lutte des classes du XIXe siècle, aurait pu marquer une pause, s'interroger sur les dérives de sa propre direction, nettoyer son secrétariat général.
Les révélations du Canard Enchaîné, en date de ce 29 octobre marquent quand même un point fort dans la découverte de l'imposture misérabiliste d'une centrale si puissamment aidée par des ressources qui n'ont rien à voir avec les cotisations de ses adhérents.
Dès que ces informations furent connues des salles de rédaction, c'est-à-dire la veille dans la soirée les médias ont réagis.
À 19 h 13, sur son site internet, Le Figaro commence ainsi le résumé de la situation : "Le syndicat a payé au prix fort la rénovation d'un appartement de 120 m2 à deux pas du château de Vincennes."
Et curieusement il titre : "Lepaon fait payer ses 130 000 euros de travaux par les militants de la CGT". (1)⇓
Cette présentation biaise un peu la réalité. En effet, s'il y a bien longtemps que les excellentes chroniques de feu Michel-Pierre Hamelet ne donnent plus au vieil organe de presse bourgeois "les informations que L'Humanité refuse à ses lecteurs" ceux-ci ne peuvent pas ignorer que le financement de la centrale communiste repose sur une base qui échappe à la notion de militantisme.
Plus prudent "Le Monde", à peine une demie d'heure plus tard, à 19 h 40, met en ligne un article qu'il consacre à la "coûteuse rénovation de l'appartement de Thierry Lepaon". À noter que désormais le patronyme du secrétaire général est orthographié en un seul mot, peut-être s'agit-il d'une consigne destinée à éviter les confusions.
"L'Humanité" du 30 octobre, publie un petit article sur le mode objectif : "L’appartement de Thierry Lepaon fait polémique". La journaliste laisse cependant poindre une légère irritation car s'indigne-t-elle : "Manuel Valls saute sur l’occasion". Et de donner le lien avec la réaction de la centrale.
Dès la veille, 29 novembre le bureau confédéral siégeant à Montreuil avait diffusé une note qu'il destinait "aux organisations et aux militants de la CGT." Ceux-ci ont probablement été émus puisque leur bureaucratie dirigeante parle des "pressions médiatiques", certainement cruelles, qu'ils subiraient à proportion de cette affaire. Mais les staliniens tiennent bon et concluent sur le mot d'ordre bravache, qui nous ramène plusieurs décennies en arrière : "… cela démontre que la CGT gêne et que tous les prétextes sont bons pour essayer de l'affaiblir.
Pour autant nous devons rester concentrés et déterminés à nous battre face au recul social sans précédent que les salariés subissent. Le prochain Comité Confédéral National permettra de débattre de notre stratégie revendicative dans la période et fixera les perspectives qui nous permettront de continuer à amplifier la mobilisation des salariés."
Impavide en effet, l'appareil stalino-cégétiste reste généralement impuni dans la pratique. Le jugement du 1er octobre condamnait quelques bureaucrates pour les détournements au comité des œuvres sociales d'EDF, pour des pratiques qui durent depuis 1946, et qui alimentent le parti communiste et L'Humanité. Mais qu'on se rassure, c'est pour de rire : personne n'ira en prison, personne ne repassera par la case départ, et personne ne remboursera un sou. (2)⇓
La centrale communiste prépare donc actuellement la grève dans les transports. Destinée à empoisonner la vie des gens le 4 novembre, cette mobilisation n'a aucun caractère revendicatif concret. Elle se propose d'agiter l'opinion contre ce que la CGT-Cheminots appelle la "privatisation" et "le dumping social". En fait, elle se dresse contre toute notion de concurrence. Rien n'assure d'ailleurs que ce "mouvement" rencontrera le succès espéré, à la SNCF mais aussi dans les transports urbains, les tramway, les métro, le RER.
Mais qu'importe : il s'agit de faire de la politique et de montrer que la CGT reste la seule force syndicale susceptible de faire reculer la classe politique et geler, encore plus, toutes les réformes nécessaires au redressement du pays.
JG Malliarakis
Apostilles
- sur le site du Figaro. ⇑
- On se reportera à notre chronique du 7 octobre "L'Omertà de la CGT fonctionne toujours". Depuis, un bon article est paru dans Le Point le 20 octobre. ⇑
http://www.insolent.fr/2014/10/lincroyable-impunite-de-la-cgt.html