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L'UMP est en pleine crise existentielle

Collaborateur du Centre d’étude de la vie politique (Cevipol) à l’Université libre de Bruxelles, le politologue Gaël Brustier vient de publier Le Mai 68 conservateur. Que restera-t-il de la Manif pour tous ? (éditions du Cerf). Il répond à Libération :

 
 

"Prise en tenaille entre l’énorme vivier du national-populisme de Marine Le Pen et la nouvelle génération conservatrice, la droite est en pleine crise existentielleSes leaders sont paumés, ou opportunistes tel Nicolas Sarkozy, alors que des hommes comme Séguin ou Chirac n’auraient jamais cédé à des pressions de cet ordre. La contestation des élites a aussi été un terreau de LMPT : certains évêques ou prêtres, jugés trop mous, ont été mis à l’index, tandis que des UMP comme Luc Chatel, Nathalie Kosciusko-Morizet ou Bruno Le Maire étaient interdits de manif pour leurs positions jugées trop molles. Dans l’actuelle course à la présidence de l’UMP, Sarkozy comme Le Maire ont d’ailleurs durci sensiblement leurs discours.

La droite française reste-t-elle le principal débouché électoral de LMPT ?

Dans ces familles, qui sont pour la plupart catholiques, le poids d’une certaine tradition perdure et les interlocuteurs politiques naturels restent le plus souvent de droite. Les zones les plus mobilisées autour de la Manif pour tous ont été des terres historiques de l’UMP mais aussi de l’UDI, dont on sous-estime souvent l’engagement de certains membres dans les sphères conservatrices. Tous ont couru après le mouvement et même le FN en envoyant Marion Maréchal Le Pen, qui entretient des liens avec certains milieux catholiques, a fait le pèlerinage de Chartres en 2013 et est reconnue par cette génération conservatrice… [...]

Les milieux catholiques conservateurs proposent davantage que la gauche une réponse aux angoisses du temps présent. Au pouvoir ou plus radicale, la gauche, dont une partie est tombée dans le social conservatisme, semble saisie par la trouille. Elle est idéologiquement en panne, c’est notamment flagrant sur l’urgence environnementale et les mesures écologiques. De plus, en réduisant les défilés de LMPT à une France «moisie», la gauche a omis de répondre à la question la plus importante pour une communauté humaine, a fortiori s’il s’agit d’une nation : la définition qu’elle se donne d’elle-même. Blum, Jaurès ou Mendès l’avaient fait en leur temps. Où est à gauche la vision de long terme qui transcende l’actualité et les mesquineries du clivage droite-gauche dans la vie politique française ? Au PS, le débat entre l’exécutif et les «frondeurs» ne porte que sur l’affectation de 12 milliards d’euros aux ménages plutôt qu’aux entreprises… c’est peu de chose ! La gauche au pouvoir semble privée de boussole par rapport à ce qu’est son histoire, à ce que pourrait être un projet émancipateur et à ce que sont les aspirations de la société. [...]"

Michel Janva

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