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La crise creuse les inégalités en France

Dans son ouvrage «France, portrait social 2014» (1), l'Insee apporte de nouveaux éclairages sur les conditions de vie, l'éducation, les salaires, la famille ou encore l'immigration. Un document très fouillé qui dresse un tableau contrasté de l'Hexagone après la crise de 2008.

La nouvelle édition de «France Portrait social», réalisé par l'Insee, est une mine de données chiffrées qui permet de dresser un état des lieux de la situation sociale de la France après plusieurs années de crise. Extraits choisis.

● Plus de 2 millions d'allocataires des minima sociaux d'insertion. La crise a aggravé le phénomène de persistance dans le chômage. Alors que le chômage a augmenté de 43% entre 2008 et 2013, le nombre de chômeurs de longue durée en France s'est lui accru de 56% et concerne 1,1 million de personnes. Un phénomène qui se retrouve dans toute l'Europe, à l'exception de l'Allemagne. La crise a frappé plus durement les catégories les plus exposées: les personnes peu diplômées, les ouvriers, les employés, les jeunes, les parents isolés et les immigrés. Résultat, le nombre d'allocataires du RSA socle a augmenté pour atteindre 1,7 million d'allocataires fin 2012 (+26% par rapport à fin 2008), de même que le nombre de bénéficiaires de l'allocation de solidarité spécifique (ASS) qui grimpe de 27%, à 0,4 million de bénéficiaires.

● Salaires freinés et impôts en hausse. Depuis la crise, le revenu salarial progresse plus lentement (+0,2% par an en euros constants sur 2007-2012, contre + 0,6% sur 2002-2007) et s'établit à 20.100 € en moyenne en 2012. Si les écarts de salaires entre hommes et femmes se resserrent, le salaire moyen des femmes reste inférieur de 26% à celui des hommes. L'Insee note que l'accroissement des prélèvements en 2013 a légèrement réduit les inégalités de niveau de vie des ménages. La reconduite du gel du barème de l'impôt et de la prime pour l'emploi, ainsi que la fin de l'exonération fiscale des heures supplémentaires, ont concerné l'ensemble des ménages imposés et l'impôt sur le revenu a augmenté de 280 euros par ménage imposé en moyenne. Les ménages les plus aisés ont été touchés par la création d'une tranche supplémentaire d'imposition à 45%, la réduction de l'avantage du quotient familial et la réduction de l'abattement pour les frais professionnels. L'impôt sur le revenu des 10% les plus aisés a ainsi augmenté de 800 euros en moyenne.

● Des quartiers prioritaires plus ciblés. En 2014, l'État a recentré son action sur 1.300 quartiers prioritaires, contre 2.500 auparavant, répartis sur 700 communes. La population couverte par la politique de la ville passe ainsi de 7,8 millions à un peu moins de 5 millions. Presqu'un tiers de la population concernée vit dans l'agglomération parisienne et 39 % dans une agglomération d'au moins 200.000 habitants. Les régions Centre, Languedoc-Roussillon et Picardie, qui abritent davantage de quartiers en difficulté, ont vu leur poids relatif dans la politique de la ville fortement augmenter.

● Des sans domicile étrangers majoritairement originaires d'Afrique. En 2012, dans les grandes agglomérations, on compte 81.000 adultes et 31.000 enfants sans domicile. Parmi eux, 45.000 adultes (55%) sont nés à l'étranger: 60% sont originaires d'Afrique (23% du Maghreb et 35% du reste du continent) et près d'un tiers sont originaires de l'est de l'Europe. Un sans domicile sur dix est «sans-abr» et dort dans la rue, les autres sont accueillis dans les différents hébergements mis à disposition par des associations ou des organismes d'aide: 33% en centre collectif où l'on peut rester la journée, 29% en logement, 16% en hôtel, 12% en centre collectif qu'il faut quitter le matin. Les sans domicile se situent à 44% dans l'agglomération parisienne.

● La famille traditionnelle reste prédominante. En matière de situations familiales, les grandes tendances sont les mêmes dans le secteur privé et dans la fonction publique: 43% des salariés du privé vivent avec au moins un enfant de moins de 18 ans, contre 45% dans la fonction publique. 21% des salariés du privé sont à la tête d'une famille nombreuse, contre 23% dans la fonction publique. Et 80% vivent en famille «traditionnelle» (ni monoparentale, ni recomposée), contre 78% dans la fonction publique. Mais, la stabilité de l'emploi joue sur la situation familiale: les salariés en CDD ou contrat court vivent moins fréquemment avec des enfants de moins de 18 ans.

● Enseignants des rémunérations plus faibles que les cadres de la fonction publique. A la rentrée 2013, on comptait 380.000 enseignants dans les collèges et lycées publics pour 4,6 millions d'élèves. L'anticipation de conditions de travail parfois difficiles en début de carrière concourt probablement aux difficultés de recrutement constatées depuis 2011: les enseignants débutants sont plus souvent affectés en région parisienne, sur des postes de remplaçants ou en zone prioritaire. En comptant les heures de cours et le temps de travail hors classe, les enseignants du second degré public déclarent travailler en moyenne plus de 40 heures par semaine et 20 jours pendant les vacances scolaires. En 2011, ils touchaient, en moyenne, 2.740 € nets par mois, primes et heures supplémentaires comprises. Agrégés et certifiés ont ainsi des rémunérations nettes plus faibles que les cadres de catégorie A non enseignants de la fonction publique d'État, dont le salaire moyen est de 3.300 € nets mensuels en équivalent temps plein. De fait, ces derniers perçoivent un tiers de leur rémunération sous forme de primes.

Marie-Cécile Renault

notes : (1) http://www.insee.fr/fr/publications-et-services/sommaire.asp?ref_id=FPORSOC14

SourceLe Figaro :: lien

http://www.voxnr.com/cc/d_france/EuEyFAVAAEjUJGWbjy.shtml

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