Lu dans Les 4 Vérités :
"Ce que je trouve très instructif, c’est que Nicolas Sarkozy ne souhaitait manifestement pas tenir ces propos. Il en serait volontiers resté au slogan mi-chèvre, mi-chou qu’il défendait jusqu’à la semaine dernière d’une « réécriture de la loi Taubira » qui, comme la fameuse « réécriture du Traité constitutionnel européen » avait l’immense avantage de lui éviter de s’engager sur quoi que ce soit… Concrètement, c’est la pression de la salle qui l’a d’abord forcé à abandonner son discours destiné à noyer le poisson pour répondre aux questions précises des animateurs de Sens commun. Et, ensuite, à lâcher le mot « abrogation ».
Je ne vous cache pas que c’est, pour moi, une grande surprise. Je n’aurais jamais cru que les militants de Sens commun pourraient ainsi déborder leurs dirigeants qui, de leur côté, se préparaient manifestement à être beaucoup plus respectueux pour le « grand chef ». Sauf erreur de ma part, c’est la première fois depuis des décennies, au moins à droite, que de « simples » militants forcent en direct l’un de leurs « représentants » (qui, trop souvent, les représentent si mal) à changer d’avis.
Oh, bien sûr, Nicolas Sarkozy peut dire qu’abrogation et réécriture, c’est la même chose. Mais, symboliquement, cela n’a rien à voir – et les médias ne s’y trompent pas. Bien sûr, aussi, nous savons bien que « les promesses n’engagent que ceux qui y croient » et, d’ailleurs, la portée de cette abrogation reste bien floue. Mais, sans préjuger de ce qui va se passer pour la présidence de l’UMP, puis lors des élections à venir, notamment celles de 2017, cet événement me semble extrêmement riche d’enseignement et d’espérance. Les électeurs de droite semblent enfin comprendre qu’un certain nombre de leurs prétendus « représentants » pensent, en réalité, le contraire de ce qu’ils pensent eux-mêmes. Ils semblent enfin décidés à refuser de faire un chèque en blanc à ces « représentants ». Et, surtout, nous commençons à voir que, pour qu’une stratégie soit réellement efficace, elle doit être portée dans la société civile et dans l’ensemble des partis de droite. Les militants pro-famille n’ont obtenu cette victoire symbolique (qui n’est évidemment qu’une première étape, mais qui relance puissamment le débat) que parce que les milliers d’adhérents à Sens commun étaient soutenus par les centaines de milliers de manifestants de la Manif pour tous et parce que, par ailleurs, le FN ayant toujours déclaré qu’il abrogerait la loi Taubira, une bonne partie des électeurs UMP présents dans les manifestations risquaient d’être « tentés » par le vote FN."