L’arrêt de certains financements par la Banque centrale européenne a secoué la Bourse d’Athènes et ravivé les tensions politiques.
Il faudra s’y habituer : la saison 2015 du feuilleton « Grèce, la crise » alternera scènes de réconciliation et séquences de haute tension, ponctuées de coups de théâtre. Celui provoqué mercredi soir, après 22 heures, par la BCE, a crispé les acteurs de cette tragédie grecque sur toute l’étendue de la scène européenne au cours de la journée de jeudi.
La Banque centrale européenne (BCE) a en effet annoncé - en prenant tout le monde par surprise - qu’elle privait la Grèce de sa principale source de financement en suspendant le régime dérogatoire qui l’autorisait à accéder au robinet de la BCE malgré des titres publics de qualité médiocre. Obligées de se replier sur une ligne d’urgence révocable à tout moment, les banques grecques sont les premières affectées par cette décision. L’État grec voit également son refinancement à court terme compromis.
Manifestation à Athènes
À la Bourse d’Athènes, la réaction ne s’est pas fait attendre. Dès l’ouverture, le principal indice a plongé de 9,3 %. Surtout, les titres des principales banques, déjà malmenés au lendemain de la victoire électorale de Syriza, se sont effondrés : de 18 % pour Eurobank, de 25,6 % pour la National Bank et jusqu’à 27 % pour Piraeus Bank.
La décision de la BCE est « légitime », a déclaré François Hollande. Vu d’Athènes, la perception est évidemment radicalement différente. De retour de sa première tournée européenne qui l’avait mené la veille à Bruxelles et à Paris, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, s’est empressé de dénoncer le « chantage » de la BCE. « La terreur et le chantage sont finis », a-t-il déclaré devant les 149 députés de son parti, au Parlement. Déterminé à « mettre fin à la troïka » et au « cauchemar de l’austérité », Tsipras a assuré que « la Grèce ne prendra plus d’ordres, en particulier des ordres par e-mails ».
Sur la place Syntagma, lieu de toutes les manifestations anti-austérité depuis cinq ans, quelque 5 000 personnes se sont rassemblées, sans forces de police ni barricades, pour soutenir le chef du gouvernement de la gauche radicale et conspuer Mario Draghi. La dénonciation du chantage a trouvé des échos à Paris. Le Parti socialiste s’est démarqué du chef de l’État en « regrettant » le geste de la BCE. Beaucoup plus vigoureuse, Marine Le Pen a dénoncé « une mesure d’une exceptionnelle agressivité » qui confirme, selon la présidente du Front national, que l’Union européenne ressemble de plus en plus à « une dictature ». Le Parti communiste a pour sa part appelé à un rassemblement devant la Banque de France, dont le gouverneur, Christian Noyer, siège au conseil de la BCE, « pour le respect du vote des Grecs ». [....]
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