NKM agace Sarkozy et le patron de l'UMP n'a qu'une confiance relative en Laurent Wauquiez. A la veille du changement de façade du parti, qui doit être rebaptisé Les Républicains ce week-end, la N°2 et le N° 3 seraient sur la sellette. Et l'on parle d'Eric Woerth ou de Luc Chatel pour leur succéder.
Sous le vernis du rassemblement, les couteaux s'aiguisent déjà à l'UMP. A la veille du congrès fondateur des Républicains, le siège de la rue de Vaugirard bruit de rumeurs sur un remaniement à la tête du parti dans les prochains jours.
La vice-présidente Nathalie Kosciusko-Morizet pourrait, de sources concordantes, quitter son poste si elle n'obtient pas des garanties sur sa liberté de parole, à laquelle elle tient mordicus. Il s'agirait, dans cette hypothèse, d'une séparation à l'amiable. Les crispations se sont en effet accumulées depuis des mois entre le patron de l'UMP et sa numéro deux sur la question de l'islam, les menus des cantines scolaires ou le choix du « ni-ni » face au FN.
Le secrétaire général Laurent Wauquiez pourrait en faire les frais par ricochet. « Sarkozy ne peut pas se séparer de l'un et garder l'autre. Et il a peur du manque de loyauté de Wauquiez... », glisse un fidèle de l'ex-président. « Dans les jours qui viennent, il va consulter.On va avoir un nouveau parti, un nouveau nom, de nouveaux statuts, donc il faut engager une nouvelle dynamique. Depuis six mois, il a pu voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. On a besoin d'une équipe de combat », indique son entourage. Le message est clair : plus question de notes dissonantes !
Mercredi après-midi, Sarkozy a laissé éclater sa colère froide contre NKM lors de la réunion de la commission exécutive du parti. L'ancienne ministre de l'Ecologie, qui assistait aux cérémonies du Panthéon en tant que cheffe de l'opposition municipale à Paris, était absente. A peine arrivé dans la salle, l'ancien président s'en est agacé : « C'est la dernière commission exécutive de l'UMP, et il y en a qui ont choisi d'aller au Panthéon ! Il y en a qui font des choix, parfois on se demande... »
Convié par l'Elysée, Sarkozy avait pour sa part décliné en prétextant des obligations professionnelles. « La vérité, c'est qu'il avait peur de se faire siffler en remontant la rue Soufflot (Paris Ve), car la claque avait été organisée pour Hollande », confie un dirigeant du parti. Sarkozy ne s'est pas arrêté là. Pendant trois quarts d'heure, il a ciblé NKM, sans la citer, mais en fixant ostensiblement son bras droit Jérôme Peyrat selon des témoins. « Il y en a qui jouent collectif, et d'autres qui prennent des postures personnelles pour faire de la mousse ! De toute façon, tout ça va bientôt s'arrêter, ça va changer... », a-t-il lancé, menaçant.
« C'est la Saint Nathalie ! », a grincé un élu dans la pièce. Si l'ex-président a laissé percer son courroux, c'est qu'il n'a pas apprécié que NKM se prononce publiquement pour une baisse massive des impôts de 100 milliards d'euros dès 2017 si la droite revenait au pouvoir ou ses critiques sur la convention que le parti avait prévue sur l'islam, qui se tiendra finalement à huis clos. L'ambition de l'ex-ministre de postuler à la primaire l'agace aussi prodigieusement.
« NKM et Wauquiez sont un peu en danger », conclut un responsable UMP. Déjà, des noms circulent pour leur succéder, à prendre avec précautions : Eric Woerth, relaxé ce jeudi dans l'affaire Bettencourt, et Luc Chatel. Mais à ce stade, rien n'est acté. « Il y a une réflexion », temporise l'entourage de Sarkozy. Un membre de la direction attend de voir : « Il a plutôt envie de bouger les choses sous le coup de l'énervement. Il est agacé. Mais est-ce qu'il le fera vraiment ? »
Nathalie Schuck Le Parisien :: lien