« Ils veulent sa peau », disions-nous hier, à propos de Nadine Morano, « coupable » d’avoir dit que « la France est un pays majoritairement de race blanche ». « Ils » vont l’avoir ! Mais ce n’est pas la gauche, les mouvements « antiracistes » ou la justice, « ils », ce sont ses amis politiques. Au premier chef Nicolas Sarkozy qui a convoqué les instances du parti afin qu’elles lui retirent l’investiture pour les élections régionales.
D’ordinaire, quand, à droite, il y a un « dérapage », selon la métaphore routière désormais consacrée, les responsables de la formation à laquelle appartient le fautif l’abandonnent rapidement après l’avoir soutenu un instant du bout des lèvres. Là, rien de tel ! La gauche politico-médiatique n’a même pas eu le temps de demander la tête de l’élue européenne que le parti l’a déjà décapitée.
On se dit que son propos doit être abominable pour justifier un traitement aussi expéditif, or, elle n’a que repris une phrase du général de Gaulle, rapportée par Peyrefitte dans C’était de Gaulle : « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. » Rien n’y fait ! Tête de liste LR en Alsace, Philippe Richert ne veut plus d’elle : « Nos valeurs constituent un socle qui rassemble les membres de la liste de la droite et du centre sur lequel nous ne souhaitons pas transiger. Les positions de Nadine Morano ne sont pas compatibles avec cette approche. » Sa position étant donc que la France n’est pas un pays majoritairement de race blanche, affirmation qui constitue le socle des valeurs de la droite et du centre alsaciens !
À l’initiative de Yazid Knibiehly, lycéen en classe de première à Strasbourg et bien connu de sa concierge, une pétition circule demandant son exclusion du parti. Yazid – signifiant « le meilleur » en arabe – Knibiehly n’avait pas besoin de se dévouer, NKM l’avait précédé, bientôt rejointe par des élus européens pour exiger son exclusion. Nadine Morano n’est pas de nos amis politiques, mais nous espérons que cette amère expérience l’empêchera désormais de prendre part au procès en sorcellerie dont sont régulièrement victimes des personnalités du Front national.
Sarkozy et les autres avaient espéré qu’elle se désavouerait elle-même en expliquant qu’on l’avait mal comprise, qu’elle n’avait pas dit cela et qu’elle pensait même le contraire. C’est ce que ses homologues font d’ordinaire. Mais, non ! Elle persiste : « Évidemment que je maintiens mes propos, je n’ai rien dit de répréhensible. » Sarkozy aurait voulu quoi ? Qu’elle dise : « La France n’est pas majoritairement de race blanche, d’ailleurs vous n’avez qu’à regarder dans le métro il y a plus de Noirs et d’Arabes que de Blancs » ? À notre avis, ce démenti aurait aggravé son cas…
Disons-le en terminant : nous sommes inquiets pour Anne Hidalgo qui, samedi, organise, avec la RATP, une « nuit blanche » à Paris. Cette persistance à appeler « blanche » une nuit noire depuis toujours, ne dissimulerait-elle pas un racisme latent ? Nous laissons cela à l’appréciation du tribunal médiatique…
Guy Rouvrais