Les patrons des deux principaux partis ont des préoccupations inverses : l'un cherche à ouvrir des bureaux de vote, l'autre veut en limiter le nombre.
Tous les parents redoutent ces robots téléphoniques qui veulent piéger leurs enfants à l'approche de Noël avec des numéros d'appel surtaxés : « Bonjour, si tu veux parler au père Noël, appuie sur la touche étoile de ton téléphone. » Là, il n'y a rien à payer, mais le messager tutoie aussi son interlocuteur : « Bonjour, c'est Jean-Christophe Cambadélis, je viens te parler de notre référendum. [...] L'enjeu, tu le connais : l'extrême droite veut remettre en cause la République. » Non, ce n'est pas un gag, mais la stratégie de saturation téléphonique mise en place par le premier secrétaire du PS à destination des adhérents de son parti.
Le référendum pour l'unité de la gauche qu'il a inventé il y a quelques semaines, et auquel Manuel Valls a apporté publiquement un soutien appuyé, se tient du vendredi 16 octobre au dimanche 18. Mais la mobilisation est faible, très faible. D'où les appels désespérés du premier secrétaire, qui disait viser les 300 000 participants, et se contenterait désormais de 200 000, voire moins.
Une pénurie de militants pour assurer les permanences ?
L'appareil socialiste a pourtant fait les choses en grand : kit de campagne à télécharger contenant un tract à imprimer, un visuel pour les réseaux sociaux, une « cover » Facebook, une autre Twitter ; tutoriel pour parer sa photo sur les réseaux sociaux aux couleurs du « oui à l'unité »… Et bien entendu, une liste des points de vote par département.
Et là, c'est la panique à bord. Pas un seul lieu, pas un seul créneau horaire dans la Nièvre, ancien département d'élection de François Mitterrand, pas plus que dans la Somme, la Creuse ou les Côtes-d'Armor. Chez François Hollande, en Corrèze, les électeurs de gauche vont devoir viser juste : les trois bureaux ne sont ouverts que le samedi jusqu'à midi. C'est bien entendu le manque de militants pour assurer les permanences qui explique cette pénurie.
Un message d ' espoir pour Sarkozy ?
À Neuilly-sur-Seine, où les sympathisants de gauche, il est vrai, ne pullulent pas, les électeurs disposeront de deux heures, le vendredi de 17 heures à 19 heures, pour voter. C'est peu ! Et cela pourrait donner des idées à l'ancien maire de cette ville Nicolas Sarkozy. Celui-ci, qui a dû se résoudre de mauvaise grâce à l'organisation d'une primaire à droite, a déclaré lundi 12 octobre, lors d'une réunion à huis clos au siège des Républicains, qu'il faudrait réduire le nombre de bureaux de vote de 10 000 à 8 000, au prétexte qu'il n'y aurait pas assez de militants pour les tenir. Le PS, pour la présidentielle de 2012, y était pourtant parvenu. Mais là où le patron du PS est prêt à tout pour multiplier les points de vote à son référendum, celui des Républicains préférerait en revanche les limiter au maximum pour la primaire : plus le scrutin sera ouvert, plus ses deux compétiteurs Alain Juppé et François Fillon auront leur chance !
Sophie Coignard
source : Le Point :: lien