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Élisabeth Lévy : « Au-delà de l’émotion, il faut penser la crise des migrants »

Le dernier Causeur est dans les kiosques. Pour la journaliste Élisabeth Lévy, certains Européens redoutent « une nouvelle vague migratoire qui leur sera imposée alors qu’ils ne parviennent pas à intégrer les précédentes. »

 

LE FIGARO. - Le nouveau numéro de Causeur est consacré à la crise des migrants. En sous-titre, vous affirmez : « La compassion n’est pas une politique. L’égoïsme non plus ». Certes, il faut sans soute dominer l’émotion, mais encore faut-il l’avoir tout d’abord ressentie, cette émotion…

Elisabeth LEVY. - Pour commencer, il ne peut pas y avoir de devoir d’émotion. Or après la publication de la photo du petit Aylan Kurdi, non seulement nous avons été sommés de manifester notre émotion, et de la manifester bruyamment, mais toute tentative de réflexion, de mise en perspective, d’analyse a été tenue pour une preuve d’inhumanité, une sorte de trahison de l’espèce. Bien entendu, cela n’a duré que quelques jours, mais pendant lesquels le chantage compassionnel a atteint un niveau qu’on n’avait pas connu depuis longtemps. On aurait voulu que l’image de cet enfant nous interdise de penser. Je crois au contraire qu’elle nous ordonne de le faire. Raison pour laquelle je suis heureuse de publier le dialogue de très haut vol à ce sujet entre Renaud Camus et Alain Finkielkraut.

Vous n’avez pas répondu. Prétendrez-vous n’avoir rien éprouvé en la voyant ?

Bien sûr que j’ai été bouleversée, et alors ? Que faire de cette émotion, que suggère-t-elle ? Souffrir pour cet enfant est à la portée de n’importe qui, c’est le degré zéro de l’empathie humaine, c’est la preuve qu’on fait partie de la famille humaine. Penser avec lui, c’est autre chose. Or, alors que cette image raconte une situation infiniment complexe, on s’est empressé de lui faire dire des choses simples et même simplistes. Le seul choix, après Aylan, c’était l’accueil illimité pour éviter d’autres Aylan. On ne discute pas avec la mort d’un enfant, on ne pèse pas le pour et le contre, on ne marchande pas. L’ennui, c’est que toute cette émotion, aussi légitime soit-elle, ne suffit pas à définir une politique. Et bien entendu, il ne suffit pas non plus de l’écarter pour avoir une politique. Ceux qui prônent l’hospitalité zéro au nom du principe « le malheur Français d’abord » ne sont pas plus convaincants que les tenants de l’hospitalité intégrale. Du reste je ne crois pas que nous soyons malheureux au point de ne jamais pouvoir aider plus malheureux que nous… [....]

La suite dans Le Figaro.vox

http://www.actionfrancaise.net/craf/?Elisabeth-Levy-Au-dela-de-l

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