"La France soutient des groupes modérés - soit-disant modérés - mais qui sont proches d'Al-Qaïda et donc proches de l'État islamique", a assuré à RMC, la députée Véronique Besse, à son retour de Syrie.
La France "soutient indirectement (le groupe) État islamique" en Syrie, a affirmé jeudi Véronique Besse, députée non-inscrite de Vendée et membre du Mouvement pour la France (MPF), qui vient de rencontrer Bachar al-Assad à Damas avec deux autres députés chrétiens de droite.
"Aujourd'hui on soutient indirectement l'État islamique. (...). C'est ce qu'on nous a dit en tout cas là-bas"
"La France soutient des groupes modérés - soit-disant modérés -, mais qui sont proches d'Al-Qaïda et donc proches de l'État islamique", a-t-elle assuré à RMC, à son retour de Syrie. "La France soutient notamment Al-Nosra", a-t-elle ajouté, pressée d'apporter des précisions à cette affirmation... "Aujourd'hui on soutient indirectement l'État islamique. (...). C'est ce qu'on nous a dit en tout cas là-bas".
Choisir entre Assad ou Daech
Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate, a pour sa part déclaré sur RTL que Bachar al-Assad "considère en tout cas que la passivité de la France à se bagarrer effectivement et réellement contre Daech (...) lui donne l'impression que la France soutient d'une manière indirecte l'État islamique". "La situation en Syrie, c'est soit Daech soit Assad. La France n'a pas fait de choix clair dans cette alternative. Elle essaie d'inventer une tierce solution qui n'existe pas en disant 'il faut d'abord qu'Assad s'en aille pour qu'on fasse quelque chose'. Je pense qu'il ne partira pas. Bachar al-Assad est au pouvoir, il ne le quittera pas, il n'est pas aux abois, il faut discuter avec lui", a affirmé M. Poisson.
Des "allégations scandaleuse" selon Elisabeth Guigou
Ces propos ont fait bondir la présidente de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée, Elisabeth Guigou (PS), qui a "condamné avec force les allégations scandaleuses" des deux parlementaires. Leurs propos "indignes" sont "la preuve directe de leur instrumentalisation par le chef du régime syrien, co-responsable de la poursuite de la guerre et de son cortège d'atrocités", a-t-elle jugé dans un communiqué.
Invité de Radio Orient, le président de l'Assemblée Claude Bartolone a désapprouvé "à la fois les mots qui ont été prononcés" et "ce voyage". "Je pense qu'il crée beaucoup plus de difficultés qu'il n'apporte de solutions pour permettre à la fois aux pro-gouvernementaux et à ceux qui sont dans la rébellion et appartiennent à des milieux modérés de pouvoir se retrouver pour pouvoir se représenter pour trouver une solution pour la Syrie", a estimé M. Bartolone.
Mme Besse et M. Poisson ont également plaidé en faveur du rétablissement d'une représentation diplomatique française en Syrie. "En dépit de tout le mal que les Européens disent de lui, le président Assad est prêt à ce que, si jamais la France en faisait la demande, nous rétablissions une représentation diplomatique en Syrie", a déclaré M. Poisson. "Il faut discuter avec ceux qu'on considère comme ses adversaires. C'est ça la diplomatie, non ?" Outre M. Poisson, seul parlementaire du Parti chrétien-démocrate, un parti affilié aux Républicains, et Mme Besse, coprésidente du groupe d'études sur les Chrétiens d'Orient à l'Assemblée, faisait également partie du voyage en Syrie Xavier Breton, député LR de l'Ain, qui dirige le groupe d'études sur le Vatican à l'Assemblée.