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Quels moyens la France a-t-elle pour la guerre sur son territoire ?

Cette question est en filigrane dans tout ce qui nous préoccupe depuis les attentats de vendredi soir. Nombre de commentaires demandent la protection de l'armée, le gouvernement augmente la présence militaire dans la capitale de 1000 soldats supplémentaires, en renfort de Sentinelle et Vigipirate. Mais l'armée - peau de chagrin  est déjà au-delà de ses capacités, elle ne peut fournir plus. Un décryptage intéressant pose la question suivante : serons-nous obligés, pour faire face au danger djihadiste, de faire appel à des sociétés civiles de protection, le devoir régalien de sécurité des Français sera-t-il abandonné à la société civile, faute d'avoir préservé suffisamment l'outil de défense ?

[...] "Entre les soldats déployés pour ces missions [Barkhane au Sahel, Chammal en Irak et Syrie, et Sangaris en RCA, plus Sentinelle et Vigipirate en France - NDMB], ceux qui s'y préparent et ceux qui en rentrent, ce sont 60 000 soldats français qui contribuent déjà à la lutte contre le terrorisme.[...]

Comment mobiliser davantage de forces militaires dans le cadre de cette «guerre» à laquelle le Président a fait référence ? Comme le dit le ministre de l'Intérieur : «Toutes nos forces de sécurité sont mobilisées.»

Et Bernard Cazeneuve de préciser que 230 gendarmes ont été déployés en renfort et que « deux sections du GIGN sont pré-positionnées ».

Quant aux armées, elles « ont dégagé 1 000 militaires supplémentaires, essentiellement en Ile-de-France, qui patrouilleront dans Paris dans les prochains jours » en renfort de l'opération Sentinelle. Les renforts s'ajoutent « aux 30 000 policiers, gendarmes et militaires engagés depuis plusieurs mois à la protection de 5 000 lieux sensibles sur l'ensemble du territoire, dans le cadre du planVigipirate », a rappelé Bernard Cazeneuve.

Actuellement, policiers, gendarmes et militaires ne peuvent guère être déployés de façon plus intensive. Mais l'usure, déjà à l'oeuvre, et la tension permanente obligent à renoncer aux formations, remises à niveau et périodes de repos. Les forces de l'ordre pourraient, certes, aussi, rappeler des réservistes mais leur déploiement reste limité à une poignée de semaines.

Ce que l'État est réduit à faire

Le ministre a donc raison : toutes nos forces sont mobilisées. L'aveu ira droit au coeur de ceux qui réclament des hausses de budget pour l'Intérieur et la Défense et déplorent les réformes successives qui ont pénalisé nos forces armées et réduit leurs capacités.

Une rallonge budgétaire, après les événements de janvier, avait permis de réduire les coupes claires dans les effectifs de la Défense et de financer des achats urgents d'équipements. La tension budgétaire actuelle va-t-elle entraver tout nouvel effort de l'État ?

Indéniablement, la Nation est acculée à des choix qui portent sur le domaine régalien. Elle va devoir décider, en fonction d'une enveloppe budgétaire contrainte et d'une dette déjà abyssale, où le gouvernement fera porter ses efforts. Choisir de renforcer la police, les services de renseignements et les armées signifie d'imposer des sacrifices aux autres services de l'État (santé, éducation, sports, cultures etc.).

Si ce choix est jugé inacceptable par la Nation ou la représentation nationale, il faudra se résoudre à admettre que le poids financier de la sécurité publique doit être encore plus partagé entre l'État, les collectivités locales et les entreprises. À l'État de continuer à assurer la sécurité sur la voie publique. Au secteur privé de mettre en oeuvre des dispositifs de sécurisation de ses sites, de ses personnels et de ses clients. Si ce choix était entériné, l'État ne pourra qu'accepter d'armer de nombreux agents de sécurité.

Actuellement, le recours à ces personnels armés reste exceptionnel. Il est autorisé pour le transfert de fonds. Or, en matière d'autorisation de port d'armes, le feu semble être récemment passé au vert. On sait que des équipes embarquées armées veillent, désormais, sur des navires marchands français. On sait, aussi, que les personnels et les locaux de Charlie Hebdo sont actuellement protégés par des personnels armés d'une société de sécurité privée. On connaît, enfin, des entreprises spécialisées qui, récemment, ont commencé à effectuer des missions armées sur le territoire national.

Nul doute que ce choix d'un recours accru aux capacités du secteur privé, à défaut d'être rapidement débattu dans les sphères politiques, sera discuté et commenté à Milipol, le salon de la sécurité intérieure des États qui ouvre mardi à Paris."

Marie Bethanie

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