
Lors d’un point presse qu’il a tenu ce lundi, le porte-parole de la Bundeswehr, le major-général Christian Freuding a dévoilé les intentions de l’armée allemande au sujet de la guerre Russie-Ukraine.
L’Allemagne s’est jusqu’à présent contentée de fournir à l’Ukraine de l’armement et des munitions. Elle doit dorénavant s’impliquer directement dans le conflit : « La première option, bien sûr, est de mener nous-mêmes des opérations antiaériennes offensives, en utilisant des moyens à longue portée, des moyens de guerre aérienne en principe – des avions qui frappent les aérodromes avant que ces moyens puissent être utilisés. »
« La deuxième cible devrait être l’industrie de défense russe, puisque la Russie a réussi à produire tous types d’armes, y compris des missiles. »
Il est difficile d’imaginer que le porte-parole de la Bundeswehr parlait en son nom propre. C’est le point de vue de l’état-major allemand, et au-delà, du chancelier Merz, dont il s’est fait l’écho. L’Allemagne entend manifestement profiter du conflit russo-ukrainien pour prendre sa revanche de la capitulation de 1945. En cas de réplique russe à une frappe allemande contre le complexe militaro-industriel, Berlin ne manquerait pas d’invoquer l’article 5 du Traité de l’Atlantique nord lequel stipule que si un pays de l’Otan est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué.
Pour satisfaire son désir de revanche, l’Allemagne est semble-t-il disposée à déclencher la Troisième Guerre mondiale. «Nous devons discuter d’une participation allemande ou européenne à l’arsenal nucléaire de la France et du Royaume-Uni», a assuré Jens Spahn, président du groupe CDU-CSU au Bundestag, le parti conservateur du chancelier Merz.
Emmanuel Macron, dans un discours à l’école de Guerre en 2020, a souhaité de son côté ouvrir «un dialogue stratégique» autour du «rôle de la dissuasion nucléaire française dans notre sécurité collective». Il avait alors affirmé que les «intérêts vitaux de la France avaient une dimension européenne». «Je sais que cela va susciter immédiatement des réflexes défensifs. Mais oui : nous devrions débattre d’un parapluie nucléaire européen indépendant. »
« Mais cela ne fonctionnera qu’avec le leadership allemand», lui avait alors répondu Jens Spahn.
Macron au pouvoir en France, l’Allemagne considère qu’elle a déjà fait main basse sur la dissuasion française. Friedrich Merz, le nouveau chancelier allemand, a promis lors d’un discours prononcé au parlement le 14 mai de doter son pays de «l’armée la plus puissante d’Europe» et il a qualifié le renforcement de la Bundeswehr de «priorité absolue». C’est sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le 23 février dernier, au lendemain de sa victoire électorale, Merz avait scandé : «L’Allemagne est de retour», reprenant le slogan de Trump. Le 6 mai, il avait fait voter en urgence un budget de 1.000 milliards d’euros pour renforcer l’armée allemande. Il enterrait au passage la fameuse «rigueur budgétaire» allemande. La somme est hallucinante. Mille milliards d’euros pour «financer le réarmement du pays et moderniser les infrastructures» à l’aide de «deux fonds spéciaux».
L’Allemagne est en effet de retour, et avec elle ses vieux démons revanchards. Rappelons néanmoins cet avertissement de Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma russe : « La Russie a gagné deux guerres mondiales. La première s’est terminée à Paris en 1815, la seconde à Berlin en 1945. »
Henri Dubost