Défendant, devant l'Assemblée nationale, la prolongation de l’état d’urgence à trois mois après les attentats de Paris, le Premier ministre, Manuel Valls, a lâché une formule choc qui est pourtant loin d'être nouvelle.
«La sécurité est la première des libertés», martèle le Premier ministre, le 19 novembre, devant les députés, à l'Assemblée nationale. Vous avez déjà entendu cette petite phrase quelque part auparavant ? Rassurez-vous, c'est normal ! Jean-Marie Le Pen, à l'époque où il était encore président du Front national (FN), l'avait utilisée sur une affiche électorale en 1992. Il était alors candidat dans la région PACA et posait tout sourire avec, dans les bras, celle qui allait devenir députée : Marion Maréchal-Le Pen.
Et l'homme politique n'est pas le seul à avoir utilisé cette formule au cours des dernières décennies. En 1980, Alain Peyrefitte, ancien ministre de la Justice de Valery Giscard d'Estaing, avait utilisé ce slogan devant l'Assemblée nationale durant un débat sur la loi «sécurité et liberté», qui visait notamment à élargir les droits des gendarmes en matière de contrôles d'identité. Parmi d'autres utilisateurs plus tardifs de cette formule toujours choc, on peut également citer Lionel Jospin, Nicolas Sarkozy... Et désormais, Manuel Valls.
Dans son récent discours devant l'Assemblée nationale, ce dernier a mis l'accent sur la sécurité, après les attentats terroristes qui ont fait 130 morts à Paris le 13 novembre. Estimant que cette dernière est plus importante que certaines libertés, qui «pourront être limitées», il a obtenu le vote, à la quasi-unanimité (six voix contre) de la prolongation de l'état d'urgence en France pour une durée de trois mois, contre 12 jours jusqu'à présent. Le Premier ministre a insisté sur le fait qu'il était «impératif» d’inscrire celui-ci «dans la Constitution».
Membre du parti socialiste, Manuel Valls ne se présente pas particulièrement comme un afficionados de la formation politique aujourd'hui dirigée par Marine Le Pen. En octobre, il avait appelé à faire barrage contre le FN lors des élections régionales, estimant que «tout devra être fait pour l'empêcher» de gagner la moindre région.