Selon les enquêteurs du FBI, les deux «radicalisés» Tashfeen Malik (qui avait fait allégeance à l’Etat islamique) et son mari Syed Farook , avaient planifié le massacre auquel ils se sont livrés la semaine dernière à San Bernardino (Californie). Lesradicalisés du combat anti FN ont renouvelé eux aussi ces dernières heures leur allégeance à un Système qui sait se montrer si généreux avec eux. Sans rire, Le Point expliquait à ses lecteurs peu avant le premier tour qu’«Après les (quelques, NDLR) chefs d’entreprise, c’est au tour de l’élite (sic) culturelle de se mobiliser contre le Front National en Paca», en « fustigeant (la) haine (de Marion Maréchal Le Pen) de la création contemporaine » et en appelant à voter pour le notoirement très fin et très cultivé Christian Estrosi… En fait, l’«élite culturelle» en question était représentée notamment par les habituels consommateurs de subventions publiques : la scénariste et réalisatrice Danièle Thompson, Michel Boujenah, Charles Berling, l’amateur de boxe thaï Frédéric Mitterrand, un écrivain sans grand génie comme Didier van Cauwelaert, des militants antinationaux de longue date comme les ex ministres Jean-Jacques Aillagon et Max Gallo… Depuis dimanche, les pipoles (même les habitués du genre) se sont peu manifestés par leur « bravitude » anti FN, à l’exception d’une présentatrice de seconde partie de soirée (Valérie Damidot), d’ une incarnation du conformisme et de la beaufitude de gauche comme l’animateur de canal + Yann Barthès, ou encore de l’ami d’Arthur, lecitoyen du monde Dany Boon qui se souvient qu’il a grandi dans le Nord…
Autre comédien d’élite, l’escroc intellectuel Bernard-Henry Lévy, autoproclamé philosophe, connu pour ses reportages et ses analyses aussi bidons que ses romans, dont les songes creux, l’arrogance, sont des objets de moquerie partout où il passe, est lui aussi monté au créneau. Sans grande imagination, débitant toujours les mêmes mantras, BHL a étalé grassement hier dans Le Parisien sa haine de la France Française, du courant patriotique. Son ami Manuel Valls a entonné la même partition hier soir. Invité du 20 heures de TF1, le Premier ministre a «appelé à voter pour Christian Estrosi face à l’extrême droite en Paca» et demandé plus largement aux électeurs de gauche de donner leur voix dimanche prochain à la droite dans les trois régions où le Front National arrive le plus largement en tête. Y compris dans la région Alsace-Champagne-Ardennes où le socialiste Jean-Pierre Masseret, arrivé en troisième position, refuse de se retirer au second tour pour rester en lice face à Florian Philipot et Philippe Richert (LR-UDI-MoDem).
Manuel Valls volant comme les BHL et consorts au secours du parti Les républicains, cela n’étonnera que les plus naïfs. Or, Le Parisien le soulignait, outre le Premier ministre, «le vrai perdant de la soirée (de ce premier tour) , c’est (Nicolas Sarkozy) , et il le sait , flinguait dès dimanche soir un de ses anciens ministres après le score décevant de la droite et du centre. C’est Marine Le Pen qui a été le réceptacle de la colère des électeurs, pas les Républicains. Plus grave pour Nicolas Sarkozy, qui se prévaut d’être le meilleur rempart contre l’extrême droite, une partie de ses électeurs de 2012 — un sur cinq selon les chiffres qui circulent au parti — ont voté FN.»
«Ce n’est pas un problème de ligne, mais de crédibilité. Il n’imprime plus ! Le retour de Sarkozy, c’est le retour du passé , canarde le lieutenant d’un candidat à la primaire de 2016. Il fait campagne sur l’identité, la sécurité, l’immigration, et au même moment, il vire Morano. Où est la clarté ? s’étrangle un copéiste. Ce scrutin, c’est une claque pour lui. Plus personne ne l’entend, achève un élu déçu. Hervé Mariton, candidat déclaré à la primaire, y va franco aussi: Les Français disent très clairement qu’ils ne veulent plus de la gauche, mais plus non plus de celui qui a été battu en 2012. Même les soutiens de l’ancien président s’inquiètent, à moins d’un an de la primaire. Il ne fait plus briller les yeux , se désole un ancien de l’Elysée (…). Selon nos informations, le patron des Républicains envisage aussi un remaniement de la direction du parti, qui pourrait faire la part belle à la droite dure (…). Un sarkozyste doute que cela suffise : Le problème, c’est que les gens ne le croient plus… ».
Sur le site de Francetv Info, le politologue Vincent Pons, professeur à la Business School de Harvard, s’arrête sur ces élections régionales, cette poussée de l’opposition nationale et son éventuelle limite: «le FN reste plus important chez les ouvriers. Mais, depuis 2012, sa progression est forte dans toutes les catégories socio-professionnelles, dans toutes les tranches d’âge, chez les hommes comme chez les femmes. Désormais, le FN fait de bons scores chez les étudiants, les cadres, les professions intermédiaires. Il progresse chez les diplômés, y compris de l’enseignement supérieur. »
Il note, et ce constat confirme les enseignements des précédents scrutins, que « le FN fait de meilleurs scores dans les communes rurales, les petites villes et les zones périurbaines. Il se heurte en revanche à des poches de résistance dans les grandes agglomérations. Cela tient surtout à la composition sociologique de ces centres urbains. »
Vincent Pons relève aussi, assez justement à notre avis, que «c’est l’abstention qui est l’enjeu majeur» pour les partis de du Système s’ils entendent entraver la poussée frontiste. «Il ne s’agit pas d’inciter les électeurs à ne pas voter FN, mais de convaincre les électeurs de gauche et de droite à se déplacer aux urnes. Le résultat du premier tour peut provoquer un sursaut.Ce parti (le FN, NDLR) se retrouve confronté à une sorte de plafond de verre, comme s’il faisait le plein de ses voix au premier tour. La question est donc de savoir si la gauche et la droite réussiront à mobiliser leurs électeurs. »
Dans sa brève mais exhaustive analyse du résultat de ce premier tour , Jean-Yves le Gallou souligne cependant sur le site Polemia que «Le deuxième tour s’annonce difficile pour le parti de Sarkozy : d’un côté l’ancien président invite à mettre la barre à droite…de l’autre ses meilleures chances de succès reposent sur les reports de gauche dans le grand est, la Provence et le Nord ! Bref la quadrature du cercle. » D’ailleurs « les électeurs (de LR) les plus sécuritaires et les plus identitaires ont filé au FN ; pendant que les électeurs légitimistes et conformistes se sont mobilisés, à gauche, contre le FN. L’espace centriste se réduit. D’autant que les candidats ayant adopté la ligne la plus centriste – Reynié dans le sud-ouest par exemple – subissent une véritable débâcle (18%) ».
Pour le reste , il note que « la progression du FN» (il double son score de 2010, gagne trois points par rapport aux élections départementales de mars 2015) « est liée à la prise de conscience de l’invasion migratoire : selon un sondage Opinion way sur les motivations de vote, 76% des électeurs FN votent en raison de l’immigration, 74% de la sécurité, 59% de l’arrivée des migrants en Europe, 56% de la lutte contre le terrorisme.» M. Le Gallou constate aussi que «Malgré la tonalité très anti Union européenne et très anti euro de son discours, le FN n’a pas capté l’électorat souverainiste qui se maintient à un niveau élevé pour une élection régionale (et non européenne), 5% : 4% pour Nicolas Dupont-Aignan (6% en Ile-de-France) et 1% pourAsselineau. »
«Le barrage républicain» conclut-il, «c’est la privatisation du pouvoir au service de petits groupes. C’est l’alignement de la classe politique sur le point des vue des lobbys communautaires et des médias. A l’inverse de la logique d’un scrutin proportionnel (à prime majoritaire) et de la proximité idéologique des électorats (LR/FN). Marine Le Pen, Marion Maréchal Le Pen et Florian Philippotparviendront-ils à briser l’étau ? Ce qui est sûr c’est que la partialité médiatique risque de fausser le résultat final.»
Ce qui est d’ores et déjà certain, constate Bruno Gollnisch, c’est que ce premier tour a confirmé la fin de l’hégémonie droite-gauche, au démantèlement de laquelle travaille depuis son émergence électorale, il y plus de trente ans, un FN porteur d’une politique de troisième voie, à la fois nationale, populaire et sociale.
Cette avènement d’un tripartisme rend très difficile le fonctionnement de la Vème Républiqueont noté certains observateurs, celle-ci reposant dans l’esprit de De Gaulle sur la toute puissance électorale de deux principales formations politiques. Il y aurait donc un parti de trop… Constat dont peuvent être convaincus tous ceux qui fustigent la dérive euromondialiste, cosmopolite d’une certaine droite qui elle aussi a rejoint le Parti de l’étranger. Et c’est le caractère criant de cette trahison là, que les Français peuvent constater quotidiennement, qui explique aussi le vent de fronde et de colère qui gonfle les voiles du navire frontiste.