Source : OJIM
Si la plupart des titres de la presse quotidienne régionale (pqr) se sont contentés d’évoquer de manière plus ou moins neutre les résultats du premier tour des régionales, certains sont néanmoins montés sur leurs grands chevaux et semblent avoir perdu leurs nerfs.
Au lendemain du vote, le mot « choc » était ainsi sans conteste le plus utilisé, qu’il s’agisse de la couverture du Bien Public comme de Libération Champagne, par exemple. On notera par ailleurs, sur le plan des titres nationaux, que le titre « Le choc » aura été employé à la fois par Le Figaro et… L’Humanité. Et on notera enfin que c’est ce mot qui revient régulièrement depuis les élections européennes de 1984 et les 10,95 % de Jean-Marie Le Pen…
Aussi, un vocabulaire chargé négativement évoquant parfois un « tremblement » ou une « ombre » planant sur la politique était de mise. Autres exemples : Nord Littoral titre « Marine est là », comme un avertissement ; Le Havre Libre explique que « Rien n’est perdu pour la gauche ! » Ouest-France titre que, face à la montée du FN, « l’Ouest résiste » ; enfin, La Provence va jusqu’à décréter « l’État d’urgence » suite à la première place de Marion Maréchal-Le Pen en PACA.
Si le journal La Marseillaise appelle carrément ses lecteurs à « Résister ! », la palme de la couverture engagée revient sans conteste à Nice-Matin, qui titre « Tous contre elle » au-dessus d’une photo de Marion Maréchal-Le Pen saluant la foule, vieil artifice utilisé contre le FN pour suggérer finement le salut nazi. De la panzer-propagande…
Le lendemain, mardi 8 décembre, d’autres titres de la PQR se sont illustrés. La Charente Libre montre en Une des électeurs lambda dans un bar, lesquels n’ont sans doute rien demandé, avec le titre : « Désemparés face à la vague FN » ; pour La Provence, « la résistance s’organise » pour contrer le FN ; de son côté, Vaucluse-Matin enjoint Estrosi à « relever le défi Le Pen ».
En état de récidive, La Marseillaise appelle ses lecteurs à « éviter le pire » en choisissant la même photo de Marion Maréchal-Le Pen façon IIIe Reich, pendant que Le Parisien se veut rassurant en rappelant que « rien n’est joué ! » Ouf.
Pour conclure sur une note de poésie, citons la couverture de L’Écho de Haute-Vienne, « La tyrannie des scores FN », avec en illustration une carte de France recouverte de crottes, plus ou moins grosses selon les scores du parti frontiste… Il fallait oser.
Une fois de plus, une partie de la PQR s’est donc illustrée par une neutralité à toute épreuve et par un sens de la déontologie poussé à l’extrême… Plus sérieusement, en cas de victoire du FN dimanche prochain dans les régions concernées, il ne fait aucun doute que la question des subventions publiques à certains titres sera remise sur la table assez rapidement…