Alain Juppé, ancien Premier ministre et candidat à la primaire de la droite et du centre, a affirmé en visite à Mayotte le dimanche 20 décembre qu’il fallait « arrêter le flux permanent de l’immigration ». Comment pourrait-on le contredire ?
L’INSEE a publié, le 13 octobre dernier, une note sur les flux migratoires en 2006 et en 2013. Il en ressort qu’au 1er janvier 2014, il y avait 5,9 millions d’étrangers en France, soit 731.000 personnes de plus qu’en 2006. Il est normal que des hommes et des femmes qui sont, dans leurs pays, confrontés à la guerre et à la misère, essayent, malgré les risques évidents, de rejoindre notre Europe. Néanmoins, force est de reconnaître que l’immigration représente un problème qu’il faut régler.
Alors comment y parvenir ? La tâche est loin d’être aisée et son issue ne peut s’inscrire que sur le long terme. Car, contrairement à ce que prétendent certaines personnalités politiques de notre pays, rétablir les frontières nationales ne résoudrait rien. Ce qu’il faut, en revanche, c’est relancer la coopération avec les pays d’origine. Nous, Européens devons engager un projet de développement avec l’Afrique. Ce qui réclame courage, détermination et anticipation.
Pour l’heure, l’Union européenne se contente de prendre des positions de principe comme traiter humainement les migrants qui arrivent sur le sol européen. Une position de principe qui, si elle est nécessaire, est cependant loin d’être suffisante parce qu’elle est un signe d’encouragement pour tous les candidats au départ. L’ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard l’avait dit : « L’Europe ne peut accueillir toute la misère du monde. »
Si l’Union européenne ne souhaite pas perdre le contrôle des événements et qu’ainsi aux problèmes migratoires s’additionnent des problèmes économiques et sociaux, les dirigeants européens doivent être conscients des failles du système actuel. En être conscients de pouvoir les résoudre.
Ces failles, aujourd’hui, se nomment droit d’asile et Schengen. Droit d’asile parce qu’il fait quotidiennement l’objet de détournement. En France, par exemple, les reconduites à la frontière font l’objet de recours systématiques devant les tribunaux administratifs et le Conseil d’État. Les déboutés en appellent aux droits fondamentaux : avec succès puisque seuls 10 % d’entre eux (environ) quittent réellement le territoire ; le reste demeure sur le territoire national de façon totalement irrégulière. Nous ne pouvons ni ne devons plus accepter cela. Enfin l’espace Schengen, quant à lui, est devenu une vraie passoire. En effet, l’agence Frontex chargée d’assurer le contrôle des frontières externes de la zone ne dispose que de très peu de moyens budgétaires et humains. C’est pourquoi il est urgent d’augmenter de façon massive son budget. Notre économie, notre prospérité, notre identité et notre société sont en jeu.
Romain Bonnin
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