Reprenant à son compte une campagne initiée par la gauche britannique, le Premier ministre britannique David Cameron s’est emparé d’un nouveau thème : la lutte contre les discriminations. Il entend remédier à la sous-représentation des minorités ethniques dans les universités – les statistiques du même nom sont autorisées au Royaume-Uni - en les obligeant à publier les profils de leurs candidats à l’admission. C’est -à-dire le le sexe, dénommé «genre» en novlangue politiquement correct, l’ethnie et l’origine socio-économique des postulants. Une démarche démagogique et simpliste ? Le Figaro rapporte ce jugement de «Wendy Piatt, la directrice générale duRussel group, un réseau de 24 universités d’élites britanniques», qui souligne assez logiquement que «les inégalités sociales existent déjà avant qu’un enfant ne débute sa scolarité», sachant que «les établissements ont déjà investi beaucoup de temps, d’efforts et de ressources pour renforcer la mixité des étudiants.» Mais ce combat là n’est pas celui qui inquiète le plus les grands médias, qui s’inquiètent de la permanence de la fièvre anti bruxelloise chez nos voisins d’outre-Manche. Pressé par l’électorat conservateur et eurosceptique, David Cameron avait promis lors de la campagne qui avait vu son élection à la tête du gouvernement d’organiser un référendum sur une sortie de l’Europe. Une perspective de «Brexit» (pour «British exit») contre laquelle s’était dressée la City et certains milieux d’affaires.
En octobre dernier, dans son discours de clôture du congrès annuel des tories, David Cameronavait dénoncé une UE «trop autoritaire, trop interventionniste», affirmant qu’il n’avait «aucun attachement romantique à l’Union européenne et à ses institutions». Il avait redit sans surprise son souhait d’un «Royaume-Uni plus grand est un pays puissant dans le monde, avant d’ajouter, sur un mode plus ambigu, que « cela devrait aussi signifier puissant en Europe», « le plus grand marché unique du monde». Il promettait aussi de «batailler durement dans cette renégociation, de manière (…) à obtenir un meilleur arrangement».
Qui pourrait l’en blâmer ? N’est-ce pas ce qu’un peuple est en droit d’attendre d’un gouvernement en charge de la défense de ses intérêts ? Pourtant, l‘ancien diplomate Christian Lambert le soulignait sur le site des quatre vérités, « Dès que l’un des 28 pays de l’UE s’efforce de préserver ses intérêts par une politique de fermeté et de bon sens, il est dénoncé par Bruxelles comme fasciste. Et la presse de gauche le stigmatise sans concession. La Hongrie de Viktor Orban est ainsi mise à l’index, comme la Pologne et son nouveau gouvernement, pourtant démocratiquement élu… »
Certes M. Cameron ne suscite pas au sein du microcosme autant de rejet que les dirigeants des deux pays précités. Il est vrai aussi que sa sincérité est mise en doute. Il n’a pas dissipé les doutes du camp eurosceptique qui craint une capitulation du Premier ministre conservateur, dissimulée derrière quelques concessions symboliques, de façade, obtenues de « l’Europe ». Au nombre de celles-ci (leur application réelle est d’ailleurs sujette à caution par les souverainistes anglais), figurent la possibilité de stopper certains projets législatifs de la Commission européenne. Ou encore un meilleur contrôle de l’immigration intra européenne, notamment des travailleurs de l’Est. Cette «migration » là n’apparait pourtant pas la plus problématique lorsqu’on se promène dans les villes du royaume de sa très gracieuse majesté…
Dans le climat de fronde contre les oukases européistes, l’économiste Jacques Sapir a accordé un long et intéressant entretien accordé au Figaro le 29 janvier, à l’occasion de la sortie de son dernier livre «Souveraineté, Démocratie, Laïcité »…Il ne ménage pas, comme à son habitude ses critiques contre la pensée unique bruxelloise, les partis du Système, des républicains à Mélenchon, lamarchandisation des corps, les réformes désastreuses de l’Education dite nationale…
Il n’épargne pas non plus totalement le FN, citant au nombre de ses critiques «un discours (frontiste) qui n’assume pas toutes les conséquences de sa revendication d’une souveraineté monétaire en matière d’organisation de l’économie », la «préférence nationale dans les emplois du secteur marchand», «le rapport (du FN) à la laïcité et à l’islam», ses désaccords avec «les positions de type identitaires…» Autant de sujets sur lequel l’argumentation de l’économiste n’apparait pas forcément comme la plus solide, la plus étayée, la plus convaincante.
Pour autant, M. Sapir rappelle aussi, à notre sens très justement, le terrorisme intellectuel qui règne en France autour de la question de la monnaie unique. Si «les Français sont effrayés (par la fin de l’euro), il faut bien dire que tout est fait actuellement pour les effrayer. On ne compte plus les déclarations à l’emporte pièce, que ce soient celles de hiérarques du parti dit socialiste ou des amis de Monsieur Sarkozy, qui ne sont faites que dans le but d’effrayer le chaland. A cela il ne peut y avoir qu’un seul remède, c’est le débat démocratique.»
« Dans ce débat, on pourra montrer pourquoi l’euro provoque aujourd’hui une crise à l’échelle du continent européen, pourquoi les solutions que l’on veut y apporter ne sont pas viables, et pourquoi les Français ont tout à gagner d’une dissolution de l’euro. Dans ce débat, les Français pourront mesurer le nombre d’économistes qui se sont prononcés contre l’euro. Ils pourront voir que la rigueur intellectuelle et l’honnêteté sont du côté des opposants à l’euro et que les partisans de la monnaie unique n’ont que la peur comme argument. Les partisans de l’euro sont enfermés dans un discours de nature religieuse, voire sectaire, qui leur impose de présenter la fin de l’euro comme l’équivalent d’une mort. Ce discours ne pourrait résister à un débat réel. Mais c’est aussi pourquoi je pense l’élite actuellement au pouvoir, qu’elle soit celle dite socialiste ou qu’elle soit celle que l’on trouve chez certains ex-UMP, ne veut sous aucun prétexte d’un débat démocratique sur l’euro.»
Un débat démocratique, un débat de clarification nécessaire aussi, qui lui, a cours au FN, et dans lequel Bruno Gollnisch prendra toute sa part.