Bruno Gollnisch était vendredi à Cahors et Gourdon à l’invitation de la fédération FN du Lot dirigé par le chargé de mission et conseiller régional Emmanuel Crenne. Il y a tenu un déjeuner débat, une conférence de presse et a effectué une visite de soutien à la manifestation pour le maintien de la gare de Gourdon. « On aurait tort de négliger le Front National même dans ce département ancré à gauche » a prévenu le député européen frontiste qui a relevé que seule l’opposition nationale est actuellement en ordre de bataille : » le mécanisme des primaires va aggraver les divisions aussi bien à droite qu’à gauche. Chez nous, pas de problème, nous serons tous derrière Marine Le Pen ». Bruno n’a pas manqué aussi de rendre un hommage dans son pays au papetier de Saint-Céré, à Pierre Poujade : « Le Poujadisme a été un mouvement assez légitime contre le fiscalisme ». Question fiscale qui est (aussi) au cœur des programmes des candidats aux Etats-Unis, campagne des primaires outre-atlantique, qui vient de prendre un nouveau tournant avec l’alliance annoncée hier entre le sénateur du Texas Ted Cruz et le gouverneur de l’Ohio John Kasich. Les deux candidats républicains, définitivement distancés par Trump, veulent empêcher ce dernier d’atteindre le chiffre clé des 1 237 délégués indispensables pour être intronisé en novembre par le parti républicain. Il affronterait alors, selon toute probabilité, et avec des chances certaines quoi qu’en disent ses adversaires, la toute aussi clivante et peu appréciée de l’Amérique profonde Hillary Clinton. Cruz et Kasich veulent ainsi rendre possible la tenue d’une « convention négociée » qui écarterait Trump. Ils se sont mis d’accord en attendant sur des désistements mutuels en faveur du mieux placé dans les Etats où se poursuivent les primaires.
Dans un entretien diffusé hier sur Arte, réalisé peu après le lancement de son parti « En Marche« , le ministre de l’Économie Emmanuel Macron a justifié lui aussi la nécessité d’alliance large pour maintenir sous l’éteignoir le sursaut, le réveil Français dont le vote FN est l’incarnation. » Je suis de gauche, c’est mon histoire. Mais la gauche aujourd’hui ne me satisfait pas » a t-il dit sur Arte; « En Marche » ne sera « pas à droite, pas à gauche » affirmait -il à Amiens le 6 avril.
En l’espèce, le ministre reprend de manière assez maligne, en le faussant, le constat du FN sur le vrai clivage, celui opposant d’un côté les déclinistes bruxellois, euromondialistes, qui ne croient plus dans les capacités françaises, en la nation, en sa souveraineté, qui combattent les identités particulières; et de l’autre les patriotes qui défendent l’éternel modernité et nécessité du fait national. Dans la bouche de M. Macron cela devient: « A mes yeux, le vrai clivage dans notre pays (…) est entre progressistes et conservateurs, c’est ce clivage que je veux rebâtir maintenant et je ne veux pas attendre 2017 (…). « Je veux pouvoir construire une action commune avec toutes les bonnes volontés qui croient à ce progressisme pour le pays. »
C’est au nom du progressisme que le PS s’est désisté pour la droite et a fait élire dimanche lors du second tour des élections départementales partielles de Saint-Mihiel (Meuse), les candidats de l‘UDI qui étaient opposés aux frontistes Marianne Prot et Bruno Rota. L’abstention était certes très élevée mais cependant moins massive que dans la troisième circonscription de Loire-Atlantique, acquise à la gauche social-démocrate depuis quarante ans. Une grève du vote qui a facilité, ce dimanche également, la victoire dans cette élection législative partielle de Karine Daniel, la candidate adoubée par le PS en remplacement de Jean-Marc Ayrault.
Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement, invité du Grand rendez-vous d’Europe 1 hier, a dit la même chose que d’autres voix du Système, convaincu lui aussi que les progressistes du PS et LR sont condamnés à s’entendre pour barrer la route du pouvoir à l’opposition nationale. Face à celle-ci, « notre pays a besoin de concorde, de compromis » a-t-il déclaré. « Si un candidat devait se faire élire contre la candidate de l’extrême droite en 2017, en ne s’ouvrant pas aux autres candidats républicains, le chemin serait extrêmement difficile ». M, Le Guen, souligné qu’il existait un « socle commun » d’une partie de la droite avec la « gauche républicaine ». » Il va y avoir une décantation à droite. Il y a des gens qui vont prendre le parti de la rupture violente en 2017. Et il y a une autre droite qui par analyse, par lucidité, pense que cette logique va à l’échec. C’est plutôt ce que peut dire Juppé, ce que dit Jean-Pierre Raffarin… »
Cette recomposition politique qui vient est déjà actée par le gouvernement des Etats-Unis qui entend faire pression sur les Européens pour qu’ils n’abandonnent pas une idéologie d‘ouverture dans tous les domaines, conforme au projet du Nouvel ordre mondial. En, visite en Allemagne après l‘Angleterre, Barack Obama a été clair. Nous savons que l’UE est une création des Etats-Unis et il l’a rappelé à sa manière hier à Hanovre. Le Monde l’a rapporté : « Si la Grande-Bretagne sort de l’Union européenne, les Etats-Unis feront de l’Allemagne leur partenaire privilégié sur le vieux Continent. Le président américain (…) a prononcé un vibrant plaidoyer pour le traité de libre-échange transatlantique (TTIP),mais aussi multiplié les éloges à l’égard d’Angela Merkel, insistant sur le rôle que l’Allemagne avait pris ces dernières années sur la scène internationale. M Obama a ainsi félicité Angela Merkel d’avoir ouvert les vannes face à l’invasion migratoire: « Merkel est du bon côté de l’Histoire » » a-t-il affirmé en évoquant la « crise des réfugiés. »
Dans le même registre mondialiste, le président américain a plaidé pour la poursuite de l’ultra libre échangisme… alors même que les Etats-Unis utilisent eux un gros arsenal protectionniste! Quant au Marché transatlantique (TAFTA ou TTIP), auquel s’oppose un Donald Trump, les négociations sont actuellement au point mort. Le Monde rappelait que « juste avant l’arrivée de M. Obama, le ministre de l’économie allemand, Sigmar Gabriel, a prévenu : ce traité de libre-échange transatlantique va échouer si les Etats-Unis ne font pas de concessions. » Aujourd’hui, Mme Merkel et M. Obama sont rejoints par le premier ministre britannique David Cameron, le président du conseil italien Matteo Renzi et François Hollande, lequel » a insisté pour que le TTIP ne soit pas à l’ordre du jour ».
Le site Cyceon l’indiquait vendredi, une manœuvre visant à tromper les Français n’est pas à exclure : « Vu de Bruxelles en effet, les négociations (sur le marché transatlantique, NDLR) sont difficiles mais leur finalité, à savoir la conclusion du TTIP, sera concrétisée, top ou tard, fin 2016 ou après. Dès lors peut-être faut-il s’interroger sur la part prise par la politique dans les déclarations françaises relatives au TTIP alors que François Hollande pourrait être tenté par une posture du non en vue des élections de 2017, pour au final un simple report de l’accord. »Accord qui serait finalisé sur le dos des peuples, comme l’a été la constitution européenne souligne Bruno Gollnisch, au nom du socle commun des progressistes de gauche comme de droite. Ne doutons pas que cela sera vendu aux Français sous ce beau déguisement…