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Blocage et grèves : Et si la foule des manifestants convergeait enfin vers l’Élysée ?

En observant le paysage, certes éclaté, de la mouvance nationaliste ou identitaire, on constate une tendance à tirer à boulets rouges sur la CGT accusée de “nuire” à leurs concitoyens. Certaines prises de position m’ont étonné. Je crains hélas que ce ne soit un excès de dogmatisme faisant dévier le débat sur des questions presque “théologiques”.

Je crains que certains ne se focalisent sur l’identité du vecteur de la tempête plutôt que de se féliciter de la survenue de cette dernière. Un sondage paru chez Odoxa (source) indique pourtant que 77% des sympathisants FN estiment le gouvernement responsable de la situation de blocage et non pas les syndicats. Même au centre-droit, seulement 51% des personnes interrogées accablent les syndicats prioritairement.

Nous sommes peut-être à un tournant. La chute du gouvernement socialiste autour de cette “Loi Travail” me paraît une priorité de par le potentiel d’explosivité qu’elle contient. Nous pouvons voir se profiler une motion de censure contre le gouvernement, venue des rangs mêmes de la gauche socialiste. Alimenter cette guerre civile au sein des rangs socialo-communistes est salutaire et accélère la transition politique et idéologique générale. Ce qui passe, concrètement, par une crise gouvernementale.

Nous ne sommes pas dans un scénario banal digne du départ de Juppé en 1995 ou de Villepin en 2006. Nous sommes à un moment où la France, comme l’UE, se trouvent dans une crise systémique majeure qui touche tous les pays du continent. Une crise gouvernementale sévère sur fond de paralysie économique – en plein milieu de l’Euro de football – renverrait une image exacte de la réalité française. C’est-à-dire désastreuse. Ce qui accroîtrait la crise de confiance générale.

La CGT et la gauche radicale ont tort quant aux solutions, mais raison sur le refus de l’austérité imposée par le FMI et son relais bruxellois. La dette de l’état français ne peut être remboursée et la fuite en avant fiscale ne fait que précipiter l’économie française – et européenne – vers la dépression. Exiger des classes moyennes et des travailleurs en général qu’ils soient toujours plus pressurés pour que la caste politique hexagonale honore des dettes qu’elle a décidé par clientélisme et incompétence, est criminel. D’autant que 70% de cette dette n’est que la somme des intérêts des emprunts.

La peur du défaut, avec l’inévitable révolution qu’il induirait, est la raison pour laquelle le gouvernement s’obstine.

Au risque d’en froisser certains, je ne vois pas l’intérêt de laisser le pouvoir faire usage “du pain et des jeux” pour qu’il continue d’opérer tranquillement ses ravages. Les vacances à la plage de Laura et Enzo, certes prévues de longue date, me laissent tout aussi froids. Parce que déjà près de 40% des gens n’ont plus les moyens d’un tel plaisir. Et parce que la survie de l’Occident est en jeu. L’excitation d’un patriotisme sportif au profit d’un pouvoir illégitime – surtout après l’ignominie de Verdun – ne me paraît pas plus digne d’être maintenue à tout prix.

La CGT peut avoir la direction qu’elle a, être soutenue par Mélenchon, voire défendre de sombres intérêts corporatistes, peu importe : ils peuvent faire tomber le gouvernement Valls.

Et après ?

Après, ou pendant. Nul ne sait ce qui peut advenir. Le gouvernement est tétanisé à la pensée d’un manifestant tué. Je ne souhaite la mort de personne, mais l’imprévu dans l’histoire est la règle. Un piquet de grève trop brutalement dispersé par des CRS ou gendarmes mobiles harassés peut déclencher une réaction en chaîne dont nous ignorons tout des effets. Un gréviste peut être tué accidentellement, suscitant des violences cathartiques insoupçonnées.

Politiquement, quel est l’intérêt de voler au secours d’un gouvernement socialiste en appuyant son recours à la force contre les grévistes ? Marine Le Pen a plus habilement appelé à retirer la loi.

La paralysie du pays qui se profile est le vecteur propice de la colère populaire contre un gouvernement et une présidence qui incarnent parfaitement la fin d’un système et d’un régime. Je ne vois pas l’intérêt d’œuvrer au maintien de leur ordre.

Je ne sais pas ce qui va advenir. Peut-être rien dans l’immédiat. Ou peut-être que la foule commencera à s’agglutiner aux abords de l’Élysée pour tenter d’y pénétrer. Comme à l’assemblée nationale.

Si, plus sobrement, Valls tombe, Hollande sera sans premier ministre de rechange. Macron étant plus libéral, il se mettrait encore plus à dos sa gauche s’il le désignait. Un scénario impossible dans la mesure où il gonflerait le vote mélenchoniste en 2017. Alors quoi ? Plus rien. Plus de ligne, plus de semblant d’autorité, la porte étant ouverte à l’imprévu et d’abord à l’anarchie parlementaire.

Le système politique est verrouillé et 2017 ne sera qu’une énième redite de la part de l’oligarchie du cirque que nous ne connaissons que trop bien. Il est préférable de cultiver les ruptures et les coups de force révolutionnaires ou même d’aspect révolutionnaire.

Il y a une nuance de taille entre un allié et un ami. Soutenir la CGT, comme le fait visiblement l’opinion publique par volonté de rupture, ne signifie pas se convertir aux théories économiques de l’archéo-gauche. C’est simplement utiliser la corde de la gauche radicale pour pendre les socialistes. Une maison divisée contre elle-même ne peut tenir debout.

Ce qui ne rend pas la droite étatiste, proche des oligarques du système, plus séduisante. Mais chaque chose en son temps.

 

 

http://borislelay.com/

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