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Des députés dénoncent la tentative du gouvernement socialiste d'entraver la liberté scolaire

Tribune du député MPF Véronique Besse cosignée par 47 députés parue aujourd’hui dans Le Figaro :

Madame le Ministre,

Le 9 juin dernier vous annonciez votre intention de modifier la procédure d’ouverture des écoles privées indépendantes (sans contrat d’association avec l’Etat), en passant d’un régime de déclaration à un régime d’autorisation. Cette réforme serait adoptée par ordonnance, comme l’a prévu l’amendement du gouvernement, adopté la semaine dernière en commission, dans le cadre de la discussion du projet de loi « Egalité et citoyenneté ».

Avec cette réforme, vous entendez poursuivre la lutte contre la radicalisation. Un objectif louable et partagé par tous. Malheureusement, le moyen choisi n’est ni adéquat, ni souhaitable. Il semble évident, tout d’abord, qu’un prêcheur radical ou un djihadiste n'aille ni demander l’autorisation d’ouvrir une école, ni le crier sur tous les toits.

Par ailleurs, cette nouvelle procédure risque fort de décourager toutes les initiatives de création d’écoles. Si les écoles hors-contrat ne peuvent pas et ne doivent pas remplacer l’Education nationale, (elles ne représentent qu’à peine 60 000 élèves, sur les 8 millions d’élèves ayant l’obligation de scolarité), il n’en demeure pas moins qu’elles permettent de mettre en place des innovations pédagogiques qui participent à lutte contre les inégalités et contre le décrochage scolaire.

Nous pensons notamment à toutes les écoles Montessori ou Steiner, qui, par des méthodes pédagogiques qui ne peuvent être enseignées dans le cadre, forcément plus contraint, de l’Education nationale, permettent à de nombreux enfants de développer leur intelligence et leurs sens, à leur rythme, de façon différente. Nous pensons aux écoles régionales, ou aux écoles Espérance-Banlieues, installées dans des cités difficiles. Nous pensons également à toutes les écoles indépendantes qui garantissent un petit effectif, permettant aux enseignants d’offrir un accompagnement très personnalisé à chaque élève mais aussi à toutes celles qui perpétuent la tradition d’un enseignement rigoureux, digne descendant des écoles des hussards de la République.

Il ne faudrait donc pas que toutes ces écoles, toutes ces initiatives disparaissent ou soient considérablement ralenties, à cause d’une poignée d’écoles soupçonnées, souvent à raison, malheureusement, de radicalisme religieux. Les moyens judiciaires et administratifs de fermer ces écoles radicales existent déjà. Au gouvernement auquel vous participez de les utiliser

Plus généralement, la liberté de l’enseignement est un principe intangible, reconnu par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, ou encore par le Protocole additionnel à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Il serait donc inacceptable que ces grands principes soient amendés ou mis à mal par ce projet.

La lutte contre la radicalisation, aussi essentielle soit-elle, ne doit pas servir de prétexte à la réouverture d’une guerre scolaire, qui serait irresponsable.

Nous vous prions d’agréer, Madame le Ministre, l’assurance de notre considération distinguée.

Michel Janva

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