Ces mots sont extraits du chapitre 7 du livre de Thérèse Hargot, Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque), sorti en février 2016 chez Albin Michel. Voici un court extrait du chapitre en question, que l'on peut lire sur le blog de l'auteur :
"Ma grossesse promenait avec elle un parfum sulfureux, et scandaleux. Personne ne m’a félicité. Pourquoi ?Jeune et étudiante, il allait de soi que cet enfant n’était pas désiré.
Les regards sont moins gênés, les langues se délient quand, dix ans plus tard, j’expose la situation dans l’absolu, sans préciser que je l’ai vécue.[...]
« On est quand même à une époque où les moyens de contraception existent. Bon, les accidents, on sait tous qu’ils peuvent arriver. Mais dans ce cas, elle aurait pu avorter». Anaïs vient d’exprimer tout haut ce que tout le monde pense tout bas.« C’est vrai ce que dit Anaïs, si la contraception ne marche pas, elle n’a qu’à avorter ! » rajoute Mattéo. Leurs commentaires à tous les deux illustrent parfaitement combien dans notre tête, celle de la génération qui est née avec le droit à la contraception et à l’avortement, les deux vont de paires : l’avortement, c’est le service après-vente de la contraception. La preuve, c’est que les chiffres des interruptions volontaires de grossesses en France restent stables malgré une offre contraceptive efficace et accessible. On les connait ces chiffres, on s’est habitué. Dans nos copines qui ont avorté, toutes utilisaient plus ou moins un moyen de contraception…"