Le site sputnik a relayé cette semaine «un message (…) entre Hillary Clinton et le directeur de sa campagne présidentielle John Podesta. Mme Clinton écrit ainsi « que les USA devraient être prêts à armer l’Agence fédérale de sécurité contre le gouvernement syrien ainsi qu’à mettre la pression sur l’Arabie saoudite et le Qatar. (…) nous avons besoin d’utiliser nos atouts diplomatiques pour mettre la pression sur les gouvernements du Qatar et de l’Arabie saoudite qui fournissent un soutien financier et logistique à Daech et à d’autres groupes radicaux dans la région. Ces allégations ne sont pas nouvelles — Hillary Clinton a en fait vraiment accusé l’Arabie Saoudite et le Koweït d’avoir supporté le terrorisme dans la région plus tôt cette année -» mais le courriel écrit par Mme Clinton a été rédigé «en août 2014, juste après que la coalition US a commencé à lutter contre l’EI en Syrie, coalition dont le Qatar et l’Arabie saoudite font partie. De plus, la Fondation Clinton — une organisation à but non lucratif fondée par (…) Bill Clinton — a accepté des dons importants de la part de l’Arabie saoudite et du Qatar.»
Un sujet qui revient régulièrement dans la campagne présidentielle américaine, notamment dans les débats Hillary Clinton et Donald Trump, notamment au cours du dernier débat télévisé plutôt rude qui a opposé les deux candidats . A contrario, hormis un langage corporel mal maîtrisé, quelques regards assassins plus ou moins, furtifs, Jean-François Copé, François Fillon, Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Nicolas Sarkozy, Jean-Frédéric Poisson, candidats à la primaire de la droite et du centre réunis hier pour un premier débat, ont évité de s’écharper en public.
Certes, au nombre des remarques vachardes adressées hier à Nicolas Sarkozy, lequel a indiqué le 26 septembre sur Europe 1 qu’il «(souhaitait) la victoire d’Hillary Clinton» à la présidentielle américaine de novembre, il convient cependant de noter l’allusion de Bruno Le Maire aux amitiés (coupables) de certains avec le Qatar.
Pour le reste, nonobstant quelques vacheries entre «amis», ce débat des candidats est resté maîtrisé. D’abord parce qu’ils savent parfaitement que leur électorat ne le supporterait pas, ensuite parce qu’ils sont peu ou prou, à quelques détails près, en phase sur l’essentiel. Ou plus exactement sur la même ligne de promesses, eux qui quand ils étaient au pouvoir ont le plus souvent trahi méthodiquement les engagements.
Ce qui rend forcément douteuses et assez inaudibles les propositions et analyses formulées, notamment sur le nécessaire choc fiscal, par les candidats en question qui, à l’exception notable de NKM, la seule par ailleurs à citer le nom de Marine Le Pen hier soir, ont bien pris soin d’envoyer de signaux pour satisfaire les exigences identitaires d’un corps électoral qui s’est aussi droitisé sur le plan des valeurs.
Il convient aussi de souligner que le député des Yvelines Jean-Frédéric Poisson, président du Parti Chrétien démocrate (PCD) associé à LR est sorti du lot. Il est de loin le plus atypique par son refus d’un intégrisme laïcard qui met sur le même plan nos racines chrétiennes et l’islamisme, sa défense d’une politique familiale et d’accueil de la vie, son opposition assumée à l’Europe de Bruxelles et à l’atlantisme, son soutien au régime de Bachar el Assad, son vœu d’une alliance avec la Russie (sur ces points de politique étrangère il va plus loin que François Fillon pourtant critiqué dans son camps pour sa «russophilie») , son souhait d’un dialogue avec le FN hors de tout «cordon sanitaire».
Rappelons tout de même que M. Poisson a pu participer à ces primaires en tant que chef d’un parti autonome de LR. Il n’aurait en effet jamais atteint les critères pour s’aligner dans cette compétition -les parrainages de 250 élus d’au moins 30 départements, différents dont au moins 20 parlementaires, et 2500 adhérents sur 15 départements…
Si M. Poisson est indéniablement en phase avec les aspirations d’un assez large partie de la base de LR, Renaud Dély dans Marianne s’inquiète plus largement du sondage que l’institut Harris Interactive a réalisé pour ce magazine. « La barrière des espèces est franchie. La maladie de la droite folle se répand» (sic) indique le docteur Dély : «en cas de duel entre Marine Le Pen et François Hollande, 21% des sympathisants de la droite et du centre penchent pour la candidate d’extrême droite. Un peu plus des deux tiers d’entre eux se refusent à choisir… Et seulement 10% de ces mêmes électeurs de droite et du centre optent pour le président sortant ! ».
Autre enseignement de ce sondage, «au cas, probable, où leur camp n’aurait pas de candidat qualifié pour le second tour de la présidentielle en mai prochain, la quasi-totalité des sympathisants de gauche (92% !) refusent de choisir entre la peste sarkoziste et le choléra lepéniste. (A contrario) 45 % des sympathisants de gauche préfèrent sans hésiter voir (Alain Juppé) entrer à l’Elysée, contre 3% seulement qui penchent pour la présidente du FN. Malgré les efforts démesurés de Nicolas Sarkozy pour racoler les électeurs frontistes, ils sont à peine 31% à le soutenir en cas de duel final (improbable) face à François Hollande, soit une proportion équivalente à celle qui rallie Alain Juppé, lequel ne se livre pourtant pas à la même surenchère frontiste que son rival. Douloureuse ingratitude…» Douloureuse lucidité serait une formule autrement plus juste.
Électeurs de gauche qui peuvent aussi s’interroger sur le nouveau discours d’un François Hollande tenu devant les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme , auteurs de «Un président ça ne devrait pas dire ça…». C’est donc sciemment qu’il explique qu’ «Il y a des choses qui taraudent les Français quand), ils arrivent dans un train, ils voient des barbus, des gens qui lisent le Coran, des femmes voilées…»; souligne « l’accumulation de bombes potentielles liées à une immigration qui continue. Parce que ça continue»; affirme «qu’il y a trop d’arrivées, d’immigration qui ne devrait pas être là.» ; évoque le mythe de «Sisyphe » pour analyser le désarroi des professeurs devant l’immigration planétaire massive : «On les fait parler français, et puis arrive un autre groupe, et il faut tout recommencer. Ça ne s’arrête jamais (…). Donc, il faut à un moment que ça s’arrête.»
Un président socialiste qui, loin des propos d’estrade sur le vivre-ensemble, les joies de la société plurielle, reprend les avertissements de Jean-Marie Le Pen, il y a trente ans, les craintes actuelles du FN, de Marine Le Pen, de Bruno Gollnisch devant la montée d’un communautarisme ethnico-religieux sans cesse renforcé par les flux migratoires non européens, craint une implosion territoriale de la France : «Comment peut-on éviter la partition? Car c’est quand même ça qui est en train de se produire: la partition.»
Il en va bien sûr de M Hollande, comme des frères ennemis de LR, leurs postures, leurs (in)sincérités successives, variables et antinomiques – on ne démêle le faux du vrai qu’une fois qu’ils se sont fait élire et toujours au détriment des Français - est proprement insupportable pour tout observateur un peu sérieux de notre vie politique. Alors oui, pour la France, il faut à un moment que ça s’arrête!